Un bilan carbone qui n’est pas neutre
On considère, à tort, que si la production de biomasse émet du CO2, les émissions sont compensées par le fait que les plantes l’absorbent durant leur croissance. Ce phénomène ferait du bilan carbone de la biomasse un bilan neutre. Mais l’effet bénéfique se trouve en réalité annulé car pour produire des cultures destinées à la biomasse, on réquisitionne des terres. Or, la biomasse forestière et les terres sont des ressources limitées.
Biomasse : quelles options pour 2020 ?
L’Agence pour l’environnement a revu à la baisse ses estimations concernant la production de biomasse en Europe depuis 2006, du fait d’une meilleure compréhension de l’énergie, d’un contexte politique européen changeant et de facteurs économiques.
Avec le recul, plusieurs constats ont été faits.
On remarque déjà que l’efficacité des technologies de conversion de la biomasse en énergie est très inégale. Par exemple, la biomasse est efficace de 30 à 35 % quand il s’agit de produire de l’électricité, alors qu’avec le même matériau, elle est de plus de 85 % pour produire de la chaleur. En outre, de manière générale, on constate qu’utiliser les bioénergies pour le chauffage et l’électricité se révèle être un moyen beaucoup plus efficace de réduire les gaz à effet de serre que l’utilisation de la biomasse pour les transports.
Si la productivité est différente, il en va de même des impacts environnementaux. Selon les systèmes et technologies utilisés, on peut produire jusqu’à 20 fois plus d’énergie avec la même superficie.
La politique actuelle ne prend en compte qu’une partie des impacts sur les terres de l’exploitation de la bioénergie. Il faut développer davantage de moyens de réduire ces effets négatifs sur l’environnement, et se pencher particulièrement sur la problématique de l’eau et la biodiversité des terres agricoles.
Une mesure concrète à prendre dès à présent serait de cesser d’abattre des arbres pour produire de la biomasse. A la place, il faudrait préférer l’utilisation des sous-produits de l’exploitation forestière ou les déchets de bois de la production de papier. L’utilisation des résidus agricoles ou forestiers et celle de déchets organiques comme matière première est plus économe en ressources que n’importe quel autre type de matières premières, car on n’utilise pas d’autres ressources en terres et en eau, tout en réduisant fortement la production de gaz à effet de serre.
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Bien que professionnel de la filière biomasse-energie, je suis à 80% d’accord avec votre article,mais je souhaite y apporter les commentaires suivants. Encourager sans imite l’utilisation d’un combustible tres précieux à une simple production de chaleur, difficilement transportable, et de plus en période de réchauffement climatique, est tres contestable. 80 à 85% de rendement en grosse chaudière à bois (dont la taille impose des rayons d’appro incompatible vec le principe d’économie circulaire) sont des valeurs théoriques qui ne seront respectées que quelques jours par an (et ça ne va pas s’arranger dans le temps). En réalité on va se situer plus près de 70% voire moins. Par conséquent, la bonne stratégie c’est la cogénération, qui va permettre de monter aux mêmes valeurs (voire plus si température du fluide caloporteur à basse température)et en plus sera tenu règlementairement de respecter une valeur de rdt global de 75%. Cette limite va obligatoirement tirer la taille des installations vers le bas, évidemment à la condition que ces 75% soient bien contrôlés (ce qui aurait évité 150 MWe à la biomasse à Gardanne par exemple). En outre remplacer la combustion par la gazéïfication permet d’ouvrir d’autres portes telles que la production d’H2 ou de CH4 ou de charbon de bois. Mais quoi qu’il arrive, on aura toujours besoin d’électricité (et d’électricité pilotable, excusez du peu). Il serait temps que les autorités françaises sachent quelles sont les technologies intelligentes disponibles en France et cessent d’écouter les puissants qui ont les moyens de défendre leurs intérêts lesquels sont rarement confondus avec le respect du bien public.
Avec toute cette biomasse réutilisée en énergie, on n’est pas près d’engraisser les champs avec.