Le prodigieux impact de la réintroduction du loup à Yellowstone

Le retour du loup dans ce parc national emblématique qu’est Yellowstone aux États-Unis, a permis de mieux comprendre l’incidence incroyable d’une telle réintroduction.

Rédigé par Julien Hoffmann, le 4 Nov 2018, à 17 h 15 min
Le prodigieux impact de la réintroduction du loup à Yellowstone
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La présence du loup dans un écosystème n’est pas anodine, cela on pouvait le deviner facilement. Ce qu’il était plus compliqué de prévoir c’était l’impact à moyen et long terme du retour d’un grand prédateur comme le loup. On en sait désormais bien plus !

Yellowstone, un vrai laboratoire pour le loup

Créé en 1872, Yellowstone est le plus vieux parc naturel du monde, rien que ça. Deuxième parc le plus grand des États-Unis, il rassemble aussi les deux tiers des geysers de la planète. Inscrit au patrimoine mondial de l’humanité et en réserve de la biosphère de l’UNESCO, il accueille plus de 3 millions de visiteurs par an le tout sur près de 900.000 hectares.

La grande piscine prismatique ou l’oeil de Yellowstone © Lane V. Erickson

C’est dans ce contexte qu’a été décidé, en 1995, de réintroduire une meute de loups de près de 30 individus venus du Canada afin de redonner une cohérence écologique au parc qui avait perdu ce grand carnivore. S’en est suivi nombre d’études de terrain pour qualifier et quantifier l’impact du loup sur cet écosystème exceptionnel à bien des niveaux.

L’écosystème en question

Cette aventure qu’est la réintroduction du loup à Yellowstone est une des plus intéressantes des 50 dernières années en matière de gestion des espaces naturels. Il s’agit là du plus complet et fascinant retour d’expériences sur ce que l’on appelle la « cascade trophique » : la relation prédateurs/proies et toutes les influences qui en découlent à plusieurs niveaux (biomasse, abondance des espèces animales et végétales, etc.)

Cette cascade trophique commence par le sommet de la chaîne alimentaire et ruisselle sur toutes les espèces qui suivent.

Ainsi, la population de cerfs canadiens (wapitis) du parc était tellement grande que la végétation en avait presque totalement disparu malgré tous les efforts de chasse pour limiter leur population. Et puis, après 70 ans d’absence du parc, le loup a fait son grand retour.

Cerf canadien (wapiti) © habib ur rahman

Les incroyables changements dus au retour du loup à Yellowstone

À l’arrivée du loup, bien sûr, la population de cerfs a diminué à force d’être chassée. Mais, plus important, le comportement des cerfs a changé. Par peur des loups, ils ont commencé à éviter certains endroits du parc où ils pouvaient être facilement chassés (vallées, canyon, etc.) ce qui a permis à la végétation de se régénérer de façon spectaculaire.

Ce sont majoritairement les saules et les trembles qui ont su recoloniser le parc pour le plus grand bien des oiseaux sédentaires comme migrateurs qui ont vu leurs effectifs exploser à la hausse. Mais les arbres, il n’y a pas que les oiseaux pour les apprécier, les castors en ont aussi besoin. Et voilà que les castors sont aussi revenus dans le parc.

Et qui dit castors, dit milieux aquatiques renaturés puisqu’ils avaient toujours fait partie de l’équation en créant de grandes retenues d’eaux. Ces mêmes retenues d’eau ont permis alors le retour des loutres, des canards, des rats musqués, de poissons en tous genres, mais aussi de batraciens et autres reptiles dépendants des milieux aquatiques.

loup yellowstone

Castor à l’ouvrage sur un barrage © Chase Dekker

Mais les loups n’ont pas fait que réguler les populations de cerfs, ils ont aussi diminué celle des coyotes qui était devenue bien trop importante par rapport à l’écosystème du parc. Avec cette diminution du nombre de coyotes, la population de souris et de lapins a augmenté à nouveau, permettant aux renards, rapaces en tous genres, belettes et blaireaux de revenir en force dans le parc.

Enfin, les loups étant assez partageurs. Une fois repus, ils laissent les cadavres des animaux qu’ils ont tués à qui les veut. Voilà qui a fait l’affaire des aigles comme des corbeaux mais aussi des ours  ! Ours qui se sont d’autant mieux portés que le retour de la végétation leur a aussi permis de se nourrir de baies.

Un bilan qui fait date

40 années de suivi du parc, dont plus de 20 avec la présence du loup, nous ont permis de mieux comprendre ces phénomènes extrêmement difficiles à anticiper. Personne, au moment de la réintroduction des loups, n’avait imaginé qu’il y aurait de tels résultats à si court terme.

Non seulement nous en savons désormais plus sur l’intérêt d’avoir ce grand carnivore présent dans nos écosystèmes, mais nous savons également avec certitude que le respect des « chaînes trophiques » est essentiel au fonctionnement de la nature.

