Il est quasiment impossible d’échapper aux écrans dans notre quotidien. Que ce soit pour le travail, les loisirs ou la communication, ils sont omniprésents. Des écrans qui émettent une lumière bleue, accusée d’être à l’origine de divers troubles, de la fatigue visuelle aux perturbations du sommeil. En réponse à cette problématique, le marché a vu l’émergence de verres conçus pour filtrer cette lumière. Mais sont-ils vraiment efficaces ? Une étude publiée dans la revue Cochrane semble démontrer le contraire.
Les lunettes anti lumière bleue : une efficacité non prouvée ?
La lumière bleue est présente dans le spectre lumineux, en particulier entre 380 et 450 nanomètres. Elle est émise non seulement par nos écrans, mais également par le soleil. Certains arguments avancent qu’elle serait notamment responsable de fatigue oculaire et de perturbations de notre rythme circadien, impactant ainsi la qualité de notre sommeil.
Depuis quelques années, les opticiens et les entreprises spécialisées n’ont alors cessé de mettre en avant les mérites de ces lunettes anti lumière bleue. Grâce à des campagnes publicitaires efficaces, elles sont présentées comme le bouclier ultime contre les méfaits des écrans, promettant un confort visuel inégalé.
Or, l’enquête menée par la revue Cochrane, qui recense 17 études cliniques provenant de six pays différents, dresse un constat sans appel : aucun avantage significatif n’a été détecté pour les porteurs de ces verres filtrants. Le Dr Laura Downie, contributrice à l’étude, précise même que les données actuelles ne permettent pas d’affirmer un quelconque bénéfice de ce types de lunettes, que ce soit sur la fatigue oculaire ou sur le sommeil. La majorité des verres sont équipés d’un film chromatique qui limite l’arrivée de la lumière bleue à l’oeil. D’autres utilisent un revêtement interférentiel anti-reflet. Et si les fabricants affirment souvent que leurs verres peuvent réduire jusqu’à 40 % de la lumière bleue, en réalité, ces lunettes ne bloqueraient qu’entre 10 à 25 % de cette lumière.
En outre, les études menées n’ont pas réussi à prouver une relation directe entre la lumière bleue des écrans et la fatigue oculaire. Certes, il est accepté que la lumière bleue peut influencer nos horloges biologiques, mais cela est surtout attribué à la lumière bleue du soleil. En fait, nos écrans ne représentent qu’une fraction infime de notre exposition totale à la lumière bleue.
Conseils pour réduire la fatigue oculaire
Même si les lunettes anti-lumière bleue sont encore sujettes à débat, il existe d’autres méthodes pour minimiser la fatigue oculaire :
- Toutes les 20 minutes, prenez une pause de 20 secondes et regardez quelque chose à au moins environ 6 mètres de distance. Cela aide à détendre les muscles des yeux.
- Ajustez l’éclairage : assurez-vous que la luminosité de l’écran corresponde à celle de votre environnement. Évitez les éblouissements et les reflets.
- Position de l’écran : l’écran doit se trouver légèrement en-dessous du niveau des yeux et à une distance d’environ 50-70 cm.
- Assurez-vous de cligner des yeux régulièrement pour maintenir vos yeux hydratés.
- Ajustements d’écran : utilisez les paramètres de votre écran pour augmenter le contraste et la taille du texte pour un confort de lecture.
- Examen oculaire régulier : assurez-vous également de consulter régulièrement un ophtalmologue pour vérifier votre vue.
Les écrans et leur impact sur la santé
Outre les problèmes de fatigue oculaire, l’utilisation prolongée d’écrans, notamment d’ordinateurs et de smartphones, est souvent associée à une mauvaise posture. Les utilisateurs ont tendance à s’affaisser, à pencher la tête en avant ou à maintenir leurs appareils trop bas, ce qui peut entraîner des douleurs au cou, au dos et aux épaules. La répétition de certains mouvements, comme le fait de cliquer sur une souris ou de taper sur un clavier, peut également causer des troubles musculo-squelettiques tels que le syndrome du canal carpien.
Autre problème : rester assis pendant de longues heures devant un écran contribue à un mode de vie sédentaire. La sédentarité est liée à un certain nombre de problèmes de santé relevant notamment des maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et l’obésité. Il est recommandé de faire une pause toutes les heures pour se lever, s’étirer ou marcher un peu, réduisant ainsi les risques associés à la sédentarité.
Indépendamment de la lumière bleue, passer trop de temps devant les écrans, surtout avant de dormir, peut perturber notre cycle de sommeil. L’exposition aux stimuli visuels et sonores stimulants (comme les vidéos, les jeux ou les nouvelles) peut augmenter la vigilance et rendre l’endormissement plus difficile.
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Autre problématique et non des moindres, l’usage excessif des écrans, en particulier des médias sociaux, est associé à divers problèmes de santé mentale. Des études ont montré que l’utilisation excessive des médias sociaux peut notamment augmenter les sentiments de solitude, d’anxiété et de dépression, en particulier chez les adolescents. La comparaison constante avec autrui et la recherche de validation par les « likes » et les commentaires peuvent affecter l’estime de soi et le bien-être mental.
Enfin, même si la lumière bleue n’est peut-être pas aussi néfaste qu’on le prétend, le simple fait de fixer un écran pendant des heures peut provoquer ce que l’on appelle une « fatigue visuelle numérique » ou syndrome de la vision informatique. Conséquence : les yeux sont secs, la vision floue, des maux de tête peuvent aussi être ressentis.
Conseils pour réduire les effets négatifs des écrans
- Le premier conseil est d’ordre ergonomique : assurez-vous que votre écran soit à hauteur des yeux et que votre chaise soutienne correctement votre dos.
- Limitez le temps d’écran avant de dormir : évitez les écrans au moins une heure avant de vous coucher pour améliorer la qualité du sommeil.
- Faites des pauses régulières : se lever, s’étirer ou simplement détourner les yeux de l’écran peut aider à réduire la fatigue et les risques associés à la sédentarité.
En somme, il est essentiel de se rappeler que si les écrans font désormais partie intégrante de notre quotidien, une utilisation modérée et consciente peut grandement contribuer à préserver notre bien-être global.
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