Si l’enquête vient tout juste d’être ouverte, la pollution de la Seine par LafargeHolcim était dénoncée depuis au moins avril 2019.
Pollution de la Seine – Tous les sites de LafargeHolcim en Ile-de-France seront contrôlés
Les riverains de la Seine ont enfin bon espoir que la pollution intentionnelle du fleuve par des cimenteries situées en plein Paris cesse, après que Europe 1 ait diffusé une vidéo du déversement dans la Seine des eaux polluées sur le site de LafargeHolcim dans le quartier de Bercy.
Le parquet de Paris s’est empressé de confier l’enquête à l’Office français de la biodiversité (OFB) et la brigade fluviale. « Ces actes sont intolérables. J’attends des explications du Groupe Lafarge et j’ai d’ores et déjà décidé de lancer une opération de contrôle de l’ensemble de ses installations qui bordent la Seine en Ile-de-France », a déclaré Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, sur son compte Twitter.
J’ai demandé aux inspecteurs de l’environnement du ministère @Ecologie_Gouv de se rendre sur place. Comme le prévoit la loi, les responsables seront poursuivis et répareront les dégâts.https://t.co/063TbHtEVx
— Barbara Pompili (@barbarapompili) September 1, 2020
Alors, que se passe-t-il exactement sur les sites LafargeHolcim à Paris ? Sur son site de Bercy, LafargeHolcim lave les camions toupies. Les résidus de ciment s’écoulent ensuite dans un bassin de décantation muni d’un trou, qui laisse s’écouler le liquide blanchâtre d’abord sur la berge, puis dans la Seine.
Selon l’OFB, ces eaux sont un mélange de particules de ciment, de liquides de traitement et des microfibres de plastique. L’épaisseur de la couche blanchâtre sur la berge laisse penser que ce déversement est pratiqué depuis longtemps.
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LafargeHolcim à Paris : une pollution qui n’est pas nouvelle
Sur son autre site parisien, au niveau du pont Mirabeau, LafargeHolcim laisse ses camions toupies se vider directement dans la Seine.
La pratique avait été mise à jour par l’association Rivjavel (qui regroupe les riverains des quais Louis Blériot, André Citröen et du Port de Javel) dès 2019, qui avait alors alerté les élus, photos à l’appui.
Voici des photos d’un camion-toupie de la Centrale à béton Lafarge se vidangeant directement dans la Seine #pollution #paris15 #paris16 pic.twitter.com/UuN9gkJv31
— Association Rivjavel (@rivjavel) June 13, 2020
En avril 2019, la conseillère de Paris Danielle Simonnet avait d’ailleurs publié une vidéo dénonçant la pratique et s’interrogeant sur le bien-fondé de la dérogation que la préfecture avait accordée à LafargeHolcim pour l’exploitation de ce site. Mais aucune enquête pénale n’avait été ouverte à l’époque.
En effet, alors que la concession de LafargeHolcim avec Ports de Paris devait prendre fin en 2017, elle a été renouvelée pour 20 ans. LafargeHolcim a en plus été autorisé à doubler l’emprise géographique, multiplier la production par 2 et multiplier le stockage d’adjuvant chimique par 3.
Cela, alors que le lit de la Seine est inondable : en cas de crue, la matière dangereuse stockée sur le site rejoindrait le lit de la Seine.
Aujourd’hui on parle de Lafarge. Pas de son financement à Daech en Syrie mais de l’usine ultra-polluante qui va être agrandie à Paris 15e. Mes questions :
➡️ Pourquoi le préfet a accepté de déroger à la loi pour ce projet ?
➡️ Pourquoi la ville a accordé le permis de construire ? pic.twitter.com/zeNZ8gzzmj— Danielle Simonnet (@Simonnet2) April 26, 2019
En plus, le site est construit sur une canalisation de gaz à haute pression – normalement, la construction de tout bâtiment ou voie de circulation doit être interdite sur un tel terrain, expliquait en 2019 Danielle Simonnet.
Illustration bannière : Des eaux polluées et du ciments dans la Seine à Paris, ici Pont Mirabeau – © UlyssePixel / Shutterstock
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