Non, les HLM ne ressemblent plus à ces barres impersonnelles, aujourd’hui tombées en décrépitude. Le troisième millénaire est passé par là, et avec lui ses impératifs écologiques et sa kyrielle de normes et labels. Partout sur le territoire, depuis une quinzaine d’années, les offices d’HLM (Habitation à loyer modéré) se sont donc adaptés.
HLM : le logement social en première ligne
Plusieurs séquences politiques ont poussé les bailleurs sociaux à se tourner vers ces bâtiments plus écologiques. Dès 2009, le gouvernement français met un coup d’accélérateur avec le Grenelle de l’environnement. Objectif : faire se rejoindre directives ministérielles, normes imposées et développement de filières prometteuses pour l’avenir (bois et béton principalement).
Le rapport Rocard préconise alors la création de la Contribution climat énergie (CCE) afin que la France tienne ses engagements et respecte le « facteur 4 », soit une baisse de 75 % des émissions en CO2 dans les 40 prochaines années. Un mot d’ordre pris au pied de la lettre par les bailleurs sociaux qui se sont vite tournés vers des entreprises locales et ouvertement vertes.
Des chiffres qui écartent tout doute
12.400 logements sociaux ont été vendus en 2015, près de 17 milliards d’euros sont investis dans l’économie chaque année. Un marché énorme.
Les logements sociaux construits ces dix dernières années respectent la norme HQE (Haute qualité environnementale), afin de réduire leur impact sur l’environnement. Des agglomérations comme Nantes ou Angers ont été des précurseurs en termes de HLM verts, avec des petites unités, bien loin des barres des zones urbaines sensibles (ZUS). À Paris, plusieurs HLM passifs (label BBC, basse consommation) sont sortis de terre. Le premier HLM à énergie positive a quant à lui été inauguré en 2013 dans le 11e arrondissement. Cet ensemble résidentiel de 17 logements produit donc davantage d’énergie qu’il n’en consomme. Une révolution certes, mais encore timide.
Lire aussi : La première tour de logements à énergie positive au monde va être construite à Strasbourg
L’Union sociale de l’habitat (USH) a bien saisi les enjeux de cette nouvelle ère. En 2016, son président Jean-Louis Dumont a signé avec l’État une charte d’engagement dans la démarche France énergie carbone (FEC), engageant tous les offices HLM fédérés par l’USH à expérimenter durant les trois prochaines années le nouveau référentiel de la Performance environnementale du bâtiment neuf (PEBN), avec une accélération du processus d’ici 2020. Les HLM de France ne font pas que prendre le train en marche : ils font donc partie des wagons de tête.
En 2016 toujours, le gouvernement a souhaité mettre la barre encore un peu plus haute concernant les réglementations. Avec un but simple : dépasser la fameuse RT2012 (réglementation thermique de 2012) et surtout anticiper la RT2020 et la généralisation des bâtiments à énergie positive (BEPOS). En novembre 2016, les ministres Ségolène Royal et Emmanuelle Cosse ont ainsi lancé le label Energie-Carbone (E+C-), un vrai défi technique car il demande de concilier performance thermique et sobriété carbone. Un geste a donc été fait en faveur des bailleurs sociaux souhaitant se lancer dans la construction de bâtiments à énergie positive, avec de nouvelles aides financières.
Exigences des labels et réalité du terrain
Si le surcoût au moment de la construction varie de 5 à 10 %, ces labels sont devenus de véritables arguments de vente dans une société française de plus en plus soucieuse de son environnement. Les exigences liées à ces labels ont aussi mené les entreprises de construction à repenser l’architecture, la taille et la pérennité des bâtiments, ainsi que les matériaux utilisés.
Car avant de vendre, il faut construire. Les professionnels du BTP ont donc repensé leur rapport aux matériaux de construction. La production de matériaux traditionnels (acier, béton, plastique, aluminium, verre…) a toujours été très gourmande en CO2, et ne correspond pas au nouveau cahier des charges. Ce constat technique a par exemple, relancé en France la filière bois, matériau de substitution très prisé par les constructeurs de maisons vertes. Sa production nécessite peu d’énergie fossile, son pouvoir thermique fait de lui un très bon isolant. Là encore, certaines PME françaises ont fait des merveilles, en jouant chacune sur leurs spécificités locales.
Lire aussi : PEFC, FSC : suivez les labels pour encourager la production de bois durable
Des exemples concrets d’acteurs innovants
Après Nantes et Angers, direction l’Est de la France. En 2014, l’office HLM Le Toit Vosgien a fait confiance à une entreprise locale, ASP Architecture, pour la construction d’un immeuble de 8 étages en bois (avec isolation en paille). Son président Jean-Marc Gremmel expliquait alors que les économies d’énergie pour les foyers représentaient un SMIC par an, alors que les coûts de construction étaient restés stables. Même son de cloche chez l’entreprise Green Home qui développe près d’Angoulême des logements sociaux à basse consommation, mêlant bois et béton, matériaux ultra isolants, triple vitrage et toit végétalisé. Un gain non négligeable selon ses concepteurs, selon qui la facture énergétique (chauffage et eau chaude) se limiterait pour les locataires à moins de 200 euros par an.
Outre le bois, d’autres matériaux offrent des performances thermiques idéales pour répondre aux appels d’offre. C’est le cas par exemple du polyuréthane, un matériau composite utilisé par la société Drômoise Logelis. Ce matériau respecte la certification NF Habitat HQE et s’inscrit naturellement dans la construction de bâtiments passifs, ainsi que dans celle plus complexe de bâtiments à énergie positive, le tout pour un coût de construction de 20 à 30 % inférieur à celui d’une construction traditionnelle. « Ce tarif compétitif nous permet de répondre aux demandes des bailleurs sociaux qui travaillent souvent à flux tendus. Ainsi, nous répondons aux besoins de marchés auxquels la construction traditionnelle ne peut répondre pour l’instant », indique le fondateur de Logelis, Renaud Sassi.
Celui-ci, d’ailleurs, n’hésite pas à vanter l’intérêt social de cette technique de construction : « que peut-on faire pour la construction de demain ? La clef se trouve selon nous dans l’industrialisation qui permet de faire baisser les coûts. Il s’agissait notamment de trouver des solutions aux difficultés en matière de logement ».
Les solutions qui s’offrent aujourd’hui aux bailleurs sociaux sont nombreuses. La tendance actuelle de construire des résidences à dimension humaine, respectant les normes environnementales exigeantes, correspond également au développement d’entreprises locales. Une concordance d’intérêts très prometteuse.