Depuis 1996, la ‘journée sans voiture‘ permet aux grandes villes du monde d’expérimenter une journée exceptionnelle de fermeture de la ville aux véhicules à moteur thermique. Une façon pour les piétons, les cyclistes et les transports en commun de s’approprier l’espace urbain et d’encourager les mobilités plus propres, moins consommatrices d’énergie et moins dangereuses. Initialement fixées au 22 septembre au niveau européen, les journées sans voiture font à présent partie d’une initiative plus large appelée Semaine européenne de la mobilité. En avez-vous entendu parler cette année ?
La semaine de la mobilité et la journée sans voiture dans un contexte particulier de pandémie
Du 16 au 22 septembre 2020 s’est tenue la semaine européenne de la mobilité, un événement créé par la Commission européenne pour d’une part sensibiliser le public à privilégier la marche, le vélo ou les transports en commun, et d’autre part encourager les collectivités à promouvoir les modes de transport doux, en facilitant leur utilisation par le biais d’investissements dans de nouvelles infrastructures.
En bref, une semaine pour comprendre les enjeux et participer à diminuer la pollution atmosphérique et les nuisances en ville, dont le point d’orgue est sensé être la désormais célèbre journée sans voiture.
Lancée en 2020 sur le thème « Zero-emission mobility for all » (mobilité zéro mission pour tous), l’objectif est d’inciter le plus grand nombre de personnes à adopter une démarche éco-citoyenne pérenne, en privilégiant les déplacements actifs et alternatifs à la voiture particulière : transports publics, covoiturage, autopartage, vélo…
Mais la crise sanitaire est passée par là. Les habitudes de mobilité des Européens semblent avoir été assez peu modifiées par la pandémie de coronavirus. Certes, pour les travailleurs urbains qui ne peuvent pas faire de télétravail, le vélo et la marche à pied séduisent davantage, au détriment des transports en commun. Mais les mesures de lutte contre l’épidémie ont aussi des conséquences pour le secteur de la mobilité partagée, impactant les citoyens péri-urbains ou ruraux…
Pourtant la promotion des mobilités douces et des pistes de réflexion pour bouger différemment n’ont pas vraiment fait l’actualité des événements de cette semaine passée.
Les constructeurs automobiles aux abois
Après l’annonce fin mai d’un large plan de soutien à la filière automobile, le plan France Relance destine 11 milliards (sur les 100 débloqués au total) au secteur des transports, avec entre autres :
- 4,7 milliards d’euros pour le ferroviaire (secteur « oublié » des annonces post-confinement selon de nombreuses associations environnementales) : investissements dans le fret, rénovations de lignes de proximité, trains de nuits.
- 1,2 milliard d’euros pour les déplacements quotidiens et notamment au développement du vélo. 700 millions serviront aux transports en commun en Île-de-France, pour les projets Eole, les extensions de lignes de métro, les tramways, la modernisation des RER… Contre 300 millions pour les transports en commun en région !
- 1,9 milliard d’euros pour l’incitation à l’achat de véhicules propres (bonus, prime à la conversion). Avec un objectif affiché : produire plus d’un million de véhicules électriques en France par an d’ici 2025.
Lire aussi : VTC, covoiturage, trottinettes… Ce qu’il faut retenir de la loi Mobilités
Au final, la grande gagnante pourrait bien être la voiture individuelle ?
Malgré 40 millions de voitures en circulation en France, des milliards de subventions à l’industrie automobile, la publicité automobile omniprésente sur tous les supports média, des personnalités politiques qui rechignent à montrer la voie d’une mobilité moins carbonée, beaucoup pestent encore contre les incitations à la transition en matière de transport.
Ainsi, Carlos Tavares Carlos, président du directoire de PSA, a vivement critiqué lors d’une interview au Journal du Dimanche, l’existence des primes à la conversion et les objectifs CO2 fixés par la commission européenne, sous prétexte qu’ils perturbent fortement le marché automobile(1). Il dénonce également : « Nous sommes face à un lobby anti-automobile hyper puissant » ! Ce lobby puissant qu’il évoque serait-il celui du… vélo ?
Sur TF1, ces mêmes cyclistes (ou adeptes de mobilité douce) vont jusqu’à être accusés de la fermeture d’usines et des pertes d’emplois qui en découlent !
Au JT de 20h de TF1
Les «pistes cyclables en surnombre» invoquées dans le commentaire sur la fermeture de Bridgestone.
Et en conclusion :
«Moins de voitures, c’est moins d’usines et moins d’emploi. Un chômeur qui roule à vélo, c’est d’abord un chômeur»Repéré par @homecinema94 pic.twitter.com/N4kqnrr48s
— Emmanuel (@EmmanuelSPV) September 20, 2020
Pourtant l’urgence à présent ne serait-elle pas non pas de permettre de se déplacer davantage, mais plutôt de réfléchir aux façons de mieux bouger ? Moins, mais mieux…
Journée sans voiture 2020
Cette année, la journée sans voiture videra Paris (à l’exception d’une partie des bois de Boulogne et Vincennes) de ses véhicules le 27 septembre 2020 de 11h à 18h.
Entièrement fermée à la circulation, la capitale deviendra piétonne, et Parisiens comme visiteurs sont invités à la parcourir pour l’explorer et à profiter d’animations gratuites dans une tranquillité rare. À pied, à vélo, en trottinette ou tout autre mode de transport silencieux et non polluant ! Sans moteur, mais pas sans masque…
Et dans votre ville ?