Si les premières trottinettes électriques arrivées à Paris en 2018 avaient une empreinte carbone globale supérieure à celle des autres modes de transport, celles de deuxième génération avaient une empreinte très légèrement supérieure.
La trottinette électrique se substituait souvent aux trajets en métro et RER
Les trottinettes électriques disparaissant des rues de Paris conformément à la décision exprimée par les Parisiens lors de la votation citoyenne du 2 avril 2023, il est légitime de se poser la question : ce moyen de transport était-il synonyme de faible empreinte environnementale ? On aurait pu le penser, mais la réponse à cette question est plus complexe qu’il ne paraît. Anne de Bortoli, chercheuse de l’École des Ponts ParisTech et au CIRAIG qui se spécialise dans l’impact environnemental des transports, s’est penchée sur cette question.
Tout d’abord, il se trouve qu’une grande partie des trajets en trottinette électrique se substituaient à des trajets réalisés en moyens de transport ayant déjà une très faible empreinte carbone. Ainsi, en 2019, 22 % des trajets effectués en trottinettes électriques partagées se substituaient aux déplacements à vélo personnel ou à pied, tandis que 60 % ont remplacé des déplacements en métro et en RER. Seulement 7 % des trajets en trottinettes partagées ont substitué des trajets en voiture ou en taxi. Il est donc légitime de se demander si cette substitution était justifiée d’un point de vue environnemental.
Une empreinte carbone trois fois plus élevée que pour le vélo personnel
De plus, il faut prendre en compte l’empreinte carbone des camions qui tournaient dans les rues de Paris pour récupérer ces trottinettes et les déposer dans d’autres endroits de la capitale. D’après les calculs d’Anne de Bortoli, ces opérations représentaient la moitié de l’empreinte carbone des trottinettes électriques. En définitive, l’empreinte carbone des trottinettes électriques s’élevait à 109 grammes de CO₂ équivalent par kilomètre parcouru (gCO2eq/km), soit trois fois moins que le taxi… mais dix fois plus que le vélo personnel ! Au cours de l’année 2019, les trottinettes en libre-service avaient entraîné une augmentation de 13.000 tonnes de CO2eq à Paris, a calculé la chercheuse.
Cependant, il existe des effets plus complexes à prendre en compte. Les services de trottinettes partagées agissent comme un facteur qui encourage l’acquisition de trottinettes personnelles, qui ont des performances bien meilleures en termes d’émissions de GES. L’enquête menée par Anne de Bortoli a montré que la plupart des propriétaires de trottinettes personnelles les avaient achetées après l’arrivée à Paris des trottinettes partagées. De plus, la trottinette électrique ne remplace pas un trajet réalisé moyen de transport tout simplement mais le complète : ainsi, 23 % des utilisateurs de trottinettes personnelles combinaient leurs trajets avec l’utilisation des transports en commun.
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En tant qu’automobiliste et mère de famille, j’ai toujours considéré la trotinette électrique, comme un objet extrêmement dangereux et à interdire, de toute façon, du moins en ville. Je en comprends d’ailleurs pas que cela n’ait pas encore été fait !