Peu après le « Dieselgate », c’est à présent un « TVgate » qui se profile à l’horizon. La manipulation des tests pour rester dans le cadre des lois est-elle une pratique généralisée dans toute l’industrie ?
Volkswagen a ouvert la boîte de Pandore de la manipulation des tests de performance
La sophistication croissante de nos appareils du quotidien et de leurs logiciels peut en effet faciliter la mise en oeuvre de techniques optimisant les résultats aux tests de performance écologique ou énergétique.
Le cadre régissant les tests de performances en laboratoire
La fédération européenne des fabricants d’électroménager alertait dès 2008, sur les risques de pratiques de ce type, comme par exemple, des réfrigérateurs pouvant désactiver certaines fonctions lorsqu’ils sont testés, pour améliorer leur classe énergie(1). La Commission européenne stipule bien que la façon de tester ces produits (normalisée au niveau européen) doit « empêcher qu’un appareil soit programmé pour reconnaître les cycles d’essais et y réagisse de manière spécifique »(2). Mais ce voeu semble être resté pieux face à l’ingéniosité de ceux qui tentent d’exploiter les moindres failles du système. L’UE est aussi sur le point d’interdire aux fabricants d’abuser des tolérances légales pour déclarer des performances plus favorables à ce qu’elles ne sont vraiment(3), pratique hélas répandue dans certains secteurs comme l’éclairage.
Des pratiques pas forcément illégales
Le récent rapport en provenance des États-Unis relance le débat sur des pratiques douteuses dans le domaine des téléviseurs cette fois. Publié par l’ONG NRDC, ce document révèle que certains modèles consomment près de deux fois plus d’électricité dans la vraie vie que ce qui est mesuré lors des tests officiels. En cause, les procédures de test, ainsi que la présence par défaut sur les téléviseurs, de mécanismes abaissant la consommation d’énergie comme par exemple, la modération automatique de la luminosité et du contraste. Or, ces fonctions sont ensuite désactivées sans avertissement, dès que l’utilisateur modifie certains paramétrages de l’image. D’où une consommation qui grimpe en flèche par rapport à celle attendue.
Ces pratiques ne sont pas techniquement illégales, se défendent les fabricants qui exploitent certaines imprécisions dans les réglementations officielles. Mais elles ne respectent pas du tout l’esprit de la loi, qui stipule que la performance énergétique mesurée durant les tests doit être autant que possible, représentative de l’usage réel des appareils.
Certains de ces téléviseurs sont de fabricants très connus qui vendent des modèles similaires sur le continent européen. Ces informations viennent étayer des suspicions déjà formulées par les autorités suédoises sur la capacité potentielle de certains téléviseurs à reconnaître lorsqu’ils sont testés(4).
Plus de controle et de transparence
S’il ne faut pas généraliser hâtivement et condamner l’ensemble de la profession, ces informations renforcent l’urgence et la nécessité de conduire des contrôles stricts et plus systématiques sur les appareils, qui ne se limitent pas aux tests en conditions normalisées. Mentionnons à ce propos un projet européen récemment lancé par une coalition d’ONG et d’organisations, dont Topten, intitulé « STEP » qui prévoit précisément 400.000 euros de tests et d’investigations afin de détecter d’éventuels comportements d’appareils douteux et conditions de test inadéquates.
Pour en savoir plus : www.coolproducts.eu/blog/vw-anniversary (en anglais)
- CECED Anti-circumvention position (2008)
- Mandats européens adressés à CEN, CENELEC et ETSI dans le domaine des appareils électroménagers
- Beyond VW – other firms deceiving their customers http://www.coolproducts.eu/blog/tolerance-abuse
- Voir par exemple http://www.coolproducts.eu/resources/documents/2015-ALL/Cheatware- Swedish-comments.pdf