Vers une loi contre la désinformation environnementale ?
Un texte visant à garantir le droit d’accès du public aux informations relatives aux enjeux environnementaux et de durabilité a été soumis à l’Assemblée.

C’est un point de tension entre liberté de la presse, journalisme et lutte contre la désinformation environnementale : comment concilier journalisme et combat contre les opinions climatosceptiques ?
Des Français « peu et mal informés »
Dans le combat pour l’environnement et afin de lutter contre le changement climatique, l’information est une arme parmi d’autres. Une arme qui permet d’accélérer la prise de conscience et donc l’adhésion aux décisions à prendre, fussent-elles douloureuses. Or à l’heure des réseaux sociaux et du fact-checking en ligne, difficile de combattre efficacement ce que l’on peut qualifier de désinformation climatique.
En France, l’Arcom le soulignait récemment : les Français s’estiment « peu et mal informés » sur les questions d’environnement, de climat et d’écologie, alors que ces sujets arrivent au deuxième rang de leurs préoccupations. Il faut dire qu’entre juin et décembre 2024, seuls 3,4 % des contenus télévisuels ont en fait été consacrés à l’environnement.
Sanctionner la désinformation climatique
La proposition de loi présentée le 13 novembre 2024 à l’Assemblée Nationale et rédigée par l’association Quotaclimat avec l’institut Rousseau, doit contribuer à corriger le tir en la matière. Entre 2022 et 2024, QuotaClimat a en effet identifié une hausse significative des discours remettant en cause le consensus scientifique sur le changement climatique. C’est pourquoi elle propose de « renforcer le cadre régulateur existant pour sanctionner la désinformation climatique avérée, et valoriser le travail journalistique fiable, honnête et objectif. »
Ce texte de loi « vise à garantir le droit d’accès du public aux informations relatives aux enjeux environnementaux et de durabilité ». Selon Quotaclimat, « la lutte contre la désinformation climatique ne doit pas reposer sur les seules épaules des citoyens. L’éducation aux médias et l’esprit critique sont des leviers non-négligeables, mais insuffisants face à des campagnes de désinformation toujours plus sophistiquées, facilitées par les nouveaux outils d’intelligence artificielle. »
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Un rôle renforcé de l’Arcom
Les soutiens de cette proposition de loi espèrent la voir inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Cette proposition de loi se décline en sept articles. L’article 2 de cette proposition propose la pérennisation et l’institutionnalisation d’un observatoire de la couverture médiatique de la crise écologique. Cet Observatoire devra procéder à la quantification du temps d’antenne dédié à l’écologie dans les émissions d’information générale.
Cette loi propose par ailleurs de renforcer les missions de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), en obligeant les chaînes et les radios à inclure des volumes horaires consacrés à cette thématique. Un observatoire de suivi permettrait d’en mesurer les effets. L’Arcom devrait aussi « fixer des règles spécifiques en période électorale » afin qu’une « proportion minimale de contenus soient dédiées aux enjeux environnementaux ». Aux « autorités judiciaires et administratives » de fixer des sanctions et d’agir pour endiguer la diffusion de contenus désinformationnels sur l’environnement.
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