La sixième extinction de masse est déjà en cours. On le savait depuis 2015, quand une étude publiée dans le magazine Science Advance pointait le rôle de l’Homme dans cette extinction massive des espèces. Or le mécanisme d’extinction est encore plus rapide que ce qui avait été constaté, pointe une nouvelle étude.
Extinction des espèces : l’Homme responsable d’un « anéantissement biologique »
En juillet 2017, une première étude, parue dans les Proceedings of the National Academy of Sciences(1) utilisait déjà les termes alarmants d’ « anéantissement biologique ». L’extinction de masse se produit à un rythme sans équivalent depuis la fin des dinosaures, il y a 66 millions d’années.
Une nouvelle étude, publiée dans le même journal le 1er juin 2020 par la même équipe de biologistes et chercheurs(2), estime que ce sont 515 espèces de vertébrés terrestres qui sont sur le point de s’éteindre et vont probablement disparaître d’ici une vingtaine d’années. Les chercheurs craignent que celles-ci n’entraînent dans leur disparition d’autres qui vivent à proximité…
L’extinction des espèces accélère en nombre d’animaux et en étendue
Dans cette étude, les chercheurs ont mis l’accent non plus sur la disparition des espèces, mais sur le déclin des groupes d’animaux sur un territoire. Même sur les espèces non classées en voie d’extinction, la disparition des populations est massive. « Qu’autant d’espèces communes [NDLR : de ce qu’on appelle la biodiversité ordinaire] voient leurs effectifs diminuer est un signe fort de la gravité de l’épisode d’extinction biologique actuel », analyse l’un des chercheurs, Gerardo Ceballos.
Au cours du dernier siècle, des milliers d’espèces en danger ont disparu du fait de l’activité humaine (que ce soit directement ou indirectement), et ce phénomène, aussi irréversible qu’inéluctable, continue de s’accélérer.
L’étude de 2017 a montré que sur un échantillon de 27.600 espèces de vertébrés, 32 % d’entre elles étaient en déclin. Sur les 177 mammifères observés, tous ont perdu 30 % ou plus de leur territoire géographique et 40 % des espèces ont décliné à plus de 80 % en nombre. À titre d’exemple, 43 % des lions ont disparu depuis 1993.
Les derniers travaux, qui ont étudié le statut de plus de 29.400 espèces de vertébrés terrestres sélectionnées à partir des données de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), visaient à dénombrer celles qui comptent moins de 1.000 individus – nombre à partir duquel on estime qu’une espèce est vouée à l’extinction : en effet, à l’échelle d’un siècle, 94 % des espèces ayant atteint un tel seuil se sont finalement éteintes.
Sur ce total, les chercheurs ont défini 515 espèces répondant à ce critère, et parmi elles, plus de la moitié comptent moins de 250 individus.
Si cela représente seulement 1,7 % de l’échantillon, cela correspond en réalité à un quart des espèces pour lesquelles des données de répartition et de population exhaustives sont disponibles.
Au cours du XXe siècle, ce seraient plus de 237.000 groupes d’individus appartenant à ces 515 espèces qui ont été éliminés de la surface de la Terre.
Les oiseaux, comme le troglodyte de Clarion (B), sont les premiers touchés, puis viennent les amphibiens comme la grenouille arlequin (D), les mammifères comme le rhinocéros de Sumatra (A) et les reptiles , à l’instar de la tortue géante des Galápagos (D) !
Les scientifiques estiment que sans la destruction humaine des milieux sauvages, cette disparition d’un nombre aussi important d’individus aurait pris des milliers d’années…
Les causes de ce recul ?
La perte du territoire des espèces sauvages, au détriment de l’agriculture, de l’élevage, des activités minières et des zones urbanisées. Viennent ensuite les pollutions aérienne, marine et terrestre qui détraquent les variables environnementales comme la température, le pH de l’eau ou les précipitations. Sans oublier la surexploitation des espèces (braconnage, chasse, pêche) et la propagation de maladies ou champignons, transportés d’un habitat à un autre lors des déplacements de personnes et de marchandises.
Et les conséquences ?
« L’érosion des espèces entraîne de graves conséquences en cascades sur l’ensemble des écosystèmes, ainsi que des impacts économiques et sociaux pour l’humain ». Ainsi, il ne s’agit pas uniquement d’une disparition d’animaux à déplorer, mais d’une espèce faisant partie d’un ensemble global, qui met en danger l’équilibre du vivant.
L’espèce humaine pourrait elle-même est directement menacée par le bouleversement des écosystèmes, comme on s’en apercevoir en ces temps de crise sanitaire. Paul Ehrlich, professeur à l’Université de Stanford, auteur principal de l’étude qui avait déjà alerté sur l’imminence de ce phénomène en 2015, explique : « Lorsque l’humanité extermine d’autres créatures, elle coupe la branche sur laquelle elle est assise, détruisant des parties essentielles du système qui permet le maintien de la vie sur Terre ».
D’après les biologistes et chercheurs qui ont mené cette dernière étude, la destruction des habitats, la pollution, la croissance démographique et le réchauffement climatique sont les principaux responsables de l’érosion dramatique de la biodiversité. Il faudrait donc que les gouvernements, les institutions nationales et mondiales, mettent la conservation des espèces menacées au même rang que l’urgence climatique, car ces deux problèmes forment un tout ! Et que la vente d’animaux sauvages soit interdite par la mise en place d’un accord international réellement contraignant.
