Dans le cadre de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, toute réduction est bonne à prendre. Jürgen Knödlseder, directeur de recherche au CNRS, a donc voulu comprendre quelle était l’empreinte carbone des recherches dans son domaine, l’astronomie. Il a ainsi découvert, mais avec une marge d’erreur importante, que l’astronomie émet beaucoup de tonnes de CO2. Or, ces émissions ont tendance à augmenter…
Des émissions de carbone équivalentes à celles d’un petit pays
La recherche a commencé simplement en tentant d’évaluer les émissions de carbone de l’IRAP, où il travaille. Avec ses collègues Annie Hughes et Luigi Tibaldo, le chercheur du CNRS a rapidement identifié un problème : pour définir de manière plus précise les émissions de CO2 produites par son laboratoire, il devait prendre en compte les émissions liées à l’utilisation des appareils dans le monde entier, les données provenant de divers observatoires ou missions.
C’est ainsi que son équipe a décidé d’élargir l’analyse : elle a sélectionné 50 missions spatiales majeures et 40 observatoires et télescopes dans le monde. Mais, faute de transparence suffisante dans les données sur les émissions, les chercheurs ont dû se résoudre à utiliser la méthode dite du ratio monétaire. Cette méthode, critiquée et à l’incertitude élevée, fait un lien direct entre les émissions de carbone et le coût et la masse d’un projet. Les résultats de la recherche ont été publiés le 28 mars 2022 dans la revue Nature astronomy.
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Réduire les émissions, mais surtout réduire les projets à venir
Le calcul des émissions de CO2 a donné un résultat bien supérieur à ce qui était supposé : l’ensemble des missions et observatoires, depuis leur mise en service, aurait émis 20,3 millions de tonnes de CO2 (ou environ 1,2 tonne par an, soit l’équivalent du bilan annuel carbone d’un pays comme la Croatie). Jürgen Knödlseder a même précisé que pour le seul laboratoire IRAP, ce sont 50 tonnes de CO2 qui sont émises chaque année.
Les émissions de carbone moyennes de chaque astronome seraient ainsi de 36 tonnes par an, selon l’étude, soit l’équivalent des émissions produites par une voiture qui roulerait plus de 150.000 kilomètres. La moyenne des émissions de chaque Français se situe, elle, à 10 tonnes par an.
Or, soulignent les chercheurs, la volonté de réduire les émissions de carbone est contredite par les nouveaux projets, toujours plus grands et donc plus polluants. Les missions scientifiques spatiales se multiplient, tandis que plusieurs télescopes sont en construction dans le monde, dont l’Extremely Large Telescope, projet de l’ESO (l’agence d’observation spatiale européenne) de la taille du Colisée de Rome.
Les recherches en astronomie généreraient autant de CO2 qu’un pays comme la Croatie – © iStock.
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