Si 18 pays africains sur 54 ont désormais un niveau de développement humain moyen ou élevé, de nombreux progrès doivent encore être accomplis, notamment en matière de réduction de la pauvreté multidimensionnelle et d’emploi.
Indice de développement humain : l’Afrique va de mieux en mieux
Le rapport Perspectives économiques en Afrique, publié conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), dresse un constat plutôt positif sur l’évolution du continent. « 18 pays africains avaient atteint un niveau de développement humain moyen ou élevé en 2015« .
Pour rappel :
L’IDH mesure le niveau de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique donné par le Produit intérieur brut (PIB) en intégrant des données plus qualitatives. Il fait la synthèse de trois séries de données :
- santé / longévité (espérance de vie)
- savoir ou niveau d’éducation
- niveau de vie
Il se présente comme un nombre sans unité compris entre 0 et 1. Plus l’IDH se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé.
Les auteurs du rapport lient le développement humain en Afrique à la diffusion de l’entrepreneuriat : « Étant donné le potentiel de cercle vertueux du développement humain et de la croissance économique, les investissements dans l’éducation et les compétences, la santé et la nutrition ainsi que la protection sociale sont également des investissements dans la croissance inclusive et le développement de l’entrepreneuriat (…) Avancer avec des politiques et des programmes novateurs contribuera à faire en sorte que le dividende démographique soit libéré et que l’objectif de ‘ne laisser personne pour compte’ soit atteint dans toute l’Afrique« .
Le podium des pays africains
Le développement humain est inégal d’une région et d’un pays à l’autre, ainsi qu’à l’intérieur même des pays, mais c’est l’Afrique du Nord qui se classe en tête, avec un indice de développement humain (IDH) compris entre 0,6 et 0,7, tandis que l’Afrique de l’Ouest est la moins avancée, avec un IDH entre 0,4 et 0,7 – à titre de comparaison, la moyenne européenne tourne autour de 0,9. Toutefois toujours selon le rapport, l’Afrique de l’Est reste la zone la plus dynamique, grâce notamment au géant éthiopien, devant l’Afrique du Nord.
Par ailleurs, la pauvreté multidimensionnelle a chuté dans 30 pays africains sur 35, et ce sont le Rwanda (qui a lancé un programme d’assurance-maladie communautaire permettant de couvrir près de 9 habitants sur 10), le Ghana, le Libéria, les Comores et la République démocratique du Congo qui ont obtenu les meilleurs résultats. Enfin, au Bostwana, en Namibie, au Rwanda, au Lesotho et à Maurice, les écarts de genre se sont réduits, et les femmes ont des niveaux de développement humain qui se rapprochent de ceux des hommes.
Une croissance tirée par la consommation
Si la croissance économique africaine a ralenti en 2016, elle reste dynamique (+ 2,2 %). La chute des cours mondiaux du pétrole, les épisodes climatiques ayant fragilisé l’agriculture, ainsi que le ralentissement économique mondial ont pénalisé cette croissance. Mais pour 2017 et 2018, la BAD se veut plus optimiste, avec des prévisions de croissance respectivement de 3,4 et 4,3 %.
Par ailleurs, les perspectives sont encourageantes : « La croissance de l’Afrique repose de plus en plus sur des facteurs intérieurs, ainsi qu’en atteste le dynamisme de la consommation privée et publique qui, à elles deux, ont contribué à la croissance du PIB à hauteur de 60 % en 2016« , note la BAD.
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Des progrès inégaux : la pauvreté reste un fléau
Mais ces avancées touchent inégalement le continent africain. 54 % de la population de 46 pays africains sont toujours piégés dans une pauvreté à multiples dimensions (santé, éducation et niveau de vie), soit 544 millions d’Africains sur une population totale d’1,2 milliard.
« Le manque d’accès au combustible pour la cuisine, à l’électricité et à l’assainissement » comptent parmi les facteurs principaux de cette pauvreté : en Afrique subsaharienne, 645 millions de personnes sont privées d’accès à l’énergie. L’alimentation, quant à elle, constitue un défi majeur pour l’Afrique de l’Est, alors que le manque de scolarisation est le plus gros problème de l’Afrique de l’Ouest.
Les perspectives d’emplois, notamment pour la jeunesse, restent le principal défi du continent, où tous les pays n’ont pas amorcé leur transition démographique. « Avec une population active qui devrait augmenter de 910 millions entre 2010 et 2050, la création d’emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité reste un défi majeur pour les décideurs africains« , indique la BAD, l’OCDE et le PNUD.