consoGlobe a interviewé Karine Diana, créatrice de la marque Lili ZigZag sur ses motivations, ses souhaits et sur Lili ZigZag.
consoGlobe – D’où vous est venue l’idée de créer Lili ZigZag ?
Quand j’étais gamine, ma grand-mère me fabriquait des vêtements de poupées avec de vieux vêtements, puis elle m’a appris à coudre.
Mes parents m’ont toujours inculqué qu’il ne fallait pas gaspiller. J’étais donc déjà conditionnée dès mon plus jeune âge !
J’ai créé Lili ZigZag après avoir travaillé 20 ans dans des bureaux. Suite à des évènements survenus dans ma vie privée, il y a eu un « déclic ».
Je n’avais plus envie de travailler pour une entreprise, mais pour mon propre compte. J’avais envie de changer de métier et j’ai toujours eu un côté manuel et inventif.
J’ai d’abord songé à relooker des vieux meubles, recycler du carton ou des boites en métal, des objets du quotidien et même du papier journal, des magazines. En gros, utiliser une matière première abondante et gratuite ! Mais il y avait toujours un frein : soit physique, soit d’outillage ou tout simplement le savoir-faire !
Ma grand-mère est décédée en 2008, et ma mère m’a donné quelques-unes de ses affaires en guise de souvenir, particulièrement des draps avec les monogrammes de la famille, brodés par ma grand-mère.
Tout s’est bousculé dans mon esprit ! Je savais coudre à la machine, la matière première facile à trouver, pas chère, voire gratuite. Recycler du tissu : voilà une bonne façon de participer au développement durable !
Enfin, il fallait un nom, facile à retenir, qui puisse être prononcé dans toutes les langues : « Lili », un clin d’oeil à ma famille. Le reste est venu tout seul : ZigZag pour la couture et aussi … mon tempérament ! Après quelques croquis, j’ai créé mon logo, puis déposé ma marque en 2009.
Votre activité consiste à revaloriser les vieux textiles. Pouvez-vous nous expliquer comment cela fonctionne ?
Tout le monde connait la citation « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » de Monsieur Antoine Laurent de Lavoisier.
Faire du développement durable, c’est aussi reculer au maximum la production d’un déchet. Pour le textile, il s’agit de détourner son utilisation première en fonction de son tissage, de sa surface et bien sûr : de son état !
Le principe est de l’utiliser jusqu’au bout. Je récupère également les boutons et les parties métalliques. Je confectionne de nouveaux produits jusqu’à ce que mes chutes de tissu soient moindres. Ces chutes seront envoyées en recyclage dans les containers du Relais, afin qu’elles soient transformées en isolant thermique. Il m’est déjà arrivé également de fournir des chiffons d’essuyage.
La partie lavage et traitement du linge est importante aussi. Le seul point noir est peut-être le séchage en machine, mais c’est indispensable pour enlever la poussière et les fibres « mortes ». Toutefois, cela me permet de livrer un produit « prêt à l’emploi », le consommateur n’a pas besoin de laver une fois à l’arrivée du produit, comme c’est souvent le cas des articles achetés dans les grandes enseignes.
Avec quelles matières travaillez-vous ? D’où viennent-elles ?
Mes matières préférées sont le coton et le lin, qu’ils soient très anciens ou même contemporains. Je travaille aussi le jean et récemment : le bleu de travail !
Il m’arrive d’en acheter sur place, mais cela vient principalement de dons de particuliers.
D’ailleurs, si vos lecteurs ne savent pas quoi faire de leur vieux linge : qu’ils pensent à moi !
Je fabrique avec des textiles issus de fin de série ou de chutes, mais aussi du chanvre textile que j’ai découvert il y a 4 ans. Ce dernier est fabriqué en Europe de l’Est. Les nouveaux procédés le rendent aussi souple et doux que certains textiles anciens.
