Personne n’est ravi de faire face à une invasion de pucerons ou d’avoir à lutter contre les limaces dans son potager. La tentation de faire appel aux grands moyens, à savoir pulvériser des produits toxiques pour éradiquer l’espèce dans un périmètre acceptable pour nos cultures, est grande. Cette méthode est toutefois très contestable, d’autant qu’existent diverses astuces pour un jardin naturel. Si on veut conserver un jardin bio, et cultiver des légumes, par exemple, on pourra notamment utiliser des produits moins toxiques pour les sols comme le purin.
Vivre en harmonie avec les animaux au jardin : 18 auxiliaires qui participent à la lutte biologique et la vie du jardin
On peut également considérer que la majorité des êtres vivants du jardin ont leur place dans ce microcosme. Les traitements chimiques vont à l’encontre de cet équilibre, car ils perturbent l’intégralité de l’écosystème. Le résultat, paradoxal, est que le jardinier va devoir traiter plus souvent son jardin et donc appauvrir encore l’écosystème. Pour lutter contre les ravageurs, on préférera donc aider la lutte biologique naturelle.
Une première méthode consiste à introduire des mâles stériles de l’espèce qu’on souhaite combattre. On en lâche un nombre conséquent de manière à ce que les femelles puissent moins se reproduire. Sous serre, cette méthode est particulièrement efficace, mais en pratique, elle est plutôt utilisée pour faire disparaître une population dangereuse, comme des moustiques par exemple, que chez les particuliers.
Plus à la portée du jardinier que vous êtes, on peut également utiliser des animaux d’une autre espèce pour combattre un certain type d’insectes. En principe, les auxiliaires, comme on les appelle, s’installent naturellement au jardin, mais on peut participer activement à leur arrivée.
Pour cela on va favoriser l’apparition de certains animaux par des plantes par exemple, des nichoirs ou en construisant un hôtel à insectes, ou même en introduisant des espèces de manière un peu artificielle dans le jardin avant de voir l’équilibre se faire naturellement. La plupart du temps, ces animaux auxiliaires sont des insectes entomophages, des acariens entomophages ou des parasites.
Tous les animaux ne sont pas des prédateurs et il ne faut pas introduire que ces derniers au jardin. D’autres espèces vont participer à la préservation de la flore. On distinguera donc bien trois sortes d’auxiliaires, que nous présentons dans le reste de l’article :
- les décomposeurs, qui transforment les déchets végétaux et animaux en humus ;
- les pollinisateurs, qui favorisent la reproduction des plantes en transportant le pollen ;
- les prédateurs, qui mangent les ravageurs.
Voici donc 18 animaux auxiliaires très utiles au jardin.
1. La chrysope dans la lutte biologique
Prédateur – La chrysope commune (Chrysopa perla), que l’on appelle également « demoiselle aux yeux d’or » (Chrysoperla carnea) a un rôle très important à jouer en matière de lutte contre les pucerons. C’est essentiellement la larve qui nous intéresse ici, car elle est carnivore et se nourrit de pucerons.
Les femelles pondent des oeufs dès le début d’année, à la fin de l’hiver. Chaque larve va manger des centaines de pucerons avant d’atteindre l’état adulte.
L’insecte passe ensuite l’hiver dans des coins tranquilles de bâtiments non chauffés.
2. La coccinelle contre les pucerons
Prédateur – C’est un fait assez connu : la coccinelle est l’un des ennemis jurés des pucerons : chacune d’entre elles en mangeant plusieurs dizaines par jour. Leurs larves vont jusqu’à en manger 150, tandis que les adultes en mangent en général presque une centaine.
Elles sont actives durant le printemps et l’été.
Pour attirer les coccinelles au jardin, rien ne vaut la tanaisie, puisqu’elles adorent y pondre leurs oeufs. Vous pouvez aussi planter l’achillée.
3. Les abeilles aident le jardin bio
Pollinisateur – L’abeille aussi est un auxiliaire, mais son action porte sur la pollinisation, essentielle au jardin bio. Les abeilles sauvages vont s’installer dans des trous, qu’ils soient dans des arbres ou des roches. Il est également possible d’installer des ruches. Chaque essaim est une société.
Pour lui donner un coup de pouce, installez chez vous des vivaces et des arbustes à floraison précoce, comme le cornouiller mâle, le mahonia, les chèvrefeuilles d’hiver ou encore les bruyères…
4. Les guêpes dans la lutte biologique
Prédateur et pollinisateur – Le rôle des guêpes n’est pas de polliniser même si elles le font de manière occasionnelle. Pour les attirer, plantez des mellifères : fenouil, oeillets d’Inde, menthe ou encore camomille.
Hormis l’action de pollinisation, elles viennent tuer un bon nombre d’insectes. Certaines guêpes, plus petites que les autres, pondent leurs oeufs dans les chenilles et les pucerons.
5. Les vers de terre participent à la vie du jardin naturel
Décomposeur – Ces animaux ne sont pas très ragoûtants, mais ils ont une utilité que peu soupçonnent. En matière d’aération du sol, ils sont les plus forts, grâce aux galeries qu’ils creusent partout.
Les vers de terre se nourrissent des restes de végétaux et leurs déjections forment l’humus. S’il y a beaucoup de vers de terre, on a donc un sol de qualité.
