Jamais la France n’aura autant hébergé de sans-abris a déclaré Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée au Logement. Hébergement d’urgence, trêve hivernale et autres solutions ont été mises en place, mais est-ce suffisant ?
En France, 300.000 personnes n’ont pas de domicile
Pauvreté et Covid-19 font malheureusement bon ménage et le nombre de personnes qui dorment dehors est assez affolant. Selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, en France, au moins 300.000 hommes, femmes et enfants n’ont pas de domicile. « Parmi eux, 27.000 seraient sans-abri, 180.000 en hébergement généraliste, 100.000 hébergés dans le dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile ».
Concernant les sans-abris, Emmanuel Wargon a affirmé le mardi 2 février 2021 sur le plateau de BFMTV que la France n’en avait « jamais autant hébergé […] qu’en ce moment ». Selon la ministre déléguée au Logement, « On est passés d’environ 140.000 personnes hébergées chaque nuit à presque 190.000 ». « On a commencé début 2020, au moment du premier confinement, à partir de mars, et nous avons continué à ouvrir des places tout au long de l’année 2020. J’en ai ouvert encore 20.000 entre octobre et décembre » poursuit la ministre.
👉État du #MALLOGEMENT en France, tous les chiffres clés ⤵️ pic.twitter.com/xmHWqrjVd1
— FondationAbbéPierre (@Abbe_Pierre) February 2, 2021
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Report de la trêve hivernale
Le fait que la France n’ait jamais accueilli autant de sans-abris est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle car cela montre que l’on poursuit les efforts afin de donner un toit à chacun et une mauvaise nouvelle car cela signifie aussi que la pauvreté ne recule pas en France, au contraire.
Par ailleurs, même si les sans-abris ont un endroit où dormir, il ne s’agit pas d’un logement pérenne mais bien d’un accueil d’urgence.
Autrement dit, le problème n’est pas complètement réglé. Selon Manuel Domergue, directeur des études au sein de la Fondation Abbé Pierre, « Le gouvernement dépense de plus en plus pour l’hébergement d’urgence mais coupe dans les budgets des APL et des logements sociaux, alors que ce sont des solutions pérennes aux problèmes de logement », rapporte 20 Minutes.
Hormis accorder plus d’argent à l’hébergement d’urgence, le gouvernement a aussi repoussé la trêve hivernale. Elle « prendra fin le 1er juin au lieu du 1er avril » a annoncé aux Parisiens Emmanuelle Wargon le 1er février 2021. Cela permettra aux personnes qui risquent de se faire expulser de gagner deux mois de répit. Pour les propriétaires de ces logements, c’est plutôt une mauvaise nouvelle car cette mesure signifie que les expulsions locatives sont ajournées. C’est pourquoi, le fonds d’indemnisation des propriétaires-bailleurs victimes d’impayés sera augmenté.
Mais pour l’association Droit au logement, c’est reculer pour mieux sauter : elle craint un « tsunami social » et demande que 2021 soit une année blanche des expulsions de logements craignant que le chiffre de cette année s’élève à plus de 35.000 à cause de la crise sanitaire et des impayés de loyer(1).
Nous hébergeons près de 200 000 personnes sans-abri chaque jour, et nous agissons pour favoriser leur accès à un logement pérenne.
➡️ Tout comprendre sur le programme #LogementDAbord, qui a permis à 235 000 personnes à la rue ou hébergées d’accéder à un logement depuis 2018.👇 https://t.co/4jdEeUUfnO
— Emmanuelle Wargon (@EmmWargon) February 2, 2021
Trouver des solutions pérennes
Encore une fois, le report de la trêve n’est pas une solution pérenne et ne fait finalement que reculer l’échéance. Il faut donc réfléchir à d’autres solutions comme l’encadrement des loyers par exemple.
Des solutions qu’il est urgent de trouver puisque, dans une étude de l’Unicef publiée en septembre 2020, sa directrice, Henrietta Fore, annonçait une aggravation de la situation à l’échelle mondiale. Elle faisait notamment remarquer qu’en France, 1.400 enfants ont dormi dans la rue la veille de la rentrée des classes. Un chiffre insoutenable en 2021.