Le plus grand désastre environnemental du XXIème siècle se déroule sous nos yeux, et le monde regarde ailleurs. Difficile pourtant d’ignorer les feux qui dévorent actuellement l’Indonésie, libèrent des quantités phénoménales de gaz à effet de serre, et détruisent des espèces animales et végétales à un rythme sans précédent. Quand va-t-on enfin agir contre la culture d’huile de palme sur brûlis ?
Les orangs-outans étaient délogés, maintenant ils brûlent
On parle pourtant beaucoup d’environnement en ce moment : la COP21 débute le 30 novembre, les chefs d’État se préparent à venir à Paris pour négocier un accord international sur le climat. Pendant ce temps, l’Indonésie brûle, libérant des quantités colossales de carbone dans l’atmosphère, et le monde ne semble pas en mesure de réagir.
À l’échelle du pays et du monde entier, c’est une catastrophe. Les feux ont pris d’assaut la totalité du pays, progressivement, depuis le mois de juillet. 5.000 kilomètres de front, en réalité l’entièreté du pays, sont concernés et la visibilité est réduite à 30 mètres dans certaines villes du pays. Comme le déplore le journaliste George Monbiot dans un billet repris par le Guardian, « cela dégage actuellement plus de CO2 que l’économie américaine » et plus de gaz à effet de serre en trois semaine qu’une année d’émissions de l’Allemagne.(1)
Que se passe-t-il en Indonésie ?
Difficile de décrire l’étendue des dégâts : orangs-outans, léopards, ours, gibbons, rhinocéros de Sumatra, tigre de Sumatra, et des millions d’autres animaux, plantes et humains sont condamnés. Ils sont plus que jamais en danger, et les humains présents dans les régions concernées risquent gros. Des associations s’activent à l’heure actuelle pour déplacer les populations et les animaux.
L’un des problèmes est effectivement la pollution de l’air à court et à long terme, comme l’a montré il y a déjà 10 ans Robert Aiken dans une étude sur les incendies volontaires en Indonésie(2). Elle concernait déjà des milliers d’enfants lors des dernières catastrophes, et notamment le grand incendie de 1997. Les décès n’étant pas toujours immédiats mais la mortalité importante, plus fourbe, provenant de complications respiratoires.
La situation est aujourd’hui encore plus alarmante pour la santé. Monoxyde de carbone, ozone et méthane pénètrent la terre et sont ensuite émis pendant des semaines, voire des mois, effet observé lors des précédents grands incendies de forêts(3).
Culture sur brûlis et El Niño joignent leurs forces pour détruire la forêt indonésienne
L’Indonésie brûle, du fait des pratiques des exploitants de bois et des fermiers vivant de l’huile de palme. La tourbe disparaît progressivement au profit des monocultures, de palmiers, bien sûr, mais également de bois à exploiter pour lui-même ou pour la production de pâte à papier. Chaque année des incendies volontaires sont déclenchés pour « nettoyer le terrain ». Cette culture sur brûlis permet aux exploitants de défricher le terrain de manière radicale mais également de fertiliser, temporairement, le sol.
Cette année, le phénomène El Niño étant particulièrement important, les conditions sont réunies pour que le feu fasse rage. La mousson n’a pas été suffisante pour éteindre les feux comme elle le fait habituellement. Et, pendant ce temps, les autorités peinent à agir au milieu de la corruption et des insuffisances des autorités locales.
Agissez !
- Signez la pétition demandant la fermeture des entreprises incendiaires.
- Évitez les produits et les marques ne respectant pas un approvisionnement durable. Monbiot dénonce Starbucks, Kraft Heinz, Unilever, et PepsiCo comme ne faisant pas assez d’efforts.
- Parlez-en autour de vous, partagez cet article.
- Participez à la marche pour le climat !
- http://www.monbiot.com/2015/10/30/nothing-to-see-here/
- AIKEN, S. Robert. Runaway fires, smoke-haze pollution, and unnatural disasters in Indonesia. Geographical Review, 2004, vol. 94, no 1, p. 55-79.
- TANIMOTO, Hiroshi, KAJII, Yoshizumi, HIROKAWA, Jun, et al. The atmospheric impact of boreal forest fires in far eastern Siberia on the seasonal variation of carbon monoxide : Observations at Rishiri, a northern remote island in Japan. Geophysical Research Letters, 2000, vol. 27, no 24, p. 4073-4076.
Ces démons ne l’emporterons pas ils le payerons très cher un jour!
N’y a-t-il une pétition que l’on pourrait faire circuler sur les réseaux sociaux et signer d’urgence ?
Merci de faire vite !
Vous dîtes « Évitez les produits et les marques ne respectant pas un approvisionnement durable ». Il ne faut pas se leurrer et croire à l’huile de palme durable qui n’est qu’un outil de greenwashing. D’ailleurs les incendies actuels en Indonésie ont été commandités par des producteurs d’huile de palme comme Asia Pulp & Paper Group qui est membre de la RSPO.
Huile de palme « durable » : un outil de greenwashing pour berner le consommateur : leplus.nouvelobs.com/contribution/1308464-huile-de-palme-durable-un-outil-de-greenwashing-pour-berner-le-consommateur.html
Je pense aux journalistes qui ont les moyens d’aller sur place, prendre des photos des conséquences. Montrer quelques corps brûlés d’animaux par exemple ne réveillerait-il pas plus de conscience à l’heure où des abattoirs sont (enfin) fermés pour abus ? Merci déjà d’avoir porté à notre connaissance ce que si peux font, c’est un début.
Hollande nous gonfle avec sa COP21 mais ne dit rien sur ces feux de forêt en Indonésie et au Brésil, alors que ça pollue autant que la Chine, comme quoi c’est l’économie qui l’emporte sur le reste !