Juste, une marque de vêtements 100 % écolo

consoGlobe : Comment est née l’idée de créer la marque « JUSTE, la révolution textile » ? Et d’ailleurs, pourquoi ce nom ?

Myriam, fondatrice et directrice et Marco, directeur artistique © Juste, la révolution textile

Myriam Underwood : Après avoir travaillé 7 ans dans la mode, au sein de marques de prêt-à-porter, j’ai commencé à me poser des questions sur la nécessité de faire un travail qui a du sens. Je me rendais compte que j’étais de plus en plus déconnectée du côté humain derrière le vêtement.

J’envoyais des fiches produits en Chine et ces derniers revenaient au studio en prototypes. Je n’ai jamais eu aucune information sur les personnes qui les fabriquaient, ni sur l’endroit où ils étaient fabriqués.

Suite à un déménagement à la campagne, je suis devenue de plus en plus sensible à toutes les initiatives citoyennes pour consommer local et écologique. J’ai commencé à rechercher des vêtements qui présentent la même traçabilité que l’alimentation et c’est là que je me suis rendu compte que ça n’existait pas.

L’originalité de votre marque est de proposer des produits dont la conception est totalement transparente : comment ceci se matérialise-t-il ? (informations clients, etc.)

Nous communiquons sur tous nos fournisseurs, même ceux chez qui nous achetons le kraft pour l’emballage ou nos enveloppes. Nous avons cherché pendant plus d’une année les usines les plus engagées, celles qui ont un vrai souci de l’environnement. Celles qui produisent leur propre matière première et la transforment, en France, près de leur usine. Nous donnons les noms, les adresses des usines.

Cela me parait normal que les clients sachent où, par qui, comment sont fabriqués les vêtements qu’ils portent. Je souhaitais aussi que d’autres marques responsables puissent bénéficier de ces longues et fastidieuses recherches de fournisseurs.

© Van Robaeys Frères

Lorsque nous avons débuté le projet, j’ai été très surprise qu’aucune marque sollicitée, pourtant écologique, engagée, Made in France… ne souhaite partager les noms de ses fournisseurs.

Si mes fournisseurs gagnent de nouveaux clients grâce aux informations que je partage sur mon site, tant mieux pour eux ! A l’heure où presque toutes les usines en France ferment leur porte ou survivent difficilement dans le contexte actuel de délocalisation, il est indispensable de partager les informations de façon solidaire !

Vous proposez une gamme de produits made in France : cela signifie-t-il que de la conception au produit final, le produit est intégralement produit sur l’Hexagone ?

L’ambition est de réaliser chaque étape en France, à partir de la conception jusqu’à l’étiquette et l’emballage du produit. Nous avons presque réussi puisqu’aujourd’hui, il n’y a que l’étape de la filature du lin pour laquelle nous n’avons pas trouvé de partenaire français, mais italien.

Nous avons réalisé des reportages sur tous nos fournisseurs, nous les visitons régulièrement et nous leur avons demandé précisément quels étaient les produits chimiques utilisés dans les processus.

Naturellement, nous avons choisi, à chaque fois que c’était possible, et même si cela représentait un coût très important, des fournisseurs utilisant des produits certifiés (Oeko-Tex, GOTS, Reach, ECO-PASSEPORT).

Les tarifs proposés sur votre site s’échelonnent de 42 euros pour une écharpe à 129 euros pour un gilet tricoté 100 % lin : pensez-vous que ces tarifs soient accessibles à tous les publics ?

Malheureusement, ces tarifs ne sont pas accessibles à tout le monde et lorsque nous avons commencé le projet, l’idée était justement de proposer des vêtements écologiques, traçables et fabriqués en France au prix le plus bas possible.

Mais les matières que nous utilisons, le lin et la laine, sont chères. La première est certifiée, elle est cultivée en France et en petite quantité. La deuxième est également produite en toute petite quantité, dans la région PACA et transformée localement, dans la Creuse.

Aujourd’hui, nous n’avons plus la notion des prix dans le textile mais faire transformer, teindre, tricoter et confectionner en France représente un coût très important. Les prix des vêtements JUSTE, la révolution textile sont le reflet de ce que coûte la fabrication de vêtements dans des usines où les travailleurs ont un salaire leur permettant de vivre, des congés payés, des horaires décents, des normes de sécurité…

La marge pratiquée sur chaque vêtement est très réduite et nous permet seulement de payer les charges de l’entreprise pour le moment. Le but est de produire de plus en plus au fil des années ce qui nous permettra de réduire une partie des coûts de fabrication. Nous communiquons sur l’ensemble de la constitution des prix sur notre site (http://www.larevolutiontextile.fr/le-prix-juste-made-in-france/)

Le lin est une matière phare dans les produits que vous proposez : pourquoi ce choix ? Proposez-vous d’autres matières dans vos créations ?

Le lin européen est la fibre la plus saine, la plus écologique et la seule qui soit vraiment locale, avec la laine. Elle n’a qu’un inconvénient : elle est très chère ! Surtout lorsqu’elle est transformée en France et filée en Europe.

Contrairement aux autres fibres naturelles, elle n’a pas besoin d’irrigation pour pousser et de très peu d’intrants chimiques, c’est dix fois moins que pour d’autres fibres. C’est la seule fibre qui pousse en France et elle est à elle toute seule : thermorégulatrice, hypoallergénique et antibactérienne. Difficile de faire mieux ! La laine issue de mérinos blancs d’Arles et transformée dans la Creuse est la matière que nous avons choisie pour la collection d’hiver. À venir dans les prochains jours sur le site.

Alors, séduits par cette initiative ? Comment choisissez-vous vos vêtements : privilégiez-vous les vêtements écologiques et fabriqués en France ?