Le bois est partout dans notre vie quotidienne et accompagne l’homme depuis des millénaires. Imaginons un monde sans bois. Pas de charpentes ou de planchers, de portes ou de fenêtres, pas de meubles et rien à lire dans les bibliothèques : une ruine inhabitable.
L’incendie de Notre Dame nous a fait nous tourner vers le passé : jusqu’au XVIe siècle, exceptés les églises et quelques monuments en pierre, la quasi-totalité des constructions étaient en bois. Sans bois, il n’y aurait eu ni abri, ni feu, ni cuisson et aujourd’hui très trivialement pour tout un chacun : pas de papier toilette.
Quel rôle pour la forêt dans la transition écologique en France ?
Jusqu’à l’arrivée des combustibles fossiles, en commençant par le charbon, il y a à peine trois cents ans, le bois était indispensable à la réalisation des poteries, des céramiques, des métaux et du verre, et à la construction de salines loin des rivages.
Pour produire tout cela, il fallait une énergie considérable que seul le bois pouvait fournir. L’expansion démographique se fit aux dépens des forêts : pour chaque million d’habitant supplémentaire, un million d’hectare de forêts disparaissait pour fournir des terres cultivables.
Ce déclin continu de la forêt française faillit lui être fatal. Au début du XIXe siècle, il ne restait que
huit millions d’hectares boisés en bien piteux état, un quart était même presque vide d’arbres.
La grande transition forestière
Heureusement, se produisit alors, la grande transition forestière. Les progrès de l’agriculture, une
administration forestière enfin efficace et l’arrivée des combustibles fossiles firent baisser la pression sur la forêt qui peu à peu se reconstitua, accompagnant l’exode rural.
Aujourd’hui, il y a 17 millions d’hectares de forêt en France et cette surface continue de s’étendre spontanément à raison de 100.000 ha par an.
Si nous avons cessé de détruire les forêts de France, il n’en va pas de même pour les forêts tropicales. Nous utilisons du soja et de l’huile de palme – soit directement soit à travers l’élevage et
les agro-carburants – alors même que ces productions sont responsables chaque année de la destruction de millions d’hectares supplémentaires de forêt primaire. Nous déforestons la planète
pour remplir nos assiettes et nos réservoirs.
L’usage inconsidéré des énergies fossiles nous conduit à un péril immense : le changement climatique. Les forêts en sont les victimes, mais elles constituent aussi une solution par l’absorption et le stockage de gaz carbonique et par l’utilisation de bois au lieu de béton ou de plastique.
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Le bois, une ressource renouvelable à traiter avec respect
Le bois est moins émetteur, recyclable et réutilisable pour produire de l’énergie en fin de vie ainsi que pour valoriser les sous-produits de la sylviculture et de l’industrie du bois. Pour autant, le bois et les forêts sont loin d’être la solution miraculeuse qui nous permettrait de conserver le même modèle de développement et de consommation.
En effet, il n’est pas envisageable de continuer de rouler en 4X4 et de prendre l’avion pour partir en week-end, et de s’arranger avec sa conscience et le regard des autres en plantant quelques arbres. On n’en est plus là !
Le bois est renouvelable, mais il ne l’est ni instantanément, ni infiniment. La forêt est fragilisée par les changements climatiques et les forestiers doivent en tenir compte pour la rendre résiliente aux chocs climatiques et sanitaires qui augmentent rapidement. On ne peut à la fois augmenter infiniment le stockage du carbone en forêt et la récolte de bois, tout en conservant la biodiversité et les paysages : le dosage est délicat et les incertitudes nombreuses.
Face aux changements climatiques, à l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et à la dégradation des écosystèmes, ce n’est pas en appliquant à la forêt des méthodes d’exploitation intensive au service d’une consommation sans frein que l’on trouvera une solution aux impasses actuelles. Au contraire, on ne ferait que les aggraver.
Quelle forêt voulons-nous pour aujourd’hui et pour demain ?
La forêt est bien plus qu’une usine à bois ou une pompe à carbone. Sur moins d’un tiers de la France métropolitaine, elle abrite la majorité de la biodiversité du territoire. Elle régule également les régimes des eaux, enjeu essentiel du futur.
C’est aussi un patrimoine national, un bien commun auquel les Français et les propriétaires forestiers sont très attachés. La forêt fait partie de notre imaginaire collectif, nous ne vivons pas que de pain et d’énergie : nous avons besoin de lumière, de nourriture de l’âme et du coeur. Nous avons besoin d’en rêver, d’y aller pour nous ressourcer et nous connecter avec la nature, sentir que nous en faisons partie.
Du bois, du rêve, de la nature ; la forêt est tout cela à la fois et c’est tout l’enjeu de son avenir et de sa gestion. Quelle forêt voulons-nous pour aujourd’hui et pour demain ?
Les mesures concrètes proposées par La Fabrique Écologique
La Fabrique Écologique, comme à son habitude, s’est posée sur cette problématique de la gestion durable de la forêt, qui nécessite une réflexion profonde et d’ampleur nationale.
Dans sa dernière note, elle propose 3 mesures fortes et concrètes(1) :
- « Privilégier les solutions fondées sur la nature, en préservant, restaurant et améliorant la gestion des écosystèmes ».
- « Rendre incontournable des plans de gestion collective pour la forêt privée, afin de mettre en place une gestion productive sylvo-ecologique et multifonctionnelle des 40 % de la forêt qui ne sont toujours pas gérés ».
- « Faire bénéficier la forêt et la filière de transformation des financements de la transition écologique et des crédits carbone, permettant d’y investir chaque année 3 à 4 milliards d’euros ».
Quand la Note de la Fabrique Ecologique place en premier objectif de mettre la forêt au coeur des transitions écologiques, elle parle autant de techniques et de chiffres que d’émotions et de représentations et de conservation de la nature.
Bonjour,
Avec le livre « LA VIE SECRETE DES ARBRES » que j’ai lu j’ai appris beaucoup de choses sur les forêts et surtout leur importance.
Maintenant, je supporte de moins en moins que quelqu’un mette la main dans une forêt.
Il ne faut pas gérer les forêt. La gestion actuelle des forêt incite à les éclaircir. C’est une grosse erreur, car on ne laisse pas aux arbres le temps de vieillir. Or plus ils vieillissent, plus ils sont efficace. Les arbres n’ont pas besoin de l’homme pour gérer les forêts. L’homme les fragilise.
Ps : Je vous recommande fortement ce livre.