La richesse est-elle synonyme d’intelligence ? C’est ce que prétendent certains : pour bien gagner sa vie, il faudrait être plus intelligent et donc avoir les moyens cognitifs de faire mieux que les autres. Mais, finalement, ce ne serait pas tout à fait vrai. Si l’intelligence influence les revenus, il y a des limites à cette théorie.
Richesse et intelligence sont-elles réellement liées ?
L’Université de Linköping en Suède a mené une étude approfondie sur le sujet. Publiée dans la revue European Sociological review, la recherche menée par l’équipe du professeur Marc Keuschnigg a de quoi changer notre vision des choses. Les chercheurs ont analysé les données de 59.387 hommes suédois ayant passé un test d’aptitudes cognitives à l’âge de 18 ou 19 ans. Ensuite, ces données ont été croisées avec des informations sur leur parcours professionnel et leur niveau de rémunération.
Les résultats sont pour le moins surprenants. Selon les résultats du papier, intitulé « The plateauing of cognitive ability among top earners », une corrélation entre capacités et salaire a été observée, elle semble plafonner à un certain niveau. En effet, au-delà de 60.000 euros annuels, les aptitudes ne semblent plus augmenter. Plus étonnant encore, les 1 % les plus riches ont obtenu de moins bons résultats aux tests que ceux gagnant légèrement moins.
Au-delà de l’intelligence : les facteurs déterminants
L’étude suggère que d’autres facteurs que l’intelligence jouent un rôle prépondérant dans l’accession à la richesse. Le milieu social, les opportunités de carrière ou encore l’héritage familial semblent avoir une influence majeure. Ainsi, être né dans un environnement aisé offre des avantages indéniables, indépendamment des capacités cognitives. Ce qui paraît logique : les enfants de familles aisées peuvent se concentrer sur leurs études et disposent même potentiellement de facilités pour se lancer dans le monde du travail, soit en ayant moins de charges fixes soit en profitant d’une partie de la fortune des parents pour se simplifier la vie.
Il est également intéressant de noter que d’autres éléments tels que la culture, les traits de personnalité et même la chance peuvent influencer les revenus. L’intelligence, bien que cruciale, n’est donc qu’un des nombreux éléments qui déterminent la réussite financière.
Remise en question de la méritocratie
Ces découvertes remettent en question l’idée d’une société basée sur la méritocratie. Si l’on a longtemps cru que les revenus élevés étaient le fruit d’une intelligence ou d’un talent supérieurs, cette étude suggère une réalité plus nuancée. La réussite financière serait moins liée au mérite qu’à une combinaison de facteurs, dont beaucoup échappent au contrôle de l’individu. Et, surtout, qui semblent privilégier les personnes issues de classes sociales aisées par rapport à celles issues de classes défavorisées.
En conclusion, si l’intelligence peut jouer un rôle dans l’accession à la richesse, elle n’est pas le seul facteur déterminant, loin de là. Une multitude d’éléments entrent en jeu, et la société doit reconnaître et comprendre cette complexité pour construire un monde plus équitable.
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