Bonne nouvelle : une mission sénatoriale se penche sur le métier d’herboriste et la filière des plantes. Un travail qui pourrait déboucher sur une proposition de loi.
Un engouement pour les plantes médicinales
C’est un fait : les plantes médicinales passionnent de plus en plus les Français. Assisterait-on au grand retour de la médecine naturelle ? Un retour aux méthodes finalement ancestrales, et logique quand on pense que 70 % de la pharmacopée contemporaine vient directement du monde végétal.
Conséquence directe de cet engouement, les plantes médicinales représentent un marché très porteur de pas moins de 3 milliards d’euros, entre santé et beauté. Mais le sujet est plus large encore, touchant également à l’alimentation, à la médecine vétérinaire et même à la protection des cultures.
39 propositions pour une filière
C’est pourquoi une Mission d’information sur le développement de l’herboristerie et des plantes médicinales, des filières et métiers d’avenir a été créée en avril dernier au Sénat, à l’initiative du groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). Le 25 septembre, une fois fini d’entendre des centaines de professionnels de la filière (producteurs, cueilleurs, herboristes, pharmaciens, médecins…) un rapport final a été adopté par cette mission. Présenté par Joël Labbé (RDSE, Morbihan), il compte pas moins de 39 propositions articulées autour de trois axes : réglementation, développement de la filière, plantes médicinales dans le système de santé.
Premier chantier d’envergure pour le secteur : le cadre réglementaire, à la fois complexe et inadapté, car extrêmement segmenté. Quid des plantes multi-usages, entre celles classées comme médicament, plante médicinale, biocide, cosmétique voire denrée ? Un véritable casse-tête juridique et administratif pour de nombreux producteurs amateurs de circuits courts et voulant commercialiser leur production en direct.
Métier d’herboriste et plantes « Plante de France »
Reste également à véritablement recréer le métier d’herboriste, supprimé en 1941 par le non-renouvellement du certificat validant sa pratique. En effet, ceux qui disent exercer cette profession aujourd’hui le font à la frontière de la légalité, la vente des plantes médicinales dans un but thérapeutique relevant en effet des seuls pharmaciens. À l’exception de 148 plantes dites « libérées », car également à usage alimentaire. La piste étudiée par la mission : que l’herboriste ne s’intéresse qu’au bien-être ou au mieux-être, et n’intervienne ni dans le diagnostic ni dans la thérapie. Une charte éthique pourrait ainsi définir les rôles de chacun.
Les 27 membres de la mission proposent également de soutenir la filière, et même de créer un label « Plante de France ». Les sénateurs préconisent ainsi de soutenir cette « filière de qualité à haute exigence environnementale », d’arriver à 50 % de surface agricole utile (SAU) bio d’ici 2025 (contre 13,5 % à l’heure actuelle), de renforcer les aides à la conversion ainsi que de poser une stratégie de développement pour l’outre-mer.