Les Jeux Olympiques se suivent et se ressemblent, du moins en matière d’environnement. Lors de sa nomination, le comité organisateur promet des Jeux exemplaires en matière d’écologie. À l’arrivée, les impératifs de temps, les budgets et les contraintes inhérentes à une telle organisation transforment les JO en désastre écologique.
JO 2018 de Pyeongchang : et la durabilité ?
Les Jeux Olympiques d’hiver de 2018 débutent demain, jeudi 9 février, en Corée du Sud. Si les sportifs ont déjà fait parler d’eux en matière de dopage, on a peu entendu parler de l’organisation des Jeux Olympiques du point de vue environnemental.
Les faits sont là : si le Comité Olympique (CIO) fait de la « durabilité » l’un des piliers de l’organisation des Jeux, rien sur le site officiel de Pyeongchang 2018 en français ne fait référence à l’environnement. Il faut creuser un peu pour trouver des informations.
Les Jeux Olympiques d’hiver, peu écologiques par nature
Tout événement sportif international possède un poids en matière d’environnement : la construction des infrastructures pèse lourd, ainsi que les déplacements des sportifs, supporters et journalistes des quatre coins du monde.
En outre, les JO d’hiver supposent des conditions d’enneigement optimales : pour cela, les organisateurs ont recours à la neige artificielle, très gourmande en eau, ou épandent des produits chimiques sur les pistes, que l’on retrouve ensuite dans les sols et les nappes phréatiques. Les infrastuctures fermées comme les patinoires sont également très consommatrices d’eau et d’énergie pour pouvoir assurer le bon état des terrains.
Pourtant, Pyeongchang 2018 se veut exemplaire en matière environnementale. Les organisateurs affichent un objectif ambitieux : la neutralité carbone de l’évènement. Pourtant, la totalité des émissions de gaz à effet de serre liées à l’événement est évaluée à près d’1,6 millions de tonnes équivalent CO2(1) ! Même s’il semblerait que cet impact carbone ait été compensé « à 84 %« , un tel événement laisse forcément des traces dans l’atmosphère déjà chargée de l’Asie du Sud-Est.
Autre indicateur-clé en matière environnemental justement : la qualité de l’air, mesurée tous les jours sur le site Internet officiel. Tous les indicateurs sont au vert… pour l’instant. L’arrivée des sportifs et les trajets en voiture mineront peut-être ce bon bilan.
Des forêts centenaires rasées pour les J.O d’hiver
De même, Pyeongchang se veut exemplaire en matière de reforestation et avance un chiffre : 223 % des surfaces boisées impactées par les constructions olympiques ont été replantées ! Toutefois, ce pourcentage impressionnant est l’arbre qui cache la forêt : des forêts centenaires ont été rasées pour l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver.
Le Guardian dénonce un « désastre écologique« , en annonçant en 2015 que « des dizaines de milliers d’arbres des pentes du Mont Gariwang, y compris des espèces rares et anciennes, ont été rasées« (2).
En outre, le site est considéré comme sacré par certains Coréens, ayant été protégée par la dynastie Chosun au 15e siècle. Cette forêt, l’une des rares forêts primaires de Corée, possédait un statut protégé. Or « 78 hectares de forêt ont vu leur statut spécial supprimé pour faciliter l’organisation des Jeux« , dénonce le Guardian. Même si des arbres seront replantés et que les plus anciens spécimens ont été déplacé, l‘impact en termes de biodiversité est irréversible, déplorent les associations de protection de l’environnement coréennes.