Le lierre, souvent dépeint comme un fléau pour les arbres, est en réalité un acteur méconnu de nos écosystèmes. Ce végétal, entouré de mythes et de malentendus, mérite une attention particulière. Est-il vraiment le parasite destructeur que l’on imagine, ou joue-t-il un rôle plus nuancé et bénéfique dans la nature ?
Le lierre n’étouffe pas les arbres
Il est commun d’entendre que le lierre doit être retiré des arbres puisqu’il l’étouffe. Contrairement à la croyance populaire, le lierre n’est pas un parasite. C’est une liane qui nécessite un support pour croître, mais sans puiser de nourriture ou d’eau de son hôte. Il s’accroche grâce à ses crampons, mais ne s’alimente pas aux dépens de l’arbre. Il possède ses propres racines. De plus, il réalise sa photosynthèse.
Agnès Schermann Legionnet, maître de conférences à l’Université de Rennes, explique dans The Conversation : « Le lierre, au contraire, a tout à perdre de la mort de son support, puisqu’il se retrouve alors, sauf exception, précipité à terre et dans l’impossibilité de continuer son cycle de croissance et de reproduction ». Le lierre peut alourdir un arbre et augmenter sa prise au vent, ce qui peut être problématique. Cependant, il ne l’étouffe pas comme le ferait un figuier étrangleur. Sa présence peut même être bénéfique dans certains cas.
Cette liane puise-t-elle les ressources des arbres ?
Le lierre puise l’eau et les minéraux par ses racines rampantes, mais il semble qu’il n’entre pas en compétition directe avec les arbres pour ces ressources. En effet, il utilise l’eau principalement en fin d’hiver et au printemps, lorsque les arbres caducs sont en repos. Les feuilles de lierre, en se décomposant, enrichissent le sol en minéraux, ce qui peut être bénéfique pour les arbres voisins. Cette interaction complexe montre que le lierre n’est pas uniquement un concurrent mais peut aussi être un allié. Le lierre protège également le tronc de l’arbre notamment lorsqu’il gèle.
La lumière est essentielle pour la photosynthèse. Les feuilles du lierre, souvent proches du tronc, sont en compétition avec celles de l’arbre pour la lumière. Cependant, cette compétition est généralement en faveur de l’arbre, sauf si celui-ci est déjà affaibli. Le lierre supporte bien l’ombre et peut coexister avec l’arbre sans lui nuire excessivement.
Le lierre, bénéfique pour la biodiversité et l’environnement
Le lierre joue un rôle crucial dans la biodiversité. Il fournit nectar et fruits à de nombreuses espèces, notamment les abeilles et les oiseaux, surtout en hiver quand d’autres sources de nourriture sont rares. Il permet à de nombreux insectes butinant de se nourrir à la fin de l’automne grâce à ses fleurs tardives. Ces dernières sont les seules à offrir abondamment du pollen et du nectar à cette période de l’année. Étant l’une des premières plantes à produire des fruits dès le mois de mars, le lierre fournit une source alimentaire essentielle pour les premiers oiseaux migrateurs. Ces baies sont également appréciées par certains mammifères, comme le lérot et le renard roux.
Au-delà de l’alimentation, le lierre offre un abri précieux et un refuge idéal pour de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes, grâce à son feuillage persistant et ses branches enchevêtrées. Les oiseaux s’y reproduisent et y cohabitent, ainsi que pour les chauves-souris qui y trouvent un site de repos diurne parfait. Alors, pensez-y lorsque vous voyez du lierre sur l’un de vos arbres.
J’ai vu revivre des arbres chaque fois que je les ai débarrassés du lierre qui les étranglait. J’ai aussi vu des arbres envahis de lierre tomber raides.
Le lierre a certainement des qualités pour l’écologie mais il a de nombreux endroits où se développer en dehors des arbres.
Il apparaît toujours là où un arbre est malade ou affaibli et ça n’améliore pas son état.
Quand je vois une forêt avec des arbres pleins de lierre, je sais qu’elle n’est pas en bonne santé.