Pour conclure, Peter H. Raven, botaniste et écologiste co-auteur de l’étude, rappelle : « C’est à nous de décider du monde que nous voulons laisser aux prochaines générations. Nous pouvons choisir entre un monde durable ou un monde dévasté, dans lequel la civilisation détruit plutôt qu’elle ne s’inspire de ses succès passés ».
« Le temps est venu de nous rappeler que c’est bien la biodiversité qui nous nourrit, que c’est elle qui nous soigne, que c’est elle qui nous protège. » — @N_Hulot, Président de la @FondationNH
Il est temps d’agir #PourLaNature#JournéeMondialeDelEnvironnement pic.twitter.com/uFFAGghwKd
— Programme des Nations Unies pour l’environnement (@UNEP_Francais) June 5, 2020
Article mis à jour et republié
Bon article pour faire le point sur le sujet, bravo.
Tout en alertant sur les extinctions (et l’impact anthropogène majeur sur la biodiversité), il ne s’agit ni de dénier ni déculpabiliser (que l’Homme ne serait en fait pas le plus responsable de ces extinctions d’espèces), ni d’aller dans le défaitisme ou résignation (que l’Homme serait incapable/l’économie rend impossible de réduire considérablement notre empreinte néfaste sur la biodiversité).
Il a suffit par ex d’une réglementation pour ‘reboucher’ le trou de la couche d’ozone.
Pour la biodiversité (et commençons par l’animale, car ca parle plus aux gens, et ca draine la végétale souvent aussi), il suffirait déjà d’accepter ne pas continuer de coloniser toujours plus d’espace, et même en rétrocéder à la Nature, cad statuer plus de réserves biologiques. Avec le réchauffement climatique les espèces auront besoin de plus d’espace vital, nous humains en consommons pour piller le bois, les énergies fossiles,… pour des besoins non vitaux (créer de la croissance continue, du confort, du loisir,…). Un frein démographique aussi!
bonjour je pense que tout cela est très triste dommage pour vous moi perso je suis un alien donc je men fous
Enchanté, vous venez de quelle planète ? Nous nous venons de Saturne.
Je déteste que’on fasse du mal au animaux mais les faire dîparaitre!???
@Rémi Moritz dit :
L’espace utilisé pour faire pâturer le bétail est en effet principalement prélevé sur la nature sauvage, mais c’est le cas de la totalité des terres agricoles depuis que l’Homme n’est plus chasseur cueilleur.
Et c’est parce qu’il était chasseur, justement, qu’il est devenu éleveur, et cultivateur parce qu’il était cueilleur.
Donc l’espace utilisé par l’Homme est pris sur l’espace des autres espèces, et malgré l’effort de productivité réel, il en prend plus que sa part du seul fait d’une urbanisation extensive.
Penser qu’il suffirait de devenir végane pour sauver la planète est insatisfaisant, car une part de l’élevage dans nombre de pays permet une économie circulaire efficace (les poules et les porcs consomment des déchets alimentaires, les poissons enrichissent les rizières…). Et de plus, nombre de prairies n’étaient pas colonisées par des herbivores.
C’est bien le nombre d’humains qui est aujourd’hui problématique.
Le véritable remède à l’érosion des espèces est de leur restituer de l’espace vitale à la hauteur de leurs besoins.
Pour cela, l’humanité doit restituer de l’espace aux autres espèces et consécutivement réduire drastiquement son propre espace vital en réduisant tout aussi dramatiquement sa population.
La solution n’est pas forcément de réduire la population humaine. Quand on sait qu’une grosse partie des terres arables (80%) servent à nourrir le bétail qui nourrit à peine 21% de la population humaine…
En plus, maintenant, on cultive pour faire du carburant. Gros gaspillage, non ?
Un petit effort et nous pouvons réduire notre empreinte écologique de moitié, laissant de la place aux autres espèces.
Depuis 300 ans que l’Homme explore le Monde scientifiquement, il constate la disparition de nombreuses espèces.
Faire croire qu’il y a plus de disparitions aujourd’hui et parler d’extinction massive pour quelques espèces qui peinent à coexister avec l’Homme (qui occupe de plus en plus de place sur Terre et impose donc toujours plus de restriction aux autres espèces) me semble vraiment disproportionné.
Chaque fois que la décision a été prise à temps, les espèces en danger ont été sauvées. Il n’est donc généralement pas trop tard.
Va-t-on bientôt nous accuser (nous, humains du moment) de la disparition du mammouth et du rhinocéros laineux ?
Et c’est sans compter du silence assourdissant de la découverte quasi permanente de nouvelles (vraiment nouvelles) espèces
Cela étant précisé, il faut évidemment tenter de sauver les espèces menacées et leur ménager un espace vital à la mesure de leurs besoins.
Et songer aussi à considérer qu’il faudra honnêtement inciter l’humanité à réduire ses effectifs avant que la nature (ou lui-même !) s’en charge.
Les plus ubiquitaire sont le plus en danger. Suivi de celle qui atise les convoitises. Mais il y a très peu de chance que l’on inverse quoi que se soit. Les gens vont allez sur les plages avec en guise de poisson des boutèlles en plastique. Il ne pense qu’a acheter et puis il jète. Mais la nature est généreuse, même le millepertuis nous offre des molécules contre le VIH.
Excuser-moi, le millepertuis est un antidéprésseur et ne doit pas être utiliser si on prend la trithérapie (et certain antitumoraux), car il agis sur le cytochrome 450. En outre on peut voir d’autre plantes comme le lin grandifolia qui est étudié depuis deux ou trois ans contre le VIH. Mais il y en a beaucoup d’autre. Dans la nature, les êtres trop virulent finisse par disparaitre à court terme! Cela pourrait bien être notre cas.