Dans la série « Projet d’avenir », c’est sur un possible nouveau carburant que l’on se penche aujourd’hui. En Indonésie, l’industrie du tofu pourrait bientôt servir celle de l’énergie…
Du tofu à l’origine d’un carburant nouveau ?
Fromage de soja très apprécié pour sa texture douce et fondante, le tofu est une industrie plus qu’imposante en Indonésie. Et si le produit est d’une couleur blanche très pure, sa production elle est très polluante. Pendant le processus émaneraient des résidus chimiques liquides qui relâcheraient un important volume de méthane dans le ciel. A Bandung, 300 000 m3 de ce gaz seraient relâchés dans le ciel chaque jour, après que les industriels aient rejeté dans les canalisations ou directement dans les rivières les résidus liquides issus de la production de tofu.1
Neni Sintawardani (chercheuse au centre de physique du Lipi – Institut indonésien des sciences) a étudié les conséquences de l’activité des 500 fabricants de tofu à Bandung. Elle explique : « En calculant grossièrement, on peut estimer que la ville de Bandung est inondée chaque année par 16,8 millions de m3 de résidus liquides acides et extrêmement concentrés issus de la fabrication de tofu« , ce qui amène au chiffre de plus de 100 000 000m3 de méthane relâchés dans l’atmosphère chaque année.
Du méthane au bio gaz
Outre le fait que le méthane est potentiellement vingt fois plus agressif que le dioxyde de carbone concernant le réchauffement climatique, et que les résidus liquides rejettent également des vapeurs d’acide sulfurique irritant pour les voies respiratoires, cette pollution importune les habitants d’une odeur forte et désagréable.
Ne peut-on rien faire, si ce n’est arrêter l’activité de production de tofu, ce qui est inconcevable ? Pour la chercheuse, ces rejets peuvent être exploités ! Elle explique qu’il est possible de recycler les déchets en biogaz, qui pourraient alimenter les réchauds des entreprises du soja, en cercle fermé : « Nous possédons déjà la technologie nécessaire à ce processus de recyclage, nous l’avons mise au point en laboratoire. Mais son implantation sur le terrain est difficile parce que les fabricants de tofu sont méfiants et que son coût de fabrication est élevé« .
Ce projet est bien accueilli par le Bureau de planification et des infrastructures de la communauté urbaine de Bandung qui prévoit d’étudier le projet et pousser les industriels du soja et du tofu à arrêter dans un premier temps de rejeter les déchets liquides dans les canalisations.
Du tofu au carburant
Outre le fait que le méthane issu de l’industrie du tofu peut servir aux réchauds des industries, la production de biogaz est aujourd’hui déjà utilisée comme carburant pour certains véhicules et comme source d’électricité. A tout problème sa solution donc… Du moins les chercheurs y travaillent.
1. Source : Le Courrier International
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