Tous les films de science fiction nous ont déjà fait rêver de la voiture parfaite : connectée, intelligente, et surtout, enfin libérée du pétrole. Aujourd’hui, ce rêve devient de plus en plus réalité. Des experts du monde entier se réunissent à Londres les 29 et 30 juin prochains pour en discuter dans le cadre de l’édition 2016 d’Intelligent Mobility, un événement organisé par le cabinet de conseil Frost & Sullivan.
La voiture autonome, un progrès certain
La voiture intelligente, ce n’est pas une nouveauté. Aujourd’hui déjà, nos voitures sont connectées, dotées de régulateurs de vitesse, ou de capteurs pour nous aider à nous garer, et même de systèmes d’assistance à la conduite. Selon Frost & Sullivan, près de 18 millions de voitures entièrement connectées ont été vendues en 2015. Un chiffre qui devrait dépasser la barre des 22 millions en 2016. La voiture autonome n’est que le prolongement des progrès effectués au cours des deux dernières décennies dans ce domaine, avec un objectif certain : faire disparaître le conducteur.
Si les accros de l’automobile n’attendent pas ce jour avec impatience, il s’agit tout de même d’un grand pas en avant dans beaucoup de domaines. En termes de sécurité routière, d’abord, puisqu’on estime que 90 % des accidents de la route sont liés à une erreur humaine. Si toutes les voitures étaient autonomes et connectées, le nombre d’accidents de la route chuterait considérablement : les voitures réagiraient plus rapidement, et surtout plus rationnellement en cas de danger. Finis les excès de vitesse et les comportements imprévisibles.
Autre bond en avant : la vie urbaine. Si tout le parc automobile était remplacé par des voitures autonomes, le trafic dans les villes serait bien plus fluide. Il n’y aurait presque plus d’embouteillages car tout le réseau serait interconnecté, plus de voitures garées n’importe où, celles-ci étant capables d’aller se garer elles-mêmes dans le parking le plus proche après vous avoir déposé. Bref, la vie citadine prendrait un autre tournure, sans parler de la fin des nuisances sonores.
Un impact sans précédent
Mais au-delà de ces avantages, cette voiture du futur va entraîner des changements considérables, au niveau des politiques urbaines évidemment, mais aussi dans le secteur de l’emploi. Les conducteurs de poids lourds ou de taxis, qui verraient leurs conditions de travail s’améliorer dans un premier temps, pourraient perdre leurs emplois à plus long terme. On pourrait par exemple assister à une diminution estimée de 300.000 chauffeurs de camions en moins dans le monde d’ici 2035. Les auto-écoles devraient également disparaitre : à terme, plus besoin de passer son permis, et pas de limite d’âge pour se déplacer en voiture.
Le secteur des transports en commun serait également ébranlé. La frontière avec les voitures de particuliers deviendrait d’ailleurs ténue puisque, dans un futur où tous les véhicules seraient autonomes, il n’y aurait plus vraiment d’intérêt d’en posséder un soi-même.
Des perspectives, mais aussi des doutes
Seulement voilà, avant de voir ces voitures apparaître dans nos rues et sur nos routes de campagne, il reste un certain nombre de problèmes à régler. Les voitures autonomes posent encore énormément d’autres questions, notamment en matière juridique. En cas d’accident, il est difficile de définir qui est coupable, car les passagers n’auront aucune responsabilité. Si certains constructeurs automobiles, comme Volvo, ont annoncé qu’ils endosseraient toute la responsabilité, les choses ne seront surement pas aussi simples dans la pratique. Un vrai casse-tête pour les assurances.
Autre inquiétude : le piratage. Le monde du hacking n’a jamais été aussi puissant qu’aujourd’hui, et les voitures intelligentes et connectées pourraient très bien être la cible de certains informaticiens malhonnêtes. Le sujet a été relancé en juillet 2015 par deux « pirates » américains, Charlie Miller et Chris Valasek. Les deux génies du web ont réussi à prendre le contrôle d’une Jeep Cherokee à distance, tout en empêchant son conducteur de faire quoi que ce soit.
Dans la revue Science du mois de juin, trois chercheurs du MIT interrogent la capacité des voitures autonomes à faire face aux imprévus humains. Que ferait une voiture autonome si elle avait le choix entre sacrifier la vie de ses passagers, ou celles de piétons qui traversent ? Des études de psychologie des années 1960 montrent bien que l’homme, dans la précipitation, aura toujours tendance à privilégier le sacrifice(1). Cependant la machine obéira aux algorithmes qui définissent son intelligence artificielle. Dans ce genre de situation, l’IA est encore loin d’avoir trouvé une réponse.
Les constructeurs en marche vers l’autonomisation
Toutes ces questions, et bien d’autres encore, seront abordées lors de l’Intelligent Mobility à Londres. Si tous les constructeurs se sont engagés, à la suite de Google et Tesla, dans la recherche et le développement de voitures autonomes, reste à savoir si les législations et la société civile seront capables de les accepter un jour. Pour l’instant, cinq États américains ont déjà autorisé les véhicules autonomes. La France quant à elle, n’a pour l’instant autorisé que des zones de tests dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.