Illustration bannière : Meute de loups – © David Dirg
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9 commentaires Donnez votre avis
  1. Pour qu’il n’y ait plus de problèmes de prédateurs indésirables dans les élevages animaux réservés aux humains… C’est simple, il faut ABOLIR L’ÉLEVAGE. Que l’état français finance la reconversion des exploitations animales en ‘exploitations végétales’, que l’on rende à la France sa verdure et les peu d’animaux sauvages qui la peuplent nourriront les prédateurs naturels, pas ceux à qui il faut couteaux et fourchettes pour manger des chairs cuites !

  2. Depuis le fameux documentaire sur les loups de Yellowstone, des études scientifiques ont conclu sur le faible impact de cette réintroduction. Tout est exagéré dans le documentaire, des tas d’autres facteurs ont été ignorés. Cela ne veut pas dire qu’il ne fallait pas réintroduire le loup mais cela montre qu’on ne peut pas réparer le mal qui a été fait d’un coup de baguette magique dans un éco-système. zoom-nature.fr/les-loups-de-yellowstone-une-trop-belle-histoire-naturelle/

  3. Je n’arrive pas à remettre le grappin dessus, mais j’avais vu un documentaire, qui disait que la population de cerfs diminuait en très grosse partie du fait que les ours en consommaient plus qu’avant. Les ours se seraient rabattus sur les cerfs parce qu’ils peuvent moins pêcher qu’autrefois, un poisson carnivore aurait été introduit en douce et aurait fait beaucoup de mal aux espèces locales.

    • j’ai vu le mème documentaire… Je suis en train de le chercher en ce moment. Les loups avaient été accusés dans l’affaire, mais en fait c’est le fait d’introduire une autre sorte de truite par l’homme qui a causé toute cette imbalance… C’était fascinant..

  4. Bonsoir,
    Merci pour ce partage et cet article, je suis tout de même gêné que vous ne partagez pas la source de votre article qui est un copié/collé des sous-titre de la vidéo ci-dessous…
    Vous pouviez juste mettre la vidéo avec les sous-titres qui se trouve sur Youtube : youtube.com/watch?v=ysa5OBhXz-Q

    Bon week-end

  5. Super mais on parle d’un parc superbement préservé où il n’y a aucun troupeau ni agriculture ni village ni humain en dehors de qlq routes et sites concentrant les touristes. J’y ai été et dès que l’on quitte la route les randonneurs sont très rares et effectivement on peut voir des loups à la jumelle avec de la chance !

    Du coup extrapoler cette situationà notre vieille france quadrillée de parcelles en tout genres… c’est a priori bidon. On peut imaginer les mêmes mecanismes mais avec une ampleur tout autres et des conditions limitantes du fait des petits espaces de vie et des hommes qui ne sont pas un « détail ».
    Je suis pour les grands prédateurs en France mais je dis qu’il faut pas imaginer une seule seconde avoir les mêmes effets. Notre priorité devrais être pour moi de créer plus d’espaces effectivement protégés et de mieux protéger en général (haies, zones humides, bois, ONF, agriculture…). Le loup se porte bien et les difficultés cotés rapaces et ours tiennent au imitation évoquées (selon moi)

    • les loups sont traqués et exterminés dès réintroduction. Ce n’est pas un soucis de taille de parcelles ou morcelage de la géographie française le problème, c’est le français.
      Dans les montagnes (Pyrénées / Alpes), il n’y a pas autant de problème de clôture que dans les plaines. Les loups, comme les ours pourraient circuler librement.
      Je peux comprendre que l’éleveur qui perd du bétail par ce qu’un loup à la dalle puisse le pousser à vouloir exterminer ce prédateurs, mais bordel, y’a des assurances qui peuvent bien compenser la perte, et qu’on ne me fasse pas croire que quand le loup attaque, il décime tout le troupeau, le loup attaque pour manger. pas par plaisir.
      Mais il est plus simple certainement de porter la responsabilité sur le loup que sur l’éleveur et/ou la société d’assurance.
      Comment faisait les anciens ? Ils n’avaient pas nécessairement d’assurance pour leur troupeau, perdaient certainement quelques bêtes et les population de loups étaient très certainement beaucoup plus conséquente qu’aujourd’hui…
      Il existe des moyens de repousser, ou au moins minimiser les attaques de loup mais nous préférons les ignorer et nous ranger dans nos techniques modernes d’assurance et de bénéfices à court termistes.

    • Julien Hoffmann

      Il y a effectivement une question d’échelle, c’est évident. Mais la relation trophique reste actée et ne peut en rien être qualifiée de bidon… En quoi et comment celle-ci s’exprimera sur notre territoire, c’est effectivement une bonne question, mais il n’en reste pas moins qu’elle s’exprimera.
      Régulation du sanglier ? Des chevreuils dégénérés ? Limitation de la propagation des maladies comme la peste porcine ?
      Et oui, cela ne fonctionnerait et ne se réaliserait que si plus d’espaces naturelles voient le jour, mais la présence de plusieurs centaines de loups en France aura un impact sur la faune et la flore, autant le prendre en compte et le valoriser aussi si l’on souhaite faire avancer les choses de front sur le sujet 🙂

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