Face à l’urgence dans laquelle les territoires insulaires français se trouvent de développer au plus vite les EnR, puisque n’étant pas raccordés au réseau continental, et étant donc essentiellement dépendants des hydrocarbures, les îles françaises sont des accélérateurs de technologie. Avec l’aide des énergéticiens, elles s’engagent à vitesse grand V dans la voie de la transition énergétique dont elles constituent des laboratoires grandeur nature, montrant ce à quoi pourrait ressembler le réseau électrique métropolitain d’ici quelques années.
Deux conditions sine qua non sont néanmoins à remplir afin d’implémenter efficacement solaire, éolien et hydroélectrique sur ces îles : la mise en place de solutions de stockage et le développement des réseaux intelligents, technologies visant à résoudre le problème de l’intermittence de ces énergies. Un impératif d’autant plus prégnant que les zones insulaires ne sont, logiquement, pas raccordées au réseau continental, et n’ont donc d’autre choix que de s’en remettre aux hydrocarbures en cas d’insuffisance de l’approvisionnement en EnR.
La transition énergétique passera par les îles
Du 22 au 24 juin 2015, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) participait à un séminaire organisé par l’IRENA en Martinique, intitulé : « EnR & Territoires insulaires ». À cette occasion, un véritable plan d’action pour le développement des énergies renouvelables dans les îles a été élaboré. Première étape : réaliser un passage en revue des différentes sources d’énergies propres disponibles. Première conclusion : elles sont abondantes.
En plus de lutter contre le réchauffement climatique, cette initiative avait pour but d’assurer l’indépendance énergétique de ces territoires insulaires. En effet, ces derniers n’ont longtemps compté que sur les hydrocarbures pour répondre aux besoins de leur population, créant des troubles autant économiques et sociaux qu’environnementaux.
Parmi les engagements prioritaires retenus lors du séminaire de l’été dernier, les différents participants ont reconnu la nécessité de « former les dirigeants des services publics et des réseaux électriques à effectuer des études d’intégration au réseau pour améliorer et accélérer la pénétration des énergies renouvelables sur les réseaux électriques insulaires ».
Car les responsables locaux, particulièrement sensibles à la problématique de la montée des eaux, tentent depuis plusieurs années de décarboner l’énergie. En 2013 par exemple, le président de la Polynésie française, Gaston Flosse, s’est fixé l’objectif de monter à « 50 % la production électrique issue de l’exploitation des énergies renouvelables à échéance 2020 », évoquant même la barre des 100 % en 2030.
Jusqu’à présent toutefois, la part des EnR dans les mix-énergétiques des territoires insulaires était limitée, essentiellement pour des raisons techniques. Intermittence oblige, les gestionnaires des « petits systèmes énergétiques isolés » ne peuvent pas assurer une production en continu, et les solutions manquaient encore jusqu’à il y a peu pour permettre de stocker le surplus, où le distribuer vers les zones demandeuses, ce qui entrainait d’importants gâchis.
Stockage et réseaux intelligents : les îles à la pointe
Car les zones non interconnectées aux réseaux électriques continentaux doivent non seulement produire toute leur électricité sur place, ce qui suppose d’importantes capacités de production, mais aussi et surtout s’assurer que l’excédent de cette production puisse être conservé et redistribué quand les éoliennes ne tournent pas, faute de vent, ou quand le rendement des panneaux photovoltaïques est nul, la nuit.
Un enjeu qui pose avec force la question du stockage de l’énergie et de l’optimisation de sa distribution via des réseaux intelligents, ou smart grids. L’urgence dans laquelle nous nous trouvons d’équiper nos îles de solutions énergétiques durables, puisqu’elles ne peuvent comme sur le continent se tourner vers le nucléaire, énergie décarbonée, en cas d’insuffisance de renouvelables, mais doivent avoir recours aux énergies fossiles, ultra-polluantes, en fera, très bientôt, des territoires à la pointe de l’évolution en la matière.
En déplacement sur l’île de la Réunion début février, le président d’EDF Jean-Bernard Lévy a d’ailleurs tenu à rappeler son « engagement en faveur de la transition énergétique et le développement de solutions innovantes pour l’économie bas carbone ». Grâce au travail de ses équipes, le département d’outre-mer sera le premier en France à atteindre un taux d’énergies intermittentes instantané de 32 %.
En installant sur place, à Saint-André, une batterie dotée de la technologie sodium-soufre (NaS) d’une puissance d’1 MW, soit l’un des plus gros stockages d’énergie en Europe, l’énergéticien va pouvoir diviser par trois le nombre de jours de déconnexion des producteurs d’énergies renouvelables.
L’énergie perdue par la collectivité sera ainsi réduite de 80 %. Qui plus est, grâce à un partenariat avec Météo France et l’École Polytechnique, la batterie d’EDF pourra anticiper les moments où elle devra prendre le relais, afin d’assurer un approvisionnement en continu, sans coupure. Autrement dit, si une averse menace, rendant les panneaux solaires improductifs, la batterie commence à injecter son stock quelques minutes avant dans le réseau.
Des solutions technologiques de pointe
Du fait de leurs conditions géographiques spécifiques, les zones insulaires profiteront ainsi des premières des solutions technologiques de pointe. Devenus des laboratoires grandeur nature, ces territoires préfigurent le réseau électrique français de demain, où les énergies renouvelables ont vocation à remplacer les énergies polluantes dans le bouquet énergétique.
Ainsi, la loi de transition énergétique adoptée l’an dernier au Parlement prévoit d’augmenter à 32 % la part des énergies renouvelables à horizon 2030 en métropole. Les techniques de pilotage du réseau auront alors été largement éprouvées dans les îles évoquées précédemment, tout comme les capacités de stockage de l’électricité.
Seule exception peut-être, la filière des énergies renouvelables marines est également très activement développée en France métropolitaine. Avec environ 8.000 km de littoral, l’Hexagone bénéficie effectivement d’une géographie assez favorable pour construire des champs d’éoliennes off-shore et réalise aussi des essais prometteurs pour exploiter l’énergie hydrolienne.
Bonjour,
vous auriez pu parler du projet NEMO en martinique pour exploiter l’énergie thermique de la mer (OTEC en anglais) qui représente une sorte de pompe à chaleur géante, utilisant la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes.