Loi Alimentation : les lobbys ont gagné, les cobayes poursuivent leur marche

Après des débats, qui auront duré pas moins de cinquante heures et face à une pluie de près de 2.500 amendements, la loi Alimentation doit être adoptée par les députés ce mercredi 30 mai 2018. Et beaucoup d’amendements ont été abandonnés en cours de route. Les associations de protection de l’environnement sont donc déçues et poursuivent leur combat.

Rédigé par MEWJ79, le 30 May 2018, à 11 h 40 min
Loi Alimentation : les lobbys ont gagné, les cobayes poursuivent leur marche
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Au terme d’une semaine de débats à l’Assemblée nationale, la loi Alimentation rime avec déceptions. En effet, le texte présenté par le gouvernement a été amendé à la marge. Explications.

Les lobbys grands vainqueurs de la loi Alimentation

Si le texte était au départ plein de promesses, au final, la loi Alimentation accouche d’une souris. Et les lobbys en sortent grands gagnants. « Le poids des industriels est là. Les intérêts privés l’ont emporté sur les enjeux de santé publique », dénonce auprès de Libération la responsable des campagnes de l’ONG Foodwatch France(1). La déception est donc de taille du côté des associations et les élus.

Illustration bannière : Les débats ont été houleux à l’Assemblée Nationale © EQRoy Shutterstock

Ainsi, l’eurodéputé (Europe Ecologie-les Verts) Yannick Jadot a lui aussi dénoncé, mardi 29 mai sur France Inter : « C’est le lobby de la malbouffe, le lobby de la souffrance animale, le lobby de l’industrie concentrationnaire qui a dicté la loi et gagné contre la société, contre la santé, contre l’environnement et contre tous les paysans. »

Pour rappel, après l’examen du volet économique de la loi Agriculture et Alimentation, les députés ont débattu le week-end des 26 et 27 mai de son volet qualité, avec à la clé nombre d’amendements parfois âprement discutés. L’examen du texte s’est poursuivi et devrait être adopté ce mercredi 30 mai.

Au menu de la loi alimentation : quelques avancées mais beaucoup de réchauffé

Par mesure de précaution, les députés ont donc adopté une mesure du gouvernement visant à interdire l’utilisation du dioxyde de titane (E171) sous forme de nanoparticules d’ici la fin de l’année.

Mais pour ce qui est du glyphosate, les députés se sont opposés à ce que son interdiction soit inscrite dans la loi, même si l’objectif d’une sortie sous trois ans est maintenu. On notera cependant l’élargissement de la définition des néonicotinoïdes, qui pourrait permettre l’interdiction d’insecticides aux modes d’action similaires, dont le sulfoxaflor, et la reconnaissance des « préparations naturelles peu préoccupantes » (purin d’ortie et autres préparations à base de plantes utilisées en agriculture). Par contre, la création de périmètres de protection contre les épandages de pesticides autour des habitations a été retoquée.

Le doggy-bag sera obligatoire pour lutter contre le gaspillage alimentaire © Warren Price Photography

Si la mise à disposition obligatoire de doggy bags dans les restaurants, pour permettre aux clients de repartir avec leurs restes de repas, a été adoptée, la mesure n’entrera toutefois en vigueur que le 1er juillet 2021, mais seulement si les sénateurs l’acceptent. Une belle mais petite victoire.

En effet, déception pour les menus des cantines : un objectif de 50 % de produits locaux, labellisés ou en bio d’ici 2022 a finalement été retenu, mais après de longues heures de négociations. À charge de préciser dans un décret les sous-objectifs en valeur. Le gouvernement s’est d’ores et déjà engagé sur un chiffre de 20 % pour les produits en agriculture biologique. En revanche, pas question pour les députés d’instaurer un menu végétarien par semaine.

En outre, alors que l’obésité progresse en France et touche désormais un Français sur deux et que l’obésité infantile dépasse les 15 %, les publicités télévisées destinées au moins de 16 ans pour les produits gras, sucrés et salés resteront autorisées. La modération est donc dans les mains des annonceurs et du CSA !« Demander aux industriels de l’agro-alimentaire d’être vertueux face à nos enfants, c’est comme demander à une dinde de voter pour les fêtes de Noël, c’est pas possible  ! », s’est emporté Richard Ramos (MoDem).

Même chose pour l’étiquetage Nutriscore pour mieux choisir et s’alimenter, qui reste optionnel, dépendant de la démarche volontaire des industriels.

nutriscore

Concernant les mauvais traitements commis sur les animaux dans les transports et les abattoirs, l’Assemblée a autorisé un doublement des sanctions (portées à un an d’emprisonnement et à 15.000 euros d’amende). De même, l’interdiction de l’installation de tout nouvel établissement d’élevage de poules pondeuses en cage a en revanche recueilli l’unanimité. Enfin, seule une expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs a été autorisée par le gouvernement, alors que le candidat Macron avait laissé entendre qu’elle serait obligatoire. Par contre, le principe de l’expérimentation d’abattoirs mobiles, permettant aux éleveurs de tuer leurs animaux à la ferme, a été accepté.

Les Cobayes, déçus, poursuivent leur marche vers Paris

Au final, de nombreuses décisions déçoivent les ONG et autres lanceurs d’alerte, qui organisent une grande marche citoyenne pour la santé environnementale baptisée « Les cobayes lancent l’alerte », et relie Fos-sur-Mer à Paris (dont on a appris récemment que les habitants sont sur-imprégnés au plomb, aux furanes et au benzène(2) entre le 1er mai et le 30 juin. La Marche des Cobayes se poursuit donc.

La Marche des Cobayes – Capture d’écran YouTube

Michèle Rivasi, députée écologique, lance un appel : « Je donne rendez-vous à tous les déçus, toutes les colères, tous les ras-le-bol. Rejoignez la Marche des Cobayes, qui rassemble plus de 150 associations qui marchent en ce moment depuis Fos-sur-Mer jusqu’à Paris pour faire entendre leur voix et leur exaspération ! Rejoignez-nous pour dire non aux pollutions, non aux empoisonneurs et aux lobbys qui détournent la volonté publique à leur profits. »

Illustration bannière : Stéphane Travert, ministre de l’agriculture – Capture d’écran YouTube
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

5 commentaires Donnez votre avis
  1. Il faut poursuivre Le Monde pour avoir menti sciemment sur le glyphosate et prétendu qu’il était cancérogène

  2. Avec macron,les LREM(A)( La République En Marche (Arrière)et notre ministre de l’agriculture, tout va de travers.

  3. Rectificatif : Y a un lobby qui a perdu, celui de l’agrobiobusiness qui nous fait croire que « le bio c’est pas traité » et dont tous les produits sont contaminés au sulfate de cuivre, aux pyrèthres divers et variés et à l’huile de neem perturbateur endocrinien.

  4. Quand je lis ça, je ne ressens que de la HAINE ..
    Pouvoir et corruption

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