La biomasse, si elle est une part importante du mix énergétique renouvelable, peut avoir des impacts négatifs selon la manière dont elle est produite. C’est ce qu’a conclu l’Agence Européenne pour l’Environnement dans un récent rapport. Voici pourquoi.
La biomasse, une énergie renouvelable à n’importe quel prix ?
La biomasse est la première source d’énergies renouvelables produites en France, devant l’énergie hydraulique, éolienne et géothermique.
En 2010, la biomasse représentait 7,5 % des énergies produites en Europe. On devrait atteindre une part de 10 % d’ici 2020.
Première énergie renouvelable du mix énergétique français, la biomasse permet de lutter contre le changement climatique, de réduire la dépendance de la France vis-à-vis des combustibles fossiles et de favoriser l’émergence de méthodes de productions alternatives tout en créant de nombreux emplois dans les territoires. Cette énergie est indispensable à la réalisation de l’objectif que la France s’est fixée : 23 % d’énergies renouvelable dans la consommation énergétique d’ici 2020
L’AEE estime que les pays qui auront le plus fort potentiel de bioénergie agricole en 2020 sont la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Pologne et la Roumanie.
On distingue plusieurs catégories de biomasse :
- le bois – bûches, granulés et plaquettes
- les déchets organiques – les déchets urbains (boues d’épuration, ordures ménagères) et les déchets en provenance de l’agriculture (effluents agricoles).
- les sous-produits du bois – branchage, écorces, sciures…
- les sous-produits de l’industrie – les boues issues de la pâte à papier (liqueur noire) et les déchets des industries agroalimentaires (marcs de raisin et de café, pulpe et pépins de raisin, etc. )
- les produits issus de l’agriculture traditionnelle (céréales, oléagineux) > la paille, la bagasse (résidu ligneux de la canne à sucre) et les nouvelles plantations à vocation énergétique telles que les taillis à courte rotation (saules, miscanthus, etc.)
Une gestion des ressources à optimiser
Ce que le rapport de l’agence pour l’environnement met en relief, c’est que la production de biomasse, comme celle de tout autre type d’énergie renouvelable et non renouvelable, devrait suivre les préconisations de l’UE en terme de gestion des ressources.
Les préconisations sont rassemblées dans une feuille de route. Celle-ci sert à accompagner tous les pays d’Europe vers une Économie durable. Elle énonce une vision des grandes étapes de changements nécessaires, tant sur le plan structurel que technologique, à atteindre à l’horizon 2050, avec des étapes pour 2020. C’est en franchissant ces étapes que l’Europe pourra poursuivre sur la voie d’une croissance efficace et durable des ressources.
Concrètement, en ce qui concerne la biomasse, cela signifie rationaliser les ressources nécessaires à sa production, et éviter toute atteinte à l’environnement. Selon l’Agence, le domaine dans lequel la biomasse est la plus efficace est le chauffage et la production d’électricité, ainsi que la production de biocarburants de deuxième génération. Typiquement, les biocarburants de première génération ne permettent pas une gestion optimale des ressources. En effet, ceux-ci utilisent des ressources alimentaires comme l’huile de colza ou le blé intervenant dans la fabrication d’éthanol.
A l’heure actuelle, l’Agence pour l’environnement estime dans son rapport que l’exploitation des cultures pour produire de l’énergie n’est pas favorable à l’environnement.
Ainsi, elle recommande d’élargir l’éventail des cultures afin de réduire les impacts environnementaux. A l’avenir, il faut impérativement se tourner vers des cultures à courte rotation afin de renforcer les «services écosystémiques» fournis par les terres agricoles, telles que la prévention des inondations et la filtration de l’eau.
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suite : un bilan carbone qui n ‘est pas neutre
Bien que professionnel de la filière biomasse-energie, je suis à 80% d’accord avec votre article,mais je souhaite y apporter les commentaires suivants. Encourager sans imite l’utilisation d’un combustible tres précieux à une simple production de chaleur, difficilement transportable, et de plus en période de réchauffement climatique, est tres contestable. 80 à 85% de rendement en grosse chaudière à bois (dont la taille impose des rayons d’appro incompatible vec le principe d’économie circulaire) sont des valeurs théoriques qui ne seront respectées que quelques jours par an (et ça ne va pas s’arranger dans le temps). En réalité on va se situer plus près de 70% voire moins. Par conséquent, la bonne stratégie c’est la cogénération, qui va permettre de monter aux mêmes valeurs (voire plus si température du fluide caloporteur à basse température)et en plus sera tenu règlementairement de respecter une valeur de rdt global de 75%. Cette limite va obligatoirement tirer la taille des installations vers le bas, évidemment à la condition que ces 75% soient bien contrôlés (ce qui aurait évité 150 MWe à la biomasse à Gardanne par exemple). En outre remplacer la combustion par la gazéïfication permet d’ouvrir d’autres portes telles que la production d’H2 ou de CH4 ou de charbon de bois. Mais quoi qu’il arrive, on aura toujours besoin d’électricité (et d’électricité pilotable, excusez du peu). Il serait temps que les autorités françaises sachent quelles sont les technologies intelligentes disponibles en France et cessent d’écouter les puissants qui ont les moyens de défendre leurs intérêts lesquels sont rarement confondus avec le respect du bien public.
Avec toute cette biomasse réutilisée en énergie, on n’est pas près d’engraisser les champs avec.