Lorsqu’un arbre est soumis à un étêtage, technique de taille sévère, il subit un stress important. En réponse, l’arbre produit de nombreux rejets fins et fragiles dans le but de régénérer sa cime. Des rejets qui se comportent alors comme de nouveaux arbres entrant en compétition les uns avec les autres. Ces derniers poussent souvent plus haut que la cime originelle, compromettant l’objectif initial de réduction de hauteur et de maintien de l’architecture de l’arbre. De même, quand une branche charpentière est coupée, une plaie importante laisse l’arbre vulnérable aux agressions extérieures. Le bourrelet de recouvrement, partie de l’arbre qui cicatrise la blessure, n’a pas suffisamment de temps pour refermer la plaie. Résultat : la pourriture peut s’installer et creuser l’intérieur de l’arbre, affaiblissant sa structure en profondeur. Autant de raisons de pratiquer une taille plus douce et respectueuse, basée sur la connaissance du sujet à tailler et le respect de la nature.
Sur quels arbres pratiquer la taille douce ?
La taille des arbres est surtout appliquée aux fruitiers à pépins tels que les pommiers et les poiriers, afin de favoriser une bonne fructification année après année. Les arbres fruitiers à noyaux comme les abricotiers, les pruniers et les cerisiers ayant moins de difficultés à produire des fruits, ils nécessitent donc moins de taille. Toutefois, la technique de la taille douce peut être utilisée pour favoriser l’apport de lumière aux fruits situés sur les branches intérieures de l’ensemble des fruitiers. Une taille raisonnée qui convient également à tout arbre, fruitier ou non.
À lire aussi – Les fruitiers à tailler en février-mars pour booster leur production
Les grands principes de la taille douce
Adapter la taille à l’espèce
Premier principe pour pratiquer la taille douce ou raisonnée : commencer dès les premières années et observer attentivement chaque essence. Le but étant de tailler moins, mais mieux. À mesure que l’arbre grandit, sa forme pyramidale s’efface pour laisser place au développement d’autres branches. Les branches principales, qui reçoivent la sève en priorité, doivent être identifiées et préservées en taillant seulement les branches moins vigoureuses.
Pratiquer une taille moins invasive en respectant l’angle de coupe
Autre principe de la taille raisonnée des arbres : favoriser une bonne cicatrisation avec des gestes moins invasifs. La taille douce peut généralement être effectuée à l’aide d’un sécateur, car elle ne concerne que les petites branches. Coupez au-dessus de la ride de la branche, présente sur toutes les essences, laquelle permet de distinguer les branches des gourmands. La taille douce repose aussi beaucoup sur l’angle de coupe, car en le respectant, vous assurez une cicatrisation efficace et rapide. Il est ainsi important de ne jamais couper en plein milieu d’une branche, mais plutôt à son point d’insertion, où se formera naturellement le bourrelet cicatriciel. Comme il s’agit de branches de petit diamètre (5-6 cm), la cicatrisation sera rapide, réduisant de fait les risques de maladies et d’infestation par des parasites.
Pour une bonne cicatrisation de l’arbre, veillez également à ce qu’il n’y ait pas de chicot à l’issue de la coupe. Celle-ci doit être nette et ne pas entamer le col ni déborder sur la ride d’écorce. S’il faut couper l’un des deux brins formant une fourche, trouvez le juste milieu et évitez de couper de façon trop perpendiculaire ou trop inclinée, car cela augmente les risques de mauvaise cicatrisation.
À savoir : le tire-sève est un procédé visant à raccourcir une branche tout en lui laissant un bourgeon terminal. Ce dernier inhibe la croissance des bourgeons situés en dessous, qui peuvent pousser de façon anarchique. Pour conférer à un rameau secondaire la fonction de tire-sève, il faut couper juste au-dessus de celui-ci en veillant à ce qu’il ne soit pas trop petit.
À lire – Fabriquer un mastic cicatrisant pour arbres et arbustes : 3 recettes
Préserver la biodiversité
Enfin, troisième principe fondamental de la taille raisonnée : respecter la biodiversité, à savoir l’ensemble des usagers d’un arbre, auxquels on ne pense pas nécessairement. La conservation de certains bois morts sous l’arbre peut offrir favoriser la biodiversité en accueillant de petits animaux et des micro-organismes importants pour la vie du sol. Il peut toutefois être nécessaire, au cas par cas, de supprimer les branches mortes pour des raisons de sécurité, notamment liées aux promeneurs ou lors des épisodes de sécheresse importante favorisant les départs de feu.
Quand pratiquer la taille raisonnée ?
La taille douce peut être pratiquée presque toute l’année, de préférence pendant les périodes où la sève circule, ce qui facilite la cicatrisation. Evitez toutefois les périodes de montée de sève, notamment pour les bouleaux et les érables. Pour les vieux arbres, l’été permet de distinguer plus facilement le bois mort du bois vivant. Enfin, mieux vaut éviter de tailler un arbre durant les périodes extrêmes de gel et de sécheresse, où les végétaux sont déjà soumis à rude épreuve.
La fréquence de la taille dépend de l’âge de l’arbre : plus il est âgé, moins la taille doit être fréquente et vice versa. Ainsi, un arbre de plus de 30 ans doit être taillé tous les 10 ans environ, tandis qu’un arbre de dix ans doit généralement être taillé tous les 2 ans. La taille douce doit cependant commencer dès la plantation de l’arbre et se poursuivre tout au long de sa vie ; ce qui évite d’avoir à pratiquer une taille de rattrapage bien trop sévère.