Permaculture et partage pour les Incroyables Comestibles
Si le Royaume-Uni a vu plus de 30 communes rejoindre le mouvement Incredible Edible, et croiser la route d’un mouvement parallèle, Abundance, la France a bien suivi le mouvement. Deux collègues alsaciens ont eu l’idée d’adapter le concept à leurs communes, Fréland et Colroy-la-Roche, dans le Haut-Rhin.
Depuis, l’idée est bien implantée en Pays de la Loire et en Bretagne, en Normandie, en Aquitaine, en Alsace-Lorraine, en Bourgogne, en Auvergne, en Poitou-Charentes, en Ile-de-France et en Corse. Une carte interactive fait d’ailleurs l’état des différentes communes où l’idée a pris.
Permaculture, agriculture locale et agriculture bio
Les méthodes de plantation divergent ensuite selon les endroits mais ce qui revient le plus souvent est l’idée de permaculture, c’est-à-dire une agriculture prenant en compte la biodiversité des écosystèmes, de manière à cultiver tout en respectant l’environnement. Le concept est intiment lié à celle d’indépendance : il s’agit de rendre l’espace cultivé stable et autosuffisant.
Claire explique que pour cela, « on exclut le labour, mais également les engrais chimiques ou les pesticides afin de respecter le vivant et les relations qu’entretiennent naturellement les plantes et la faune ». En pratique, les méthodes vont varier puisqu’elles « [tiennent] compte du terrain, en empruntant des idées à des domaines très différents », une approche que cette scientifique dans l’âme a apprécié. Sa femme et elle ont ainsi décidé de cultiver un petit bout de terrain et, si les débuts furent laborieux, le « plaisir de cultiver et partager est incroyable ». C’est ainsi qu’elles sont entrées dans ce qu’elles appellent une « spirale positive ».
« On est bien loin du cliché du bobo hippie »
Le mouvement a donné lieu à une première convention « Incroyables Comestibles France », à Poitiers, au mois de mai 2015, autour de rencontres, d’ateliers, de conférences et d’animations mais également d’une Disco Soupe ou d’un « fab barbeuc », à travers un programme entièrement collaboratif et évolutif en fonction des participants.
L’idée du partage est indissociable du mouvement : il s’agit de partager des plants, des récoltes, mais également des connaissances, des conseils, à travers les réseaux sociaux et bien entendu avec ses voisins. Et les enfants participent au potager ! « C’est un excellent moyen d’apprendre aux plus jeunes que faire pousser des légumes n’est pas forcément sorcier, et cela profite aux moins jeunes aussi », commente Claire en riant, « si je savais ce qu’était un panais ou une courge, je ne savais absolument pas comment cultiver ces légumes, alors que les courges poussent bien, par exemple, il faut juste de la place. »
La plupart du temps, l’idée du bio est au coeur des plantations : « On apprend beaucoup en s’amusant, et ce qui m’a surpris le plus est que le rendement est bon une fois qu’on s’intéresse aux plantes de près, pas besoin de produits chimiques pour cela. On est bien loin du cliché du bobo hippie partant élever des chèvres dans le Larzac et revenant trois mois plus tard : on fait pousser un bon nombre d’herbes, de fruits et de légumes à l’échelle de la ville et sans utiliser de produits agressifs. Bannissez le Round Up, sérieusement, ce n’est pas la solution ».
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illustration : Le potager bio se fait en famille ! © Shutterstock