L’alimentation, maillon faible du XXIe siècle
Le monde est en train de changer. Il devient très différent de ce qu’on connait. Il est très difficile d’en imaginer les conséquences. Pourtant, je vais aborder ce futur par le biais de plusieurs grands thèmes. Le premier sera l’alimentation : c’est le sujet principal du changement climatique. Les archéologues ont constaté que le manque d’alimentation entraine le déclin d’une civilisation. Certains peuples ont disparu à cause de problèmes dans leur système d’irrigation ; d’autres à cause de la déforestation. L’alimentation est donc le maillon faible du monde au XXIe siècle.
Intéressons-nous à l’aspect de la demande. La population mondiale a franchi la barre de 7 milliards de personne. Chaque jour, il nait 353 000 nouveaux bébés. Cette pression démographique est énorme sur les ressources en alimentation et en eau. 2 milliards de personnes veulent monter dans la chaîne alimentaire aujourd’hui. Or elles sont en concurrence avec l’automobile pour bénéficier des productions agricoles et des bio-carburants, qui utilisent 100 000 tonnes sur les 400 000 tonnes produites dans le monde.
Considérons maintenant l’aspect offre alimentaire. Depuis 100 000 ans, une certaine stabilité a été atteinte, dans la mesure où l’agriculture a su évoluer pour maximiser la production en fonction du système climatique. Mais tout est en train de changer. Nous ne sommes plus en synchronie et devons faire face à des changements climatiques de grande ampleur. Un autre facteur important est le manque d’eau. Nous mangeons 500 fois plus d’eau que nous n’en buvons. C’est-à-dire que les productions agricoles et l’élevage ont des besoins en eau qui dépassent largement ceux de celle que nous buvons. Aujourd’hui, dans 18 pays dans le monde, l’eau est pompée en sous-sol. En Inde, 175 millions de personnes sont nourris par pompage. En Chine, c’est 120 millions. Les Etats-Unis font la même chose. Si on compte bien, on s’aperçoit que la moitié de la population mondiale vit avec des ressources en eau issues des pompages souterrains. Jusqu’où peut-on pomper dans les réserves naturelles ? Jusqu’à épuisement ? On va au-delà du rendement durable. C’est aussi le cas avec la pêche : il n’y a plus de renouvellement des espèces de poissons à cause de la surpêche. N’oublions pas que les archéologues ont dit que la destruction des ressources entraine le déclin.
Les énergies renouvelables, ressources illimitées
Que pouvons-nous faire ? Il est clair que faire comme d’habitude ne fonctionne plus. Business as usual n’est plus possible ! L’alternative, c’est le plan B. Ce sont des changements radicaux.
D’abord, il faut réduire de 80 % nos émissions de CO2. Pas en 2050. En 2020 ! Les politiques ont tort d’attendre. Il n’est pas encore garanti qu’on arrive à sauver la calotte glacière. Cette calotte est une métaphore du problème climatique, car si elle fond, elle élève de 7 mètres le niveau de la mer. Ce qui inonderait tous les 19 grands deltas d’Asie, tous producteurs de riz comme celui du Bengladesh et du Mekong. Je reconnais qu’il est difficile de faire le lien entre le Pôle Nord et les deltas de l’Asie. Si on veut augmenter l’efficacité énergétique de l’économie mondiale, il suffit de quelques gestes : par exemple, changer toutes les ampoules à incandescence contre des LEDs. On économise alors 80 % d’énergie. Si on les combine avec des détecteurs de mouvements dans les pièces pour éteindre la lumière quand il n’y a plus personne, on passe à 90 % d’économie d’énergie ! Un autre exemple est la voiture électrique. Elle est fantastique. Son moteur est 3 fois plus efficace qu’un moteur à combustion. Toyota avec sa Prius et Nissan, distribués aux Etats-Unis, ont un potentiel énorme. Donc, la première chose à faire est de baisser la consommation énergétique, puis d’en augmenter l’efficacité. Ce qui veut dire : passer aux énergies renouvelables.
Le vent, le soleil, la géothermie sont en abondance, sans problème d’épuisement. Les capacités mondiales de la géothermie sont de 13 000 mégawatt, celles du solaire sont des 37 000 mégawatts, et celles du vent de 240 000 mégawatts. Le vent sera donc au centre l’économie. D’autant plus qu’il est facile à utiliser. Sans dire qu’il faut mettre des éoliennes sur tous les toits, il est possible d’avoir beaucoup de champs d’application, pour les usines notamment.
Aux Etats-Unis, les débuts de l’éolien datent de 1980, avec 15 à 100 mégawatts fournis. Au Texas, une centrale éolienne de 10 000 mégawatt sera bientôt mise en service. A titre de comparaison, une centrale nucléaire ne dépasse pas une production de 8 000 mégawatt. Mais c’est la Chine qui est en avance : elle va plus loin que les autres, avec une production de 10 000 mégawatts, tandis qu’à Gansu, une plate-forme produisant 38 000 mégawatts sera bientôt terminée – ce sont les besoins de la Pologne ou de l’Egypte ! On n’aurait jamais pu imaginer tout ça avec les énergies fossiles. Au Texas, on trouve les 2 : quand le pétrole s’épuise, les champs d’éoliennes fonctionnent toujours.
Nous avons l’opportunité d’investir dans des sources d’énergie pour plusieurs siècles ! C’est la première fois que ça arrive depuis l’âge industriel.