L’interdiction des vols intérieurs courts, une mesure qui fait plouf ?

L’interdiction des vols intérieurs courts, une promesse du président Emmanuel Macron, est maintenant une réalité. Cependant, l’impact réel de cette mesure est mis en doute en raison de nombreuses exemptions et dérogations.

Rédigé par Anton Kunin, le 31 May 2023, à 11 h 26 min
L’interdiction des vols intérieurs courts, une mesure qui fait plouf ?
Précédent
Suivant

Au fil du temps, le législateur a introduit de multiples critères qui font que seules trois liaisons sont réellement concernées par l’interdiction.

Les vols sont maintenus si les liaisons ferroviaires ne sont pas assez fréquentes

C’était une belle ambition de la Convention citoyenne pour le climat, au nom de la réduction des émissions de CO2 : interdire les vols intérieurs si une alternative en train en moins de 4 heures existe. Malgré la promesse d’Emmanuel Macron de retranscrire « sans filtre » dans la loi les décisions de la Convention, la mesure a subi une série de restrictions. Pour cette raison, seules trois liaisons (Orly-Bordeaux, Orly-Nantes et Orly-Lyon) tombent réellement sous le couperet des critères retenus dans le décret.

En effet, la grande majorité des liaisons aériennes ont été préservées, les conditions d’accessibilité en train étant jugées insatisfaisantes. Le décret mentionne en effet que les liaisons en train doivent se faire plusieurs fois dans la journée dans les deux sens, et qu’une arrivée en train doit permettre de rester au moins huit heures sur place, avant de reprendre un train pour rentrer. Ainsi, l’exemple de la liaison aérienne Lyon-Marseille est parlant : malgré l’existence de liaisons ferroviaires quotidiennes inférieures à 2h30, l’offre est jugée insuffisante, permettant le maintien des vols.

interdiction des vols intérieurs courts,

© Ceri Breeze

« Desservant la même ville », une formule qui rend souvent l’interdiction inopérante

En plus, le décret impose que le trajet en train soit réalisé entre des gares desservant les mêmes villes que les aéroports concernés. Et comme la gare TGV la plus proche de l’aéroport Charles-de-Gaulle est celle de l’aéroport lui-même, strictement parlant, un train reliant Rennes à Paris Gare Montparnasse et un train reliant Rennes à la gare Aéroport Roissy Charles-de-Gaulle ne desservent pas la même ville (Roissy-en-France n’étant pas la même commune que Paris). De ce fait, aucun des vols au départ de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle n’a été interdit.

En somme, malgré l’annonce d’une interdiction des vols intérieurs courts pour des trajets pouvant être effectués en moins de 2h30 en train, les exceptions et critères retenus rendent cette mesure beaucoup moins impactante qu’initialement prévu. Le débat est donc loin d’être clos sur la manière la plus efficace de réduire les émissions de CO2 du secteur aérien, qui représentent environ 0,5 % du total des émissions françaises.

Lire aussi
Réchauffement climatique : les LFI demandent l’interdiction des vols en jet privé

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...



Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Si déjà le kérosène était taxé à hauteur de l’essence pour les particuliers …..

Moi aussi je donne mon avis