L’huile d’argan, une histoire de femmes
Dans l’arrière-pays, au-delà d’Essaouira, on trouve une longue vallée, très chaude et très aride en été, dans laquelle ne poussent que des arganiers, des quantités d’arganiers.
Si vous passez par là, ne vous étonnez pas de voir de temps à autre une chèvre dans l’arbre : les gourmandes sont elles aussi très friandes du fruit de l’arganier, cette petite baie jaune, un peu plus grosse et plus ronde qu’une olive, qui arrive à maturité entre mai et septembre.
L’arganier est un arbre épineux, toujours vert, qui peut atteindre une hauteur de 6 à 10 mètres, et vivre jusqu’à 200 ans.
Il pousse à l’état sauvage, et couvre actuellement 800 000 hectares du Sud-Ouest marocain, au-dessus d’Essaouira et d’Agadir, jusqu’aux portes du désert.
La production de l’huile d’argan passe essentiellement par le biais de coopératives féminines. Regroupées sous le label Union des Coopératives des Femme de l’Arganeraie (UCFA), quelques 22 arganeries dispersées un peu partout dans la région, réunissent ainsi de nombreuses femmes, organisées pour à la fois garantir un revenu équitable à chacune et assurer le maintien d’une tradition millénaire : la préparation d’huile d’argan artisanale, pressée à la main.
Ce sont elles qui en relèvent merveilleusement leurs plats en cuisine et en font une alliée de choix pour leur beauté, et ce sont elles aussi qui produisent cette magnifique huile, tant recherchée depuis quelques années.
La récolte se fait progressivement, entre juin et août, et les fruits sont d’abord séchés au soleil pendant plusieurs semaines.
Si vous entrez à l’ombre d’une arganerie par un torride après-midi d’été, vous verrez ces femmes assises à même le sol, dans les coins les plus frais, en train de se livrer à un travail minutieux, mais aussi long et fastidieux.
Il s’agit d’abord d’ouvrir le fruit pour récupérer la noix, puis de casser cette noix, extrêmement dure, entre deux pierres, pour en retirer les amandons oléagineux. Vient ensuite une brève torréfaction, le broyage, un malaxage qui permet de laisser sortir progressivement la précieuse huile, et enfin, 15 jours plus tard, le filtrage. Tout cela manuellement…
- Pour produire un litre d’huile d’Argan, il faut 100 kilos de fruits d’arganier et, si l’on compte le détail des différentes étapes, 12 heures de travail.
L’arganier : 100 % écologique !
L’une des caractéristiques de l’arganier est que chaque partie de l’arbre est utilisable :
- Le fruit de l’arganier, la noix d’argan, est à la base même de l’huile d’argan, alimentaire et cosmétique.
- Les feuilles et les pulpes des noix servent de nourriture aux nombreux troupeaux de chèvres que l’on trouve dans ces régions.
- Quant à la pulpe, séchée à l’air, elle représente un aliment de grande valeur énergétique pour le bétail, particulièrement intéressant, puisque 100 kilos de pulpe équivalent plus ou moins à 85 kilos d’orge.
- Le tourteau, résidu de la pression de la pâte, est lui aussi utilisé pour nourrir le bétail
- Le bois de l’arganier, enfin, est apprécié aussi bien en menuiserie que comme combustible pour le chauffage.
Et ce n’est pas tout : l’arganier joue un rôle primordial, à la fois dans l’équilibre écologique et dans la préservation de la biodiversité dans cette région particulièrement sèche et aride du Maroc.