Interdit en France depuis plusieurs dizaines d’année, le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) reste très utilisé dans de nombreux pays, et il reste longtemps dans le corps. Une étude prouve que cet insecticide serait impliqué dans l’émergence de la maladie d’Alzheimer.
Le DDT responsable de la maladie d’Alzheimer ?
Une étude parue dans le Journal of the American Medical Association Neurology aux Etats-Unis1 donne plus d’informations concernant l’impact du DDT sur la maladie d’Alzheimer.
L’étude portait sur 86 patients atteints de maladie d’Alzheimer et 79 personnes saines, tous âgés de plus de 60 ans. L’étude a mis en évidence deux éléments importants :
- le taux de DDT dans le sang est 4 fois plus important chez les malades d’Alzheimer que chez les autres. Post-mortem, le DDT a également été trouvé en grande quantité dans le cerveau de malades.
- plus significatif encore : plus le niveau sanguin de DDT est élevé, plus les symptômes de la maladie d’Alzheimer sont forts.
Une interdiction du DDT, mais une action sur le long terme
L’insecticide est interdit aux États-Unis depuis 1972, et dans la plupart des pays dits « développés », mais il y a de toute façon un hic :
- il est encore utilisé dans de nombreux pays, dont le Maroc ou d’autres pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud, notamment pour lutter contre le paludisme. Son usage est limité mais les sols et les cultures restent contaminés.
- son action s’étend bien au-delà du contact initial
L’étude s’attarde d’ailleurs sur ce point : le DDT reste dans l’organisme des années après été ingéré. Le DDT se trouve dans un premier temps métabolisé et le DDE reste actif dans le corps.
Histoire de le rendre plus attachant encore, le charmant DDT a une demi-vie de 2 à 15 ans. Il reste plusieurs années dans son environnement et peut donc empoisonner des personnes consommant des produits cultivés dans les zones touchées par le DDT, même des années plus tard.
DDT : une action directe sur les neurones ?
Les auteurs de l’étude ont cherché à mettre en évidence le rôle du dichlorodiphényldichloroéthylène (DDE) dans la dégénérescence des cellules cérébrales.
Il s’avère que ces plaques, présentes dans les neurones, empêchent la mémorisation. On les retrouve dans les neurones de certaines maladies neurodégénératives, à l’image de la maladie d’Alzheimer.
L’hypothèse émise est que le taux de DDE pourrait favoriser la formation de plaques bêta-amyloïdes. Dans les faits, une substance clé pour la formation de protéines bêta-amyloïdes entre en activité en présence d’une concentration élevée en DDE.
Une action combinée, à relativiser
L’étude est nuancée puisque le DDT n’agirait que chez les personnes présentant des prédispositions génétiques pour la maladie d’Alzheimer. Selon les auteurs de l’étude, les personnes ayant ingéré du DDT sont presque aussi nombreuses que celles présentant ces gènes.
Des médecins de France métropolitaine ont néanmoins lancé un appel dénonçant le caractère dangereux des pesticides, à l’image du très controversé chlordécone.
A l’heure actuelle, les études mettant en évidence les risques environnementaux dans la formation des maladies neurodégénératives sont encore trop rares.
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(1) Jason R. Richardson, PhD1,2 ; Ananya Roy, ScD2 ; Stuart L. Shalat, ScD1,2 ; Richard T. von Stein, PhD2 ; Muhammad M. Hossain, PhD1,2 ; Brian Buckley, PhD2 ; Marla Gearing, PhD4 ; Allan I. Levey, MD, PhD3 ; Dwight C. German, PhD5. Elevated Serum Pesticide Levels and Risk for Alzheimer Disease. Disponible en ligne sur JAMA Neurol.
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