Depuis que vous savez que l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde, que vous avez frémi devant le scandale du Rana Plaza, vous achetez des vêtements d’occasion. Excellent choix, mais méfiez-vous de ne pas vous retrouver dans les travers de la fast fashion. Les applis de mode seconde main savent comment vous faire consommer toujours plus !
Acheter des habits d’occasion : comment être plus responsable ?
La vente de vêtements de seconde main a connu une véritable renaissance avec Internet. Autrefois cantonnés aux friperies poussiéreuses, les habits d’occasion sont à présent peu chers, ultra-faciles d’accès et à la pointe de la mode. En 2018, 16 % des Français ont acheté un habit d’occasion ; ils étaient le double l’année suivante.
La plateforme Vinted est accusée de pousser à la surconsommation © Boumen Japet/ shutterstock
Les sites et applis de mode seconde main y sont pour beaucoup. En tête de l’achat-revente d’habits d’occasion, on retrouve bien sûr Vinted. D’après l’Institut Français de la Mode, les membres français de Vinted ont réalisé 800 millions d’euros de ventes en 2019, et 1,3 milliard d’euros en 2020, avec un bond dû au confinement.
Éviter de replonger dans les travers de la fast fashion
Il est en effet très facile de trouver et d’acheter des habits sur Vinted : un clic, la personne envoie le colis, vous le recevez près de chez vous… cela rend l’acte d’achat très simplifié. Mais la plateforme utilise tous les codes de l’Internet 2.0 pour rendre ses utilisateurs accro : multiplication des notifications, incitation à la vente… et nous pousse finalement à surconsommer.
L’association Zero Waste France, dans le cadre de son défi Rien de Neuf, qui incite les consommateurs à acheter d’occasion, avait identifié Vinted en tant que plateforme pour l’achat d’habits d’occasion. Mais sa directrice, Flore Berlingen, a vite changé d’avis quant à la plateforme : « par son interface, Vinted pousse les utilisateurs à être dans l’achat compulsif et c’est éminemment contradictoire avec l’enjeu écologique, qui impose avant tout de se poser la question : “Est-ce qu’on en a vraiment besoin” ? » indique-t-elle à Reporterre.
La question de la provenance des habits pose également question. Trouvez-vous vraiment écolo de faire venir par Colissimo quelques habits qui viennent du sud de l’Espagne, d’Italie, du Portugal ou des Pays-Bas ? L’appli Vinted couvre en effet une dizaine de pays européens. On se retrouve alors parfois avec des habits qui ont fait des milliers de kilomètres et qui ne nous vont pas vraiment, faut d’avoir pu les essayer.
Un reproche que l’on peut également adresser aux friperies traditionnelles. Les dirigeants de friperies achètent en effet des balles de vêtements, sans se soucier de leur provenance. Certains habits proviennent ainsi des États-Unis, du Canada ou même d’Australie, avant d’arriver en magasin.
Comment acheter des habits d’occasion et rester écolo ?
Tentons de rester un peu cohérents alors par rapport à notre achat d’habits et de chaussures, même d’occasion. Comme le propose Flore Berlingen, on se pose toujours d’abord la question : « en ai-je vraiment besoin ? » Le problème réside en effet dans l’accumulation d’habits que l’on ne met finalement pas.
Si vous souhaitez acheter des habits de seconde main en ligne, privilégiez les utilisateurs qui se trouvent près de chez vous et le remise en main propre. Vous éviterez ainsi la multiplication des emballages, des transports, et de cautionner les sociétés de transport qui traitent souvent leurs employés de manière peu éthique. Une alternative souvent plus facile sur Le Bon Coin que sur Vinted, qui a purement et simplement supprimé le critère de géolocalisation !
Si vous achetez en friperie, renseignez-vous sur la provenance des habits. Privilégiez les réseaux solidaires comme Emmaüs ou les Vestiboutiques de la Croix-Rouge, qui revendent les habits généralement issus de dons locaux, et dont les bénéfices sont reversés à des fins solidaires. Prenez le temps d’essayer vos habits avant de les acheter, afin d’être sûrs qu’ils vous conviennent.
Certains vêtements peuvent parcourir des kilomètres avant de se retrouver dans une friperie © seeshooteatrepeat
Et surtout, évitez d’acheter de manière compulsive, si vous avez déjà plusieurs paires de baskets du même genre, ou de sacs, posez-vous vraiment la question du besoin. Faites vivre le plus longtemps possible les habits que vous possédez déjà, si besoin en ayant recours à la couture ou aux détachants, pour allonger leur durée de vie.
Pour vos vêtements les plus chers, blousons ou pantalons, choisissez plutôt des habits solides et basiques, dont vous ne vous lasserez pas au bout d’une saison. Sur le modèle de Béa Johnson, réduisez votre garde-robe à l’essentiel. Cinq pantalons, cinq pulls, deux manteaux, représentent une panoplie suffisante !
