Jane Goodall est une héroïne incontournable de l’écologie, qui a encore une actualité chargée. Figure du film Animal, de Cyril Dion, ambassadrice de sa fondation, elle a également récemment publié un livre, Le Livre de l’Espoir.
À 88 ans, elle parcourt encore le monde pour défendre l’environnement et suscite l’enthousiasme à chaque conférence qu’elle prononce. Le 21 mai dernier, elle était par exemple l’invitée d’honneur du ChangeNow Summit à Paris. Portrait d’une grande écologiste.
Jane Goodall, une vie au service des chimpanzés
Jane Goodall est une éthologue et anthropologue britannique, née en 1934. Elle débute la vie active en tant que secrétaire, les longues études étant rares pour les femmes à cette époque. Elle se rend au Kenya en 1957, où elle commence à travailler en tant que secrétaire pour un archéologue.
Révolution dans l’étude des animaux sauvages
Dès 1960, elle décide de s’installer seule auprès des chimpanzés, en Tanzanie, pour étudier leur comportement. C’est alors qu’elle débute la plus longue étude de terrain jamais réalisée sur les animaux sauvages. C’est elle qui découvre de nombreuses facultés des chimpanzés : qu’ils utilisent des outils, qu’ils chassent pour la viande, qu’ils entretiennent des liens forts au sein de leur famille. Elle a révolutionné les rapports entre les hommes et les animaux en apportant un regard neuf sur leur étude.
Ce n’est que plus tard, en reprenant les études, qu’elle obtient un doctorat en éthologie et en anthropologie. En 1977, elle fonde l’Institut Jane Goodall, qui promeut la conservation de la biodiversité. Elle se consacre alors plus largement à la défense de l’environnement à travers l’éducation.
Jane Goodall, une femme et une fondation pour défendre la nature
Jane Goodall réussit à garder foi en l’humain et espoir dans la force de la nature ; c’est ce qu’elle écrit dans sa dernière parution, Le livre de l’Espoir : « la capacité de résilience de la nature est une force immense » ! Elle croit en la capacité des milieux à se régénérer, et aux écosystèmes de se recréer lorsqu’on leur donne un coup de pouce.
Avec sa fondation, elle participe notamment à des programmes de reboisement en Afrique, à recréer des corridors écologiques afin que les espèces puissent migrer. C’est l’un de ses combats : retisser la « tapisserie du vivant », à la fois entre les non-humains, mais également entre les humains et les écosystèmes.
En effet, son expérience auprès des chimpanzés ne l’a pas coupée du monde des humains. Au contraire, dans les années 1980, elle a commencé un programme de microcrédit et d’initiation à l’agriculture durable pour les femmes africaines dans les villages. La réussite du projet a permis de diminuer la déforestation, et ainsi de maintenir les populations de chimpanzés. « L’idée qu’il faut prendre soin des gens pour qu’ils prennent soin de leur environnement fonctionne ! » explique-t-elle à We Demain (n°35, septembre 2021).
Jane Goodall croit en l’éducation des enfants pour améliorer la situation en matière environnementale. Elle a créé en 1991 les programmes Roots&Shoots, qui encouragent les actions positives des enfants en matière sociale ou environnementale. Initiés en Tanzanie, les projets Roots&Shoots sont à présent mis en oeuvre dans 60 pays. Elle constate : « chaque geste compte pour réparer le mal que nous faisons, à notre niveau, juste apporter sa goutte d’eau. Je me suis aperçue que les jeunes […] manifestent une énergie et une créativité incroyables » (We Demain n°35)
Le travail remarquable de Jane Goodall lui a valu de nombreuses distinctions. Depuis 2002, Jane Goodall est « messagère de la paix » de l’ONU. En 1995, la Reine Elizabeth lui décerne le titre de commandeure de l’ordre de l’Empire britannique ; elle est décorée de la Légion d’Honneur en France en 2006. Au cours de sa carrière, elle reçoit également de nombreux prix scientifiques : prix Kyoto, prix prince des Asturies, médaille Benjamin Franklin…
Aujourd’hui, Jane Goodall parcourt le monde pour faire des conférences. Avant le Covid, elle voyageait 300 jours par an ! Aujourd’hui, elle continue à agir sur tous les fronts : la sensibilisation, l’écriture d’ouvrages, et elle garde un pied à terre en Tanzanie, jamais loin de ses chimpanzés.
Illustration bannière : Jane Goodall lors d’une conférence en 2019 à Budapest – © vitrolphoto / Shutterstock