Les chimpanzés sauvages sont au bord de l’extinction. Selon les scientifiques, leur habitat se réduit aujourd’hui à de simples îlots coupés de leur environnement.
Le morcellement de l’habitat des chimpanzés provoque une « insularisation » générale des populations
Cela fait déjà quatre décennies que les primatologues étudient et protègent les chimpanzés sauvages, notamment au sein du Parc national Taï, en Côte d’Ivoire. Une quarantaine d’entre eux, se sont retrouvés en mai dernier à Leipzig, en Allemagne pour partager leurs expériences.
Et leur constat, rendu public dans un communiqué de l’Institut Max Planck(1) est clair : nos plus proches cousins sont en train de disparaître de la surface de la terre, car leur habitat est peu à peu détruit.
Bien que travaillant dans huit pays différents, les conclusions des chercheurs sont partout les mêmes : on constate une « insularisation » générale de la situation des chimpanzés sauvages, de plus en plus isolés de leur environnement naturel direct.
Les raisons en sont claires : le développement des terres agricoles, la croissance des implantations humaines, et la transformation des forêts en champs. Pour les scientifiques, les chimpanzés sauvages en sont réduits à vivre dans des « ghettos forestiers ».
Tout a changé en l’espace de 40 ans pour les chimpanzés sauvages
Les témoignages des chercheurs concordent en tous points à ce sujet, Pour Anne Pusey, qui a passé 40 ans au sein du parc national de Gombe, en Tanzanie, « depuis que j’ai commencé à y travailler, le parc est devenu une petite île entourée de nombreuses fermes, ce qui a entraîné la disparition de deux des trois communautés vivant dans le parc, et leur disparition totale à l’extérieur ».
Pour Christophe Boesch, qui a travaillé lui aussi 40 ans, mais au sein du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, « il y a 40 ans, nous devions rouler 100 km sur une piste pour atteindre les limites du parc, voir la forêt sauvage et atteindre notre campement pour avoir une chance d’observer et d’entendre les chimpanzés. Aujourd’hui, le braconnage est une menace constante pour la population, et nous craignons constamment de perdre l’un des membres des groupes que nous connaissons ».
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Une vraie question de survie
C’est pourquoi tous ces chercheurs lancent un appel à préserver plus encore cette espèce en danger de disparition imminente. Comme l’a dit le grand anthropologiste Irven DeVore, « si, dans l’espace, on découvrait une créature partageant avec nous 98 % de son patrimoine génétique, imaginez les sommes que nous dépenserions pour étudier cette espèce. De telles créatures existent sur terre, et nous les laissons s’éteindre ». C’est pourquoi, il faut protéger les populations de chimpanzés connues avant qu’il ne soit trop tard, et consacrer plus d’argent à l’étude de leur comportement et à leur sauvegarde, afin de comprendre leur diversité tant que c’est encore possible.
Comme le souligne Crickette Sanz, qui travaille depuis quatre décennies au sein du Triangle de Goualougo, en République du Congo, « quand nous sommes arrivés pour la première fois dans la forêt Ndoki, les chimpanzés nous approchaient avec curiosité, comme si nous étions les premiers humains qu’ils aient jamais rencontrés, et ils semblaient nous faire confiance. Aujourd’hui, avec l’arrivée des braconniers d’éléphants, on voit clairement qu’ils ont changé de comportement. Leur survie en dépend ».
Pour aider les primates au Congo, participez à la cagnotte ESI Congo et/ou signez l’appel pour sauver les grands singes