Les chercheurs ont découvert que l’exposition à la chaleur était associée à un déclin cognitif plus rapide chez les résidents des quartiers défavorisés, soulignant la nécessité d’une intervention ciblée.
Canicule : gare aux expositions répétées ou prolongées
Les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes et intenses en raison du changement climatique et des îlots de chaleur urbains. Bien que la chaleur extrême soit déjà reconnue comme une cause majeure de décès, son impact sur la fonction cognitive est un domaine d’étude relativement récent. Des études antérieures ont suggéré que des températures élevées pourraient affecter négativement la fonction cognitive. Cependant, ces études se sont généralement concentrées sur les effets à court terme après une brève exposition à la chaleur, laissant les effets à long terme largement inexplorés.
Virginia Chang, professeur associée en sciences sociales et comportementales à l’École de Santé publique mondiale de l’Université de New York (NYU) et auteure principale d’une nouvelle étude publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health, souligne que « le déclin cognitif peut ne pas se manifester immédiatement après un seul événement de chaleur, mais des expositions répétées ou prolongées à la chaleur extrême peuvent être préjudiciables ». Elle ajoute que l’exposition cumulée à la chaleur extrême peut déclencher une cascade d’événements dans le cerveau, notamment des dommages cellulaires, une inflammation et un stress oxydatif, qui peuvent épuiser la réserve cognitive.
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Facteurs socio-économiques et raciaux obligent, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne face aux canicules
Les chercheurs ont analysé les données de près de 9.500 adultes américains âgés de 52 ans et plus, sur une période de 12 ans. Ils ont découvert que l’exposition élevée à la chaleur était associée à un déclin cognitif plus rapide chez les résidents des quartiers pauvres. En revanche, ceux des quartiers aisés semblaient être protégés. Haena Lee, sociologue à l’université Sungkyunkwan de Séoul et co-auteure de l’étude, explique que « les quartiers aisés ont tendance à disposer de ressources qui peuvent aider en cas de vague de chaleur, comme des espaces verts bien entretenus, la climatisation et des centres de rafraîchissement. Dans les quartiers défavorisés, ces ressources tendent à ne pas exister ».
Les disparités raciales étaient également prononcées. Les adultes afro-américains âgés présentaient un déclin cognitif plus rapide en raison de l’exposition à la chaleur, une tendance non observée chez les adultes blancs ou hispaniques. Une explication possible étant que les personnes âgées afro-américaines ont probablement subi des désavantages systémiques tout au long de leur vie en raison du racisme structurel, de la ségrégation et d’autres politiques discriminatoires.
Ces découvertes soulignent le besoin urgent que les gouvernements élaborent des politiques stratégiques pour soutenir les populations les plus modestes face à la chaleur.
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