On pense plus souvent à la canicule pour ce qui est d’augmenter la courbe de mortalité, car, comme le souligne le professeur Jean-Louis San Marco dans l’émission Le Journal de la Santé, les effets des fortes chaleurs sont plus visibles et largement médiatisés. En effet, en été, on meurt globalement moins qu’en hiver. Du coup, un pic de mortalité associé aux très fortes chaleurs ne passe pas inaperçu.
Les effets du froid sur l’organisme
Pourtant, c’est bien lors des périodes hivernales qu’il y a le plus de risques. Les passages brusques et répétés d’une température confortable de 20°C, assurée par le chauffage performant des habitations, à une température négative, ce plusieurs fois par jour, fatiguent énormément le corps qui, à chaque fois, doit immédiatement mettre en place des moyens d’adaptation rapides et performants pour protéger la chaleur interne des organes vitaux comme le coeur et le cerveau.
Et l’une de ses techniques les plus efficaces consiste à contracter les vaisseaux périphériques pour diminuer le flux sanguin épidermique et celui permettant d’irriguer les organes « de moindre importance », afin de le concentrer sur les organes dits nobles.
Cette vasoconstriction provoque pourtant des modifications non négligeables, notamment au niveau de la viscosité du sang, qu’elle contribue à faire augmenter. Le sang plus épais circule plus difficilement et entraîne un travail supplémentaire de la pompe cardiaque. D’autre part, la viscosité favorise la formation de caillots qui peuvent se bloquer au niveau des artères coronaires ou de celles irriguant le cerveau, avec des risques majorés d‘infarctus du myocarde et/ou d’accidents vasculaires cérébraux.
De plus, les températures froides tendent à fragiliser nos défenses immunitaires et favorisent alors les infections virales et bactériennes.
Que faire pour gérer son quotidien en période de grand froid ?
Bien évidemment, il faut pourtant continuer ses activités malgré les rigueurs du climat. Dans la lutte contre le froid, on veillera donc à bien se couvrir, notamment la tête, pour éviter les déperditions de chaleur qui obligent notre organisme à une large dépense énergétique pour les pallier. On n’hésitera pas à copier l’oignon et à se couvrir de plusieurs épaisseurs de vêtements chauds (mais pas trop pour que l’air circule un peu entre eux), quitte à les ôter une fois la destination atteinte.
On essaiera de rester au contact du froid le moins possible, en se mettant à l’abri du vent, en n’hésitant pas à utiliser les endroits prévus à cet effet (au niveau des arrêts de bus, sur le quai de certaines gares…).
Pour se réchauffer de l’intérieur, bannissez cette idée reçue du bon verre d’alcool ! Bien au contraire, l’alcool a des propriétés vasodilatatrices à l’opposé de l’effet recherché. Un thé, un chocolat chaud ou un café seront bien plus profitables !
Une mise en garde spéciale pour les personnes à risques
Si la majorité de la population peut continuer à mener une vie ordinaire malgré le grand froid, certaines personnes doivent réellement modifier leurs habitudes, et éviter la conduite à risque consistant à sortir coûte que coûte. Ainsi, les personnes âgées, celles souffrant d’insuffisance cardiaque ou respiratoire, ou encore les personnes suivant une chimiothérapie et immunodéprimées doivent particulièrement veiller à ne pas mettre le nez dehors.
En effet, les risques cités précédemment sont majorés par certaines pathologies qui ont déjà réduit les capacités de résistance de l’organisme. Il ne faut donc pas hésiter à demander l’aide de proches (famille, voisins, amis) ou de centres spécialisés pour faire ses courses ou promener le chien par exemple. Il est vraiment important de rester au chaud chez soi et de limiter au maximum les sorties le temps de ces quelques journées rudes.
En période de froid, on ne joue pas au super héro
Les amateurs de sport peuvent avoir du mal à restreindre leurs sorties sous prétexte des températures négatives. Et pourtant, ce n’est qu’une question de bon sens et de sagesse que de penser avant tout à notre organisme en lui évitant ces dépenses énergétiques exacerbées par le grand froid : elle constituent pour lui une véritable série de traumatismes, qui, comme on l’a vu, peut avoir à brève échéance des conséquences quelquefois gravissimes.
Alors, pour une fois, on prend son mal en patience et on fait du vélo d’appartement, on fréquente les salles de sport… Bref, on trouve un autre moyen de brûler des calories tout en ne se mettant pas en danger.
Chaudières, cheminées… attention danger !
Malgré les nombreuses campagnes d’information, les intoxications au monoxyde de carbone, ce gaz asphyxiant indétectable car invisible, inodore et non irritant, font encore chaque année leur lot de victimes, tout comme les incendies dus à des conduits de cheminées fortement encrassés. Pensez donc à faire vérifier régulièrement vos appareils de chauffage afin de ne prendre aucun risque et d’affronter l’hiver en toute sérénité.
Illustration bannière © Michael Mihin