Le marché de la pâte à tartiner est une véritable arène. Le géant Ferrero qui tient le monopole depuis des années avec son Nutella vient de subir un nouveau revers judiciaire face à son concurrent bio Nocciolata de Rigoni di Asiago.
Nutella perd en appel face à Nocciolata
La multinationale italienne Ferrero, avec Nutella, son produit phare, qui détient 66 % du marché français des pâtes à tartiner, a été ébranlée par la publicité de Rigoni di Asiago. Son concurrent italien vantait l’absence d’huile de palme dans sa pâte à tartiner Nocciolata, au travers d’une publicité diffusée entre 2019 et 2020 en France. Cette publicité mettait en scène un orang-outan dans un cadre familial paisible, sous-entendant ainsi que Nutella détruit l’habitat des orangs-outans. Cette publicité a été perçue comme un affront par Ferrero et l’a conduite à lancer une bataille juridique contre Nocciolata sur les accusations de « dénigrement et parasitisme ». Malheureusement pour Ferrero, qui avait été débouté en première instance, vient à nouveau de perdre en appel et condamnée à verser 10.000 euros à Rigoni di Asiago, comme le rapporte UFC-Que Choisir.
Cette décision judiciaire ne se limite pas à une simple affaire de concurrence ; elle soulève des questions plus profondes sur les pratiques et les choix éthiques des entreprises alimentaires, mais aussi sur notre consommation. L’huile de palme est un sujet brûlant depuis plusieurs années, voire décennies. Utilisée à 80 % dans l’alimentation, elle est également liée à la déforestation dans les régions tropicales, notamment en Indonésie et en Malaisie, qui représentent ensemble environ 85 % de la production mondiale. En l’espace de vingt ans, sa production a été multipliée par trois pour atteindre les 76 tonnes annuelles.
Un pas vers une production et une consommation plus responsable
Face aux risques environnementaux que représente une telle production, certaines entreprises, comme Rigoni di Asiago avec son Nocciolata, ont fait le choix d’éliminer l’huile de palme de leurs produits. Et l’on peut dire qu’elles n’hésitent pas à communiquer sur leur différence pour sensibiliser les consommateurs et mettre en porte-à-faux leurs concurrents. Pour autant, la plupart des entreprises maintiennent l’utilisation de l’huile de palme, arguant qu’il leur serait impossible de répondre à la demande mondiale sans. De ce fait, et pour faire bonne figure auprès des consommateurs, la plupart d’entre elles, telles que Ferrero, s’appuient sur le label RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Ce dernier a été créé en 2004 et il est censé être un gage de non-nuisance à l’environnement. Petit hic, ce type de label ne sont généralement pas indépendants. Plusieurs organisations telles que WWF et Canopée – Forêts vivantes n’ont d’ailleurs pas hésiter à pointer du doigt certaines failles du RSPO, dont son financement qui provient essentiellement d’entreprises certifiées.
La controverse autour de l’huile de palme n’est pas nouvelle, mais elle s’intensifie à mesure que la conscience environnementale grandit parmi les consommateurs. Les débats judiciaires, tels que celui entre Ferrero et Rigoni di Asiago, ne sont pas seulement des querelles commerciales ; ils démontrent une prise de conscience et une évolution des modes de production et de consommation. Rigoni Di Asiago l’a démontré : il est possible de produire de la pâte à tartiner sans utiliser d’huile de palme et donc de consommer plus responsable. Finalement, tout ceci n’est qu’une question de choix.
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