Contraction de « biologique » et de « diversité », la biodiversité représente l’ensemble des êtres vivants et des écosystèmes : 3 à 100 millions d’espèces vivantes en tout sur notre planète. Mais elle « s’éteint 100 fois plus rapidement que son rythme naturel », selon Ravi Sharma, directeur de la Convention sur la Diversité Biologique. La Journée Mondiale de la Biodiversité (22 mai) est l’opportunité de souligner le lien entre consommation et biodiversité, jusque dans vos pots de cosmétiques : vos crèmes peuvent aussi préserver la beauté de la planète(5) !
La biodiversité menacée, la responsabilité des cosmétiques
Le Ministère du Développement Durable a recensé 5 causes majeures d’atteinte à la biodiversité : la destruction des milieux naturels liée à l’urbanisation croissante, l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, les pollutions, la surexploitation d’espèces sauvages (surpêche, déforestation, braconnage) et le changement climatique(4).
Du côté de l’industrie cosmétique, quoique souvent évoquée, la biodiversité ne donne que trop rarement lieu à des mesures de préservation concrètes. On pense notamment aux atteintes très significatives à la biodiversité dont est responsable ce secteur au travers de son utilisation d’huile de palme et surtout de ses dérivés. Les cosmétiques entraînent ainsi une déforestation massive en particulier en Asie du Sud-Est. On peut aussi évoquer leurs effets sur la surpêche de requins pour en extraire le squalane, un ingrédient hydrogéné très prisé pour hydrater la peau.
Ces deux exemples montrent que l’industrie cosmétique doit entièrement revoir les chaînes d’approvisionnement de bon nombre des ingrédients naturels qu’elle utilise.
Comment éviter d’utiliser des cosmétiques nuisibles à la biodiversité ?
Pour veiller au respect de la biodiversité, il est important de se questionner sur la provenance des ingrédients. Sont-ils naturels ? Si oui, proviennent-ils majoritairement d’une seule et unique source ? Ont-ils été prélevés de manière durable et dans un partage juste des bénéfices économiques ?
Actuellement, l’huile de palme est le meilleur exemple d’une exploitation non durable d’un ingrédient d’origine naturelle. Utilisée pour fabriquer des milliers d’ingrédients cosmétiques différents, sa surexploitation est responsable d’une déforestation massive entraînant l’extinction de milliers d’espèces vivantes (orangs-outans, tigres de Sumatra,…)
Pour éviter d’utiliser des cosmétiques qui nuisent à la biodiversité, comment nous l’expliquions, si un ingrédient est composé avec le suffixe « capryl » ou des préfixes « lauryl », « cetear », « stear », « palm », « myr(ist) », ou « dodec », vous pouvez avoir la quasi-certitude qu’il s’agit là de dérivés d’huile de palme. Par ailleurs, n’oubliez pas les alternatives de cosmétique bio.
Vous pouvez aussi éviter d’utiliser des cosmétiques à base d’ingrédients d’origine animale constitutifs de celui-ci, ayant entraîné sa mort lors du prélèvement, en privilégiant des produits portant un label.
Des consommateurs sensibilisés
Même si la notion de biodiversité est complexe, les consommateurs comprennent de plus en plus le lien entre leurs actes et l’importance de la préserver. Chaque année, l’UEBT (Union for Ethical Bio-Trade) interroge les consommateurs sur la biodiversité dans quelques pays comme le Brésil, le Mexique, les Etats-Unis mais encore l’Allemagne, l’Angleterre ainsi que la France. Sur le panel de consommateurs interrogés par l’UEBT en 2014, 33 % seulement ont défini correctement la biodiversité (37 % en France).
Toutefois, parmi les consommateurs déclarant dans ce panel utiliser des cosmétiques à base d’ingrédients naturels, 69 % pensent qu’il est essentiel de contribuer personnellement à la biodiversité (contre 48 % en moyenne), et que les entreprises ont le devoir d’extraire leurs ingrédients dans le respect de la biodiversité (contre 50 % en moyenne). Ces personnes portent une importance particulière aux labels, à l’origine des ingrédients et au respect des populations locales(3).
Malheureusement, bien que la biodiversité offre des ressources biologiques (ex : nourriture) et des services (ex : service que nous rendent les abeilles en pollinisant les fleurs pour que les fruits et légumes se développent) d’importance vitale à l’humanité, celle-ci encore trop peu prise en compte par les instances politiques et les industriels. Mais nous avons tous un moyen d’agir tous les jours et très concrètement pour éviter que nos cosmétiques ne dégradent la biodiversité dont nous avons tant besoin !
Ca devient vraiment un cliché que de considérer l’huile de palme comme étant responsable de tous les dérèglements écologiques de la planète. Les utilisateurs de cosmétiques ont été bien contents quand le gras de palme à été substitué aux graisses animales lorsque il n’a plus été possible de tuer des baleines. La culture du palmiers est une culture pérenne donc durable. Un palmier à huile peut être exploité pendant 25 à 30 ans et 60% de l’huile de palme mondiale est produite par des plantations familiales. Pourquoi personne ne s’insurge quand le Brésil ou le Etats unis exploitent sans vergogne des millions d’hectares de cannes à sucre ou de soja transgénique ? Que doit-on penser des grandes plaines d’Ukraine ou bien d’Australie où le blé à pris la place de toutes les autres espèces ?… Pourquoi ne pas parler aussi du Sud de l’Espagne où du Maroc qui alimentent les hypermarchés français à grand coup de fertilisants, herbicides et arrosage automatique ?
La biodiversité commence en bas de votre rue et concerne aussi les insectes et les petits animaux qui vivent sur votre balcon. Ca ne sert à rien de parler des grands signes quand la plupart des gens ne respecte pas l’environnement dans lequel ils vivent et n’ont aucune idée de ce que ça signifie au quotidien. Je serais heureux que le débat sur la biodiversité se recentre à un niveau plus local et qu’on arrête de stéréotyper l’exploitation du palmier à huile. Merci.