Londres 2012, le revers de la médaille des Jeux Olympiques du Développement durable

Rédigé par Jean-Marie, le 26 Jul 2012, à 18 h 00 min
Londres 2012, le revers de la médaille des Jeux Olympiques du Développement durable
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Le vrai coupable ce n’est pas Londres, c’est le CIO

Saluons donc les efforts louables de nos amis Anglais pour verdir les Jeux car des progrès en matière de développement durable ont été faits et largement communiqués. Mais soulignons qu’à l’instar de la Coupe du monde de foot ou du Tour de France, un tel événement sportif ne peut pas ne pas avoir un impact écologique énorme. Avec des millions de personnes qui se déplacent, c’est inévitable et sans doute le prix à payer pour de tels événements populaires. C’est plutôt la logique inflationniste du CIO qui pose question.

Plus haut, Plus fort… Plus dépensier !… au détriment de l’environnement

Nous n’avons pas la place de nous étendre ici, mais résumons. Le CIO est un organe auto-gouverné, une « organisation internationale non gouvernementale à but non lucratif »privée. Il n’est soumis qu’à la seule juridiction du canton de Genève et est composé d’une grosse centaine de « membres », qui président comme ils l’entendent aux destinées d’un événement qui a pris au fil du temps une importance planétaire majeure.

Organe opaque, souvent soupçonné de dérives éthiques, le CIO a profité du succès incomparable des Jeux pour accroître son pouvoir. Comment ?

Jaques Rogues préside le CIO jusqu'en 2013

En imposant aux pays candidats à l’organisation des Jeux des cahiers des charges de plus en plus imposants. Pour l’emporter, les candidats ont surenchéri en matière de stades, de villages olympiques, de piscines, de nouvelles routes, de nouveaux métros, d’extensions d’aéroports, de dispositifs de sécurité, de cérémonies de clôture ou de fermeture à grand spectacle… Bref, le CIO pousse à la surenchère.

Aucune instance n’a d’emprise sur le CIO pour lui rappeler que ce n’est pas le seul intérêt des Jeux et de ses propres membres qui est désormais en jeu. Résultat, aucune candidature proposant des Jeux modestes, sobres ou sans dépenses d’infrastructures majeures n’a de chance d’être sélectionnée. La Suisse qui aimerait organiser des Jeux à taille humaine pour les JO d’hiver de 2022 avec Saint-Moritz et Davos a bien peu de chance de réussir… contrairement au Qatar.

Et les enjeux sont tels que les soupçons de corruption refont régulièrement surface depuis 1998 (3). En 99, le club privé qu’est le CIO expulse déjà 6 de ses membres pour s’être laissé (trop visiblement) corrompre par les Organisateurs de la ville candidate de Salt Lake City. En 2001, nouveau et gros scandale de corruption qui pousse 3 membres dirigeants de fédérations sportives, dont Joao Havelange (4). Mais depuis fondamentalement, à Lausanne, siège du CIO, rien ne change et les Olympiades reste le jouet d’une confrérie. Les membres du CIO se cooptent, restent en place jusqu’à 80 ans et un dixième d’entre eux sont membres à vie… Entre sclérose, intérêts personnels et corruption, le CIO a du mal a se faire le parangon de la vertu olympique.

Aussi puissants que des chefs d’État

Voici l’extrait d’un article qui illustre bien ce pouvoir : « Inféodés aux sponsors, aux industriels – le Japonais Yoshiaki Tsutsumi, par exemple, qui fît venir les Jeux à Nagano en échange d’une contribution de 300 millions de francs à la construction du musée olympique –, les membres les plus influents du CIO se vantent souvent d’être aussi puissants que des chefs d’État. Ils ont en tout cas réussi à perpétuer, dans leur monde irréel fait de flatteries et de collusions, les pires erreurs des hommes politiques. Sans même avoir une once de leur légitimité« . (5)

Investir pour le développement économique

L’argument du CIO a longtemps séduit : en forçant les pays organisateurs à investir massivement pour accueillir les Jeux, le CIO les aide à relancer leur économie, ou à créer des infrastructures propres à leur avancement économique. De fait, les investissements sont tellement massifs qu’à court terme, l’inflation de dépenses crée un pic d’activités. Reste qu’investir dans des stades surdimensionnés pèse longtemps sur les finances publiques et est bien moins rentable qu’investir dans des écoles, des hôpitaux ou la recherche.

Londres 2012, des investissements massifs

C’est un des chantiers les plus complexes que l’Europe ait connu depuis longtemps : la mise sous terre de lignes à haute tension dans la vallée de la Basse Lea, dans l’est londonien1 qui a donné lieu à des chantiers d’ingénierie civile sophistiqués et au percement de tunnels. 10 puits et 13 km de tunnels ont été construits dans un sol très difficile, pour un coût total de 250 millions de Livres Sterling (320 millions d’Euros).

  • 1 million de Livres Sterling ont donc été investis annuellement entre 2006 et 2011 pour des projets souterrains visant à remettre en état les stations et à moderniser les rails, améliorant de ce fait la fiabilité et la qualité des déplacements.
  • En tout, ce sont 10 lignes de transport en commun qui desserviront le site du Parc Olympique, avec un train arrivant sur place toutes les 15 secondes. Pour conserver la plus modeste empreinte possible dans une région qui abrite de nombreuses richesses naturelles, la majeure partie des infrastructures de transport vers les sites olympiques seront construites en souterrain avec six ensembles de tunnels  – rail, route et galerie de service – totalisant environ 30 km.(6)

A l’heure de Rio+20, de la pénurie de ressources qui guette et du réchauffement climatique, c’est une vraie révolution copernicienne que les JO devraient accomplir pour se mettre à l’heure d’une « sobriété volontaire » qui les rendrait les moins gourmands possible en ressources.

Mais pour cela il faudrait que le CIO ne  modèle plus cet événement de dimension internationale selon la vision de quelques individus n’ayant de compte à rendre à personne. Des Jeux modestes seraient sans doute contraires aux intérêts de la machine à cash des JO : pour le CIO tout se vend et malheur à celui qui veut exploiter l’image des anneaux olympiques sans payer ! Les avocats du CIO veillent sur une rente qui dépend du gigantisme de l’événement.

*

Je veux témoigner

Mini sondage

Faudrait-il confier les Jeux Olympiques et le CIO à un organisme international reconnu comme l’ONU ?

(1) En garantissant les pratiques de gestion forestière durable, la certification PEFC permet d’assurer un accès pérenne à la ressource indispensable qu’est le bois en assurant son renouvellement. Elle intègre également le respect de ceux qui travaillent dans la forêt et la préservation de la biodiversité.
(2) Le rapport sur les Jeux de Londres a été co-écrit par le WWF et BioRegional (une entreprise sociale qui promeut le développement durable)
(3) « Le CIO à l’heure du scandale Le CIO a-t-il trop longtemps fermé les yeux sur des pratiques louches ? Les révélations de Marc Hodler ne sont que des confirmations » de Philippe Vande Weyer
(4) En 2001, Joao Havelange, Lamine Diack et Issa Hayatou respectivement ex-président de la FIFA, Président de la Confédération de Confédération de Football et Président de la Fédération Internationale d’Athlétisme, sont suspectés d’avoir reçu des pots-de-vin d’une société de marketing ISL. Ces pots-de-vin octroyés par ISL étaient faits dans le cadre des accords entre celle-ci et les fédérations respectives gérés par les trois accusés.
(5) voir l’article complet : CIO, le scandale de la corruption
(6)  source : L’Association Internationale des Tunnels et de l’Espace Souterrain (AITES)
– Autre source intéressante sur le sujet, l’étude de  Andrea Collins, Calvin Jones and Max Munday  : Assessing the environmental impacts of mega sporting events : Two options ? , in Tourism Management, vol. 30, n° 6, Dec. 2009)

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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

4 commentaires Donnez votre avis
  1. « Si le canoë en eau vive disparaissait des JO, ça ferait une économie importante ! « .
    Mais moi, j’aime le canoé en eau vive.
    Et la salle d’armes sur équipées qui ne servira plus jamais?
    Et les courses en ligne, car le bassin est aménagé pour?
    Et la gymnastique, car le gymnase sera démonté?
    Et les gradins, car ils ne serviront plus?
    Et si on supprimait carrément les JO?
    Là, ce serait une économie ! Mais que ce serait triste !
    Supprimer la fête par économie est le pire des raisonnements !

  2. Comme toujours, l’argent et la soif de gloire et de pouvoir domine le monde et peu importe les conséquences mais un jour ils devront payer l’addition !

  3. Foutaise ils nous enfument avec leurs con….

  4. Les emballages des MacTruc, gobelets divers, ils seront recyclés ou incinérés pour chauffer la City ? Les verres, c’est dangereux, ça casse. Les assiettes, c’est lourd.

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