Le goût est comme le diable : il est dans les détails. Lorsque nous mangeons, que nous buvons, notre cerveau agit tout autant que notre bouche et nos papilles pour appréhender le goût et les saveurs des aliments.
Forme, poids, couleur… Tout a son importance
Dit autrement, le fait de se nourrir est par essence une expérience faisant appel à plusieurs de nos sens, mais qui dépend aussi de nos habitudes et de nos conditionnements sociaux, conscients ou non. C’est bien là tout le travail des as du marketing qui vont travailler chaque détail, des couleurs ou de la matière d’un packaging au bruit de l’aliment ou de la boisson, pour susciter plus encore l’envie.
Forme, poids, couleur… Tout a son importance, et tout influe sur notre perception, en parallèle des informations collectées par nos papilles. Ces informations sont mémorisées, intégrées, pour resurgir au moment où nous passons à l’acte. Preuve s’il en fallait que nos neurones ont sans doute autant d’importance que nos papilles pour nous procurer plaisir et déplaisir.
Le poids du verre change le goût du vin
Certains exemples parlent d’eux-mêmes : un bon vin bu dans un gobelet en plastique aux côtés d’une pizza un jour de déménagement aura-t-il le même goût que le même vin servi dans un verre classique, bien plus lourd, dans un contexte de dîner chic ? À lui seul, le changement de poids du verre suffit pour altérer notre perception du goût. Un fait vérifié en 2021 par le chercheur Masaharu Hirose, de l’université de Tokyo : notre cerveau s’attend à ce que le vin « dans le verre » ait un meilleur goût.
En parcourant l’Europe, il a pu voir à quel point les vins avaient un goût différent d’un pays à l’autre, mais aussi à quel point la forme et le poids du verre de service variaient aussi. Expérimentalement, les buveurs ont rapporté un goût plus fort lorsqu’ils sentaient que le verre était plus lourd.
Le Coca-Cola en canette, exemple type
Bien évidemment, le contenant peut aussi avoir une influence directe sur le contenu. L’exemple plus évident réside sans doute dans la canette en aluminium, notamment celle du célèbre soda américain le Coca-Cola. Conservé dans une bouteille en verre, vos papilles vous diront qu’il n’a pas le même goût que celui en canette.
Ce n’est sans doute pas faux en soi : au-delà de la perception par définition subjective de notre cerveau, qui peut très bien nous jouer des tours, la réaction des bulles pétillantes de dioxyde de carbone au métal peut altérer le goût de la célèbre boisson. Ce serait tout aussi vrai dans du plastique, moins imperméable au CO2. Il en est de même dans les couverts en bois ou en carton, qui remplacent de plus en plus les couverts en plastique, modifient la saveur de ce que vous dégustez.