Un groupe de 14 chercheurs alerte sur l’introduction incontrôlée dans l’environnement de nouvelles entités (surtout des matériaux de synthèse), dont l’impact sur le vivant reste inconnu.
La production de matériaux de synthèse a été multipliée par 50 depuis 1950
En ce début de 2022, on entend beaucoup parler de la « dernière limite planétaire, » qui serait dépassée. De quoi s’agit-il ? Cette expression est de la plume de 14 chercheurs qui signent un article dans la revue Environmental Science and Technology. Depuis 2009, ils s’attachent à observer le positionnement de notre planète par rapport à différentes « limites planétaires » : le changement climatique, les pertes de biodiversité, les perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore, l’usage des sols, l’acidification des océans, la déplétion de la couche d’ozone, les aérosols atmosphériques, l’usage de l’eau douce et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère. Aujourd’hui, c’est cette dernière « limite » qu’ils pointent du doigt.
Les « nouvelles entités » – créées ou introduites par les Humains – dépasseraient les niveaux d’alerte planétaires.
En gros, on meurt étouffés de nos produits chimiques et #plastiques https://t.co/8FEqiALx5J
— Olivier Fontan (@olivier_fontan) January 18, 2022
L’introduction de nouvelles entités dans la biosphère, en d’autres mots, c’est l’introduction de matériaux de synthèse, autrement dit la pollution chimique. La production de matériaux de synthèse a été multipliée par 50 depuis 1950. Et entre 2022 et 2050, cette production devrait encore tripler. Parmi ces matériaux de synthèse, le plastique a une place de choix : sa production a augmenté de 79 % entre 2000 et 2015, rappellent les chercheurs.
L’impact des matériaux de synthèse sur l’environnement reste insuffisamment étudié
Mais ce n’est pas uniquement le plastique qui nuit à l’environnement, ce sont aussi les pesticides, les substances chimiques rejetées par l’industrie, les substances chimiques dans les produits de grande consommation ainsi que les médicaments (antibiotiques notamment). L’impact de toutes ces substances sur la biosphère n’est toujours pas pleinement étudié. Le vivant se dirige donc vers une grande incertitude. « Certains de ces polluants sont retrouvés partout dans le monde, de l’Arctique à l’Antarctique, et peuvent être extrêmement persistants. Nous avons les preuves de leur impact négatif sur les écosystèmes, que ce soit en termes de biodiversité ou en termes de cycles biogéochimiques », commente Carnet Almroth, l’un des auteurs de l’étude.
Les chercheurs font remarquer qu’avant la révolution industrielle, pendant 10.000 ans, soit dès le début des premières civilisations, l’écosystème de la Terre est resté étonnement stable, qu’il s’agisse d’émissions de gaz à effet de serre, de la couche d’ozone, des forêts, de l’eau douce ou de la biodiversité. Les calamités qu’on observe aujourd’hui n’ont commencé qu’avec la révolution industrielle.
Illustration bannière : Limite planétaire – © Jacob_09
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