Chauffage au bois : non, l’Europe ne vous l’interdira pas en 2027
Depuis quelques mois, les réseaux sociaux s’enflamment à coups de hashtags alarmistes et de vidéos anxiogènes. Un mot revient comme un mantra : « interdiction ». Mais que cache réellement cette vague d’inquiétude autour du chauffage au bois ? D’où provient cette rumeur tenace ? Et surtout, que dit la loi ?

Cette inquiétude est née au début de l’année 2025, après la publication d’un projet de règlement européen visant à renforcer la norme Ecodesign. Ce texte, aujourd’hui retiré, visait une amélioration des performances environnementales des appareils de chauffage, mais a été largement déformé dans les débats publics.
Chauffage au bois : la rumeur d’une interdiction nourrie par l’ambiguïté politique
Il n’en fallait pas plus pour affoler une partie de l’opinion publique : un projet européen, publié en janvier 2025, qui laissait entendre que les poêles, chaudières et appareils à bois pourraient ne plus être commercialisés à partir de 2027. Relayée par des articles de presse peu précis et amplifiée sur les réseaux sociaux, l’information s’est transformée en rumeur d’une interdiction pure et simple. En réalité, le texte n’interdisait rien pour les consommateurs déjà équipés. Il proposait seulement de renforcer les exigences techniques imposées aux fabricants pour obtenir l’autorisation de commercialiser leurs produits dans l’Union européenne.
Mais l’émoi suscité par cette publication n’était pas entièrement infondé. Les seuils envisagés, notamment en matière d’émissions de particules fines, dépassaient de loin les standards actuels du label Flamme Verte. « Ce texte imposait en tout cas des seuils de performances tels qu’il aurait été très difficile de mettre sur le marché européen des appareils de chauffage au bois », a expliqué Jérémy Simon, délégué général adjoint du Syndicat des énergies renouvelables (SER), à l’UFC-Que Choisir.
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Norme Ecodesign et bois-énergie : une révision technique, pas un bannissement
Pour les autorités européennes, l’objectif du projet Ecodesign est clair : réduire les émissions polluantes tout en améliorant les performances énergétiques des équipements. Les polluants ciblés sont nombreux : monoxyde de carbone (CO), oxydes d’azote (NOx), composés organiques volatiles (COV) et particules fines (PM10, PM2,5).
Ce renforcement intervient alors même que le bois-énergie reste largement utilisé en France : près d’un quart des foyers y a eu recours entre 2022 et 2023, selon les données d’Atmo France. Dans une lettre ouverte publiée le 24 mars 2025, cette fédération a rappelé que, lors de l’hiver 2021, « un quart des concentrations de PM10 mesurées [dans les Hauts-de-France et la Normandie] étaient attribuables à la combustion de biomasse ».
La Commission européenne, face à la bronca des eurodéputés tchèques et allemands, a préféré reculer pour mieux sauter. La présentation du texte, initialement prévue le 12 février 2025, a été reportée en raison de la « nécessité d’un travail technique plus approfondi ». Le PPE, plus grand groupe politique du Parlement, a notamment rejeté en bloc ce qu’il percevait comme un acte suicidaire en pleine crise énergétique. « Ursula von der Leyen ne permettra jamais l’adoption d’un tel document », avait prévenu l’eurodéputé allemand Peter Liese.
Chauffage au bois en France : entre réduction des aides et montée en gamme forcée
Ironie de l’histoire : au moment où Bruxelles envisage des normes plus strictes, le gouvernement français réduit les incitations financières destinées à encourager le remplacement des vieux équipements polluants. En avril 2024 puis en janvier 2025, MaPrimeRénov’ a subi deux coupes de 30 % sur les parcours de rénovation « par geste ». Le signal est pour le moins contradictoire : d’un côté, on demande aux ménages de se doter d’appareils moins polluants ; de l’autre, on leur retire les moyens de le faire. Résultat ? Moins d’incitation à changer les équipements vétustes, souvent responsables d’émissions 15 fois supérieures à celles des appareils récents, selon l’ADEME. Les fabricants, eux, devront composer avec une double pression : celle d’un marché moins subventionné et celle d’une norme plus exigeante. Inévitablement, les prix des nouveaux appareils vont grimper.
Il n’y aura donc ni interdiction de vente, ni interdiction d’usage du chauffage au bois à l’horizon 2027. Mais cela ne signifie pas que rien ne changera. La filière va devoir s’adapter à des standards plus sévères. Et les consommateurs, eux, devront composer avec une équation économique de plus en plus complexe : hausse des prix, baisse des aides et incertitude sur les réglementations locales ou nationales à venir.
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