Anne Bringault est coordinatrice du Cler, le Réseau pour la Transition Énergétique et Réseau Action Climat. Pour ConsoGlobe.com, elle revient sur l’impact de la Cop21 en France. La chercheuse assure que, malgré les voltes-faces du gouvernement sur la question, l’accord international a insufflé une dynamique locale dans le pays.
Consoglobe.com – La COP21 n’a rien de contraignant. Que peut-elle donc réellement changer ?
Anne Bringault – C’est une question de dynamique. La COP21 donne un cadre général pour que les États se mettent autour de la table. Mais l’ensemble des contributions des États dépassent les 3°C, alors que le texte explique qu’il faut rester en dessous de 2°C. Il n’y a pas de cohérence entre l’action des États et les objectifs souhaités dans l’accord de Paris. En France c’est pareil : d’une part, volonté affichée de lutter contre les changements climatiques et de l’autre, une difficulté à changer de modèle.
ConsoGlobe.com – Comment expliquer les reculades politiques ?
Anne Bringault – Je ne les explique pas, dans le sens où elles sont totalement inacceptables. En Allemagne, la décision de fermer les centrales nucléaires s’est passée beaucoup plus tranquillement. En France, on annonce des projets de fermeture sans parler des plans de reconversion. Alors forcément, les salariés, les syndicats, les collectivités montent au créneau et se battent contre ces projets. Mais le gouvernement est incapable de discuter de transition. Alors qu’on sait que la transition énergétique créera plus d’emplois que de pertes. On oublie de dire que l’on peut développer entre autres l’éolien.
Certes, il y a des freins très forts, visibles au niveau de certains syndicats ou entreprises. Mais c’est le rôle du gouvernement d’être au-dessus de la mêlée avec une vision à plus long terme. Il devrait être capable de dire « Ne rien faire, c’est se retrouver un jour au pied du mur, car de toute façon ces fermetures se feront. » Autant anticiper et mettre en place un véritable accompagnement.
ConsoGlobe.com – Donc concrètement, sur le plan national, quelles avancées va permettre la Cop21 ?
Anne Bringault – La Cop21 n’a pas d’impact énorme sur le plan national. L’apport de la France réside essentiellement dans la loi de transition énergétique, votée à l’été 2015 et pour laquelle des décrets sont mis en place. Mais cela ne va pas forcément dans le bon sens. Je pense notamment à la programmation pluriannuelle de l’énergie qui devrait décliner les objectifs de la loi jusqu’à 2023. Cette dernière montre un manque de volonté politique, puisqu’il n’y a rien sur le nucléaire. Or c’est un des freins du renouvelable en France.
On ne peut pas parler de changements marquants en France, mais il faut nuancer : au niveau des collectivités et des territoires, il y a une véritable dynamique. Des territoires ruraux, des villes ont pris l’engagement d’aller vers le 100 % énergies renouvelables et engagent les citoyens dans ce sens. Il y a donc une dynamique dans les territoires qui voient un intérêt en termes de développement.
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