Pour finir, je me fais un plaisir de confectionner des articles avec de la toile de Jouy, que je me procure à Jouy-en-Josas. C’est une toile imprimée au cadre, donc de façon traditionnelle et bien sûr : française !
Les seuls textiles « neufs » que j’utilise sont commandés en très petite quantité et généralement, en France ou en Europe.
Peut-on espérer que les produits qui connaissent une « seconde vie » durent aussi longtemps que ceux « neufs » ?
Incontestablement, oui ! A partir du moment où la matière première est de bonne qualité ou assez solide et, si elle a déjà permis de fabriquer un premier objet, on pourra l’utiliser à nouveau. Au final, c’est son propriétaire qui décide de le jeter ou non.
Quelle(s) créations(s) proposez-vous à la vente ?
Mes créations représentent du linge de maison, axé sur la cuisine et les arts de la table. Mon produit pilote est le torchon de cuisine. Mais je réalise aussi des accessoires de mode, des sacs divers, et quand je suis inspirée : des vêtements pour femme et des vêtements de poupées ! Mes articles sont d’autant plus faciles à entretenir et à laver. Pourquoi s’en priver ?
Votre activité est-elle lucrative ? Fait-elle des émules ?
Elle est lucrative à petite échelle, car je ne suis pas très connue. Honnêtement, je n’en vis pas.
Heureusement, oui, il y a des émules et des personnes qui croient en ma démarche. Mes clients sont ravis à chaque fois, ils reviennent pour faire leur stock ou pour offrir tout simplement !
J’ai également des fans dans le monde entier. J’avoue que j’ai hésité un certain temps avant d’exporter mes produits, à cause des kilomètres.
Puis j’ai trouvé la démarche intéressante, car en utilisant du linge ancien, je donne la possibilité de se procurer un petit bout de notre pays et de son histoire. La France fait toujours rêver, il ne faut pas l’oublier …
Et le prix dans tout ça : vos créations originales sont-elles abordables par le tout public ?
J’ai réalisé un sondage il y a quelques mois et sur 100 personnes, 95 ont répondu que mes prix étaient justes.
Bien sûr, je suis consciente que mes articles ne sont pas de « première nécessité » et qu’ils répondent à une demande ponctuelle.
Et pour vous répondre de façon transparente : en achetant un article Lili ZigZag, vous ne paierez que ma main d’oeuvre, mes charges, et le fait que cette création, vous ne la trouverez nulle part ailleurs !
Bien entendu, si je devais acheter ma matière première continuellement, cela changerait beaucoup de choses. Donc, ça me convient et je pense sincèrement que le « consomm’acteur » s’y retrouve ! Il sait où va son argent !
Comment peut-on acheter vos produits ?
J’ai ma propre boutique en ligne : www.lilizigzag.fr.
Hélas, la bataille des moteurs de recherche fait rage et il faut un gros trafic pour espérer apparaître dans les résultats ! Je suis donc dans l’obligation d’être présente sur des plateformes de vente telles que : Ebay, Etsy et Alittlemarket.
J’ai également une page Facebook : https://www.facebook.com/lilizigzag
Je ne fais que très rarement des marchés ou expositions, car je suis handicapée. Cela entraîne une logistique que je ne puis assumer. C’est aussi la raison pour laquelle je ne fabrique pas de grosses quantités.
Votre démarche s’inscrit dans une volonté certaine de préserver l’environnement et de réduire les déchets. Est-ce ce que vous voulez promouvoir à travers votre marque Lili ZigZag ?
Complètement ! Bien que je ne sois qu’une goutte d’eau dans l’océan ! Mais je ne souhaite pas promouvoir que cela. Il y a plusieurs années, le gouvernement avait sorti le slogan : « Nos emplettes sont nos emplois » afin d’encourager la population à consommer de préférence, des produits fabriqués dans notre pays.
Je suis consommatrice comme vous, je ne suis peut-être pas parfaite, mais je me rééduque chaque fois que je fais mes achats.
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