En consommant des denrées alimentaires importées, nous « cautionnons » l’abattage d’arbres qui a été nécessaire à leur production, peut-on lire dans une étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution.
Notre consommation contribue à la déforestation en Afrique et en Asie
On n’y pense pas forcément, mais notre régime alimentaire a un impact direct sur la préservation des forêts. Ou, s’il n’est pas vertueux, sur la déforestation. Pour la première fois, des chercheurs de l’Institut de Recherche pour l’Humanité et la Nature à Kyoto (Japon) se sont attachés à quantifier le phénomène. Pour cela ils ont recueilli les données « fines » sur la consommation de différentes denrées alimentaires dans différents pays, ont identifié les lieux de production de ces denrées, puis ont analysé des images satellites pour se rendre compte de l’ampleur de la déforestation induite par leur production.
Vous l’aurez compris : cette étude, menée par Nguyen Tien Hoang et Keiichiro Kanemoto, s’intéresse au concept relativement nouveau de « déforestation importée ». En d’autres mots, même si nous ne coupons pas d’arbres en Europe pour produire du café, du chocolat ou de l’huile de palme, en consommant ces denrées (produites ailleurs bien sûr), nous contribuons à la déforestation dans les pays d’Afrique et d’Asie.
Chaque pays développé a son propre « éventail » de pays où il sème des dégâts
Les amateurs de café vivant aux États-Unis, en Allemagne et en Italie par exemple contribuent fortement à la déforestation dans le centre du Vietnam, et les amateurs de chocolat vivant aux États-Unis et en Allemagne font de même pour les forêts au Ghana et au Côte d’Ivoire. En tant que grand importateur d’huile de palme, la Chine est le principal contributeur à la déforestation en Malaisie. Quant aux États-Unis, ils importent beaucoup de fruits et noix du Guatemala, du caoutchouc du Libéria et du bois du Cambodge.
Alors, à combien se chiffrent ces dégâts causés hors de notre territoire ? D’après les calculs de Nguyen Tien Hoang et Keiichiro Kanemoto, dans les pays du G7, par sa consommation de denrées alimentaires, chaque personne est responsable de l’abattage de quatre arbres en moyenne dans d’autres régions du monde. Sur ces quatre arbres, deux sont abattus dans des pays tropicaux. Parmi les pays du G7, les États-Unis se distinguent par une empreinte particulièrement forte sur la déforestation : en moyenne, un Américain « contribue » à l’abattage de plus de 5 arbres par an.
Illustration bannière : Un lien entre alimentation et déforestation – © Richard Whitcombe
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