Quatre baleiniers japonais ont pris la mer en début de semaine, à destination de l’Antarctique, après un an de suspension de ces expéditions qualifiées de crime contre la nature par les défenseurs de l’environnement.
Le Japon envoie des baleiniers « de recherche » dans l’Antarctique
Le Japon a repris cette semaine la chasse à la baleine jusqu’à la fin du mois de mars 2016, sous prétexte de « mieux connaître les baleines et veiller à la survie de l’espèce ». L’Agence nationale de la pêche l’a annoncé sur son site internet, le 30 novembre, précisant que 160 personnes réparties sur un « bateau-mère » et trois autres navires participent à cette nouvelle mission officiellement « au nom de la science ».
En 2014 le Japon avait été contraint de renoncer à la pêche aux cétacés après une décision de la Cour internationale de justice (CIJ), qui, saisie par l’Australie, avait jugé que le Japon détournait à des fins commerciales une activité présentée comme étant destinée à la recherche animale. Selon Tokyo, son programme scientifique est destiné à faciliter la compréhension des écosystèmes marins de l’Antarctique.
En 2013, les baleiniers japonais ont harponné 417 cétacés en Antarctique et 115 dans le Pacifique Nord-Ouest, toujours au nom de la recherche. Depuis, le Japon a soumis un nouveau programme à la Commission Baleinière Internationale (CBI), dans lequel il prévoit de capturer 3.996 petits rorquals en Antarctique dans les 12 prochaines années, soit 333 par saison, contre environ 900 dans le cadre du précédent programme condamné.
La chasse à la baleine, une tradition ancestrale
Pour les autorités japonaises, il s’agit de pêche scientifique et, en cela « cette décision est conforme au traité international, signé en 1986, qui interdit toute pêche à but commercial », indique le journal japonais Yomiuri Shimbun(2). Un avis que ne partage pas l’Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont fermement condamné cette décision, notamment dans la presse où les journalistes australiens et néo-zélandais n’hésite pas à parler de « chasse », de « tuerie » ou encore de « massacre », la presse nipponne ne parle que de « pêche » des cétacés.
L’archipel estime que consommer de la baleine fait partie de sa culture culinaire et que la plupart des espèces ne sont pas en danger. Si des instances telles que la CIJ ou la CBI souhaitent son abandon, le Japon n’a toujours pas renoncé à cette tradition ancestrale tant défendue par le premier ministre Shinzo Abe. C’est après la Seconde guerre mondiale que l’industrie baleinière a connu son essor. Il y avait une urgence à nourrir une population affamée.
Ce nouveau plan présenté à la CBI a été jugé nécessaire par Tokyo pour collecter des informations sur l’âge de la population baleinière. Le Japon dit avoir besoin de ces données pour définir un plafond de captures afin de ne pas menacer la survie de l’espèce.