Lâchers de ballons, un véritable danger pour l’environnement et la biodiversité

L’été approche, le temps est au beau fixe, et la saison des mariages et des fêtes de famille commence. Avec elle, celle des lâchers de ballons en pleine nature : chaque année, environ 1 million de ces ballons, s’envolent et dérivent en France. Selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), les ballons en latex entrent dans le top 10 des déchets récréatifs retrouvés sur le littoral. Alors, peut-on continuer à organiser des lâchers de ballons ?

Rédigé par Elise Racque, le 17 May 2016, à 16 h 00 min
Lâchers de ballons, un véritable danger pour l’environnement et la biodiversité
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Ces poches de latex composées le plus souvent de caoutchouc transformé, mais aussi d’encres chimiques, s’avèrent toxiques pour l’environnement. Un premier débat a été lancé ces dernières années au sujet de présence trop importante de nitrosamine, ce composé chimique cancérigène interdit dans les tétines de biberon. On avait alors conseillé aux utilisateurs de ne pas gonfler les ballons à la bouche mais en utilisant un gonfleur, afin de ne pas ingérer cette molécule dangereuse. Mais si l’on prévient les risques pour l’être humain, qu’en est-il pour nature ? Une fois lancés dans les airs, qu’advient-il de ces ballons ?

Un impact sur la chaîne alimentaire

La plupart explosent en vol, d’autres se dégonflent, et les déchets plastiques s’éparpillent alors dans la nature où ils restent pendant des années, et risquent d’intoxiquer les animaux.

Charlotte Nithart, porte-parole de l’association Robins des Bois, auteure d’un « Atlas de la France toxique » sorti le 4 mai dernier, s’inquiète des conséquences sur la faune, et notamment les oiseaux : « Beaucoup de ces ballons se retrouvent en mer ou sur les littoraux. Les oiseaux sont alors les plus susceptibles d’ingérer ces déchets toxiques. En effet, les lambeaux de ballons ressemblent aux leurres utilisés par les pêcheurs, et les oiseaux peuvent les prendre pour des poissons. »

Pire encore, en se décomposant, les morceaux de latex deviennent microscopiques et se transforment en faux micro-plancton, à la base de la chaîne alimentaire qui se retrouve donc touchée dans son ensemble.

Les ballons biodégradables, une bonne alternative ?

Certains producteurs et vendeurs se targuent de commercialiser des ballons gonflables en latex naturel, non toxiques pour l’environnement. C’est le cas de l’entreprise Vertlapub, basée à Trélazé dans le Maine et Loire, et qui vend des ballons biodégradables dans toute la France. « Les pigments du latex sont organiques et les encres sont végétales. » explique Guillaume Gourdon, fondateur de la firme. Néanmoins, il ne vend qu’à des professionnels qui désirent faire leur publicité sur ses ballons, et non pas à des particuliers qui souhaiteraient les lâcher dans la nature dans le cadre d’un événement festif. La raison ? « On n’encourage pas les lâchers de ballons, car même s’ils sont biodégradables, il y a un temps nécessaire pour qu’ils se dégradent. Cela peut prendre des années ! » 

L’association Robin des Bois confirme. L’organisme a réalisé des tests avec des ballons biodégradables placés en plein air en 2008, exposés aux intempéries. Le latex s’use, se délite, mais est bien toujours là, 8 ans plus tard.

Vers une interdiction totale ?

Pour la porte-parole de l’association, la seule solution serait une interdiction totale des lâchers de ballons. Si certaines communes, notamment celles de l’Île de Ré, ont déjà procédé à cette interdiction, Charlotte Nithart reste lucide : « On aura beaucoup de mal à obtenir le bannissement complet de cette pratique fortement ancrée dans la société française. De plus, les lobbies des fabricants sont très présents ; la fête est une vraie industrie ! »

Elle note cependant un signe d’espoir du côté du gouvernement. Fin 2015, le Ministère de l’écologie français a en effet publié un guide prévenant des risques de pollution liés aux lâchers de ballons. Il y est rappelé que l’organisateur d’un lâcher de ballons est considéré comme un producteur de déchets, et que « […] Tout producteur ou détenteur de déchets est responsable de la gestion de ces déchets jusqu’à leur élimination ou leur valorisation finale […] »

pollution lâchers de ballons gonflables

La pollution par le plastique responsable d’une catastrophe écologique © Pixeljoy Shutterstock

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (l’ADEME), souligne d’ailleurs que  « l’appellation biodégradable, compostable ou plus généralement dégradable ne peut en aucun cas être prétexte à l’abandon du produit dans la nature. » 

En attendant une potentielle interdiction, petit rappel : si vous organisez un lâcher de ballons, vous devez en avertir le maire de la commune concernée un mois avant l’événement, et obtenir soit une autorisation de la mairie pour un lâcher de moins de 1.000 ballons, soit de la préfecture pour plus de 1.000 ballons.

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Journaliste en formation, j’ai le sentiment de vivre une période charnière où l’information sur les modes de vie alternatifs et l’environnement prend...

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