Pour les attirer à un endroit, mettez un peu de vinaigre contre une bordure. À l’inverse, pour éviter de les blesser travaillez aux heures chaudes quand ils se cachent en profondeur où la température est plus fraîche.
6. Les libellules dans la lutte biologique
Prédateur – Malgré leur allure frêle, les libellules sont de redoutables prédateurs. Elles dévorent un nombre considérable d’insectes et de petits animaux comme les vers, les moucherons, les mites, les moustiques, ou encore les papillons…
La méthode la plus efficace pour les attirer est bien entendu de créer une mare naturelle au jardin.
7. Les oiseaux participent à la lutte biologique
Prédateur – Le jardinier craint parfois les oiseaux, car ils ont tendance à grignoter les graines en même temps que les insectes et les vers. En effet ce sont d’intéressants chasseurs pour le jardin ; des espèces comme le rouge-gorge sont particulièrement friands de limaces et de larves en tous genres.
Pour qu’ils continuent de fréquenter le jardin, mais touchent moins aux graines, plantez des arbustes à baies comme le sureau, qui combleront cette partie de leur alimentation.
8. Les sauterelles vertes dans la lutte biologique
Prédateur – Principalement carnivore n’est pas rare de surprendre cet insecte sur les légumes du potager, à la recherche de petites proies. C’est un excellent renfort pour les coccinelles et des syrphes.
Dotée d’une mâchoire puissante, elle n’hésite pas à chasser des larves de doryphore et des chenilles.
À la fin de l’été, la sauterelle pond ses oeufs dans la terre juste avant de mourir, mieux vaut donc ne pas travailler la terre là où ce n’est pas nécessaire afin de protéger leur descendance.
9. Les lézards des murailles dans la lutte biologique
Prédateur – Vous ne trouverez pas de lézards dans toutes les régions, mais dans les zones plus chaudes, on pourra compter sur eux pour s’installer sur les murailles et attaquer de petits insectes : mouches, chenilles, grillons, coléoptères, araignées, papillons…
Le lézard ne peut se passer de boire : pour son confort, pensez à laisser un point d’eau toujours accessible. Si vos murs sont en parpaings sans crevasses et que vous avez un chat, fixez des ardoises sur des tasseaux afin de procurer à vos lézards un abri contre leur ennemi mortel.
10. Le hérisson pour une lutte biologique très piquante
Prédateur – Le hérisson est en partie menacé en France à cause de la circulation routière, mais il reste un chasseur redoutable pour réguler les populations d’araignées, d’escargots, de vers, ainsi que pour terminer les carcasses d’animaux.
Si vous le voyez au jardin, surtout ne le chassez pas !
11. Les crapauds dans la lutte biologique
Prédateur – On aimerait vous dire que le crapaud peut se transformer en jardinier charmant, mais, à défaut, il fera un festin des limaces.
Évitez-donc de le chasser si vous le voyez et laissez-le faire son travail avant qu’il ne reparte repus.
12. Perce-oreilles et lutte biologique
Prédateur – Le perce-oreille est un chasseur de petits insectes. Il aime les acariens, mais également les pucerons et un peu tout ce qui traîne : comme le hérisson, il fera un festin de ce qui passe autour.
Toutefois, les jardiniers ne l’aiment pas toujours, car ayant un régime partiellement végétarien, il s’attaque aussi aux plantules, mis aussi les fruits bien mûrs, notamment les pêches, les abricots ou les prunes.
Astuce pour mieux utiliser les perce-oreilles au verger
Juste avant que les pêches, abricots ou prunes ou fruits à noyau n’arrivent à maturité, placer des pots remplis de paille retournés dans les arbres : les perce-oreilles vont s’y installer et il n’y aura alors plus qu’à les transférer sur les pommiers ou tout autre végétal parasité par les pucerons !
13. La syrphe participe à la lutte biologique
Prédateur et pollinisateur – Les syrphes font partie des butineurs, mais ce sont les larves qui vont nous intéresser le plus au jardin bio.
Si quelques espèces sont végétariennes ou nécrophiles, une majeure partie des larves de syrphes vont se délecter des pucerons et même les tuer sans les manger.
On attire les syrphes avec le fenouil, le persil, le cerfeuil ou encore la carotte et le céleri.
14. La chauve-souris est une bonne chasseuse
Prédateur – Si vous avez peur des chauves-souris, vous pourriez changer d’avis avec cette information : elles sont de véritables atouts contre les moustiques. Elles peuvent en avaler 600 par heure et mangent des milliers d’insectes par nuit.
Les chauves-souris seront naturellement attirées par votre habitat s’il y a un nombre conséquent d’insectes autour de chez vous.
Elles pourront également être tentées de rester s’il y a un abri ouvert et étroit ou des trous dans les arbres. On peut envisager de construire un nichoir dédié en bois.
15. Épeire et lutte biologique : ne chassez pas toutes les araignées !
Prédateur – Le mot « épeire » regroupe en réalité plusieurs araignées, qui vont réguler les populations de plusieurs ravageurs, qu’elles consomment vivants. Elles tissent des toiles, dans les feuillages, qui serviront essentiellement à capturer les insectes volants.
Pour les attirer, rien ne vaut des herbes hautes et des buissons.
16. L’aphidius, champion de la lutte biologique
Prédateur – Cette minuscule guêpe