La sobriété heureuse, à partager

Citoyens en mouvement
Les Colibris, « accélérateurs de transition »

La pensée de Pierre Rabhi se fonde d’abord sur un vécu, une expérience, la sienne, celle d’un agriculteur biologique s’installant sur une ferme cévenole au début des années 1960. Son oasis ayant depuis prospéré, il consacre désormais une bonne partie de son temps à transmettre sa connaissance de l’agroécologie à travers l’association Terre & Humanisme, qu’il a fondée en 1994.

Dans ce sillon, il lance un an plus tard le Mouvement des oasis en tous lieux, membre du réseau européen des écovillages, pour aider des personnes, seules ou en groupe, à gagner des autonomies, en solidarité (potager, autoconstruction…).

Ecovillage©patrick lazic

Le Mouvement Colibris, né en 2007, est une plateforme de rencontre et d’échange qui s’adresse à tous ceux qui veulent agir, cherchent des solutions concrètes ou développent des alternatives pour un nouveau modèle de société fondé sur l’autonomie, l’écologie et l’humanisme.

Colibris, qui a soutenu le film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global », lance en 2011 un projet d’ampleur pour inspirer, essaimer, relier : « Transformons nos territoires ». Pour nous l’expliquer, Cyril Dion, directeur à Paris de Colibris…

Rencontre avec Cyril Dion, directeur de Colibris

Crédit photo Fanny Dion

Consoglobe : en deux mots, pouvez-vous présenter le Mouvement Colibris ?

C. Dion : Pierre Rabhi a entendu, au cours de ses conférences, la forte aspiration des gens à construire une nouvelle société. Il s’est aussi fait écho de leurs difficultés à se mettre en action face à des enjeux considérables qui les découragent plutôt.

Les gens ont envie d’agir mais se sentent seuls. Ils ont souvent l’impression qu’on se moque d’eux en leur demandant d’éteindre une ampoule pour réguler le réchauffement climatique, de prendre une douche pour économiser l’eau…

Des actions qui ne leur semblent pas adaptées aux problématiques. D’où un rejet et une démotivation. Le Mouvement des Colibris est né en 2007 de ces constats.

Que propose Colibris par rapport aux ONG existantes ?

C. D. : On a d’abord cherché à proposer une vision du monde, d’une société vraiment écologique et humaniste, pour donner un but motivant vers où aller. Puis on a essayé d’apporter une réponse au besoin de « reliance » et d’échanges. L’enjeu alors n’est plus de sauver la planète mais de se mettre le plus possible en cohérence avec ses aspirations.

Cela devient un ressort formidable pour l’action ! Vous avez envie de changer des choses ? Colibris va vous aider à vous relier à des dynamiques déjà existantes en France et à améliorer ainsi, au niveau de votre immeuble, votre quartier, votre village, votre propre qualité de vie. Car en fin de compte, se changer soi-même, c’est changer le monde.

Rencontre Colibris. Au Comptoir Général, Paris Février 2010.

C’est quoi le projet « Transformons nos territoires » ?

C. D. : L’idée du projet, qui a démarré en janvier 2011, est de se dire que la réponse ne viendra pas d’en haut mais de nous, des gens qui reprennent en main leur destin. Et il y en a déjà beaucoup !

On prépare un documentaire pour la télévision sur les initiatives les plus abouties qui existent en Europe occidentale et les mouvements citoyens qui les portent (Slow, Villes en transition, Colibris…). On va faire paraître cinq livres sur le thème « A quoi pourrait ressembler le XXIème siècle« .

Puis on fera une campagne présidentielle sans candidat, où plutôt avec nos candidats, c’est à dire vous, nous, à travers des meetings forum-ouvert, un par région, de décembre à mai 2012, avec pour objectif de créer de nouveaux groupes de relais. Vingt personnalités donneront dans un ouvrage collectif leur vision de la société française pour les 50 prochaines années.

Toujours avec la même idée : donner de l’inspiration, réunir les gens pour que de ces petits ferments naissent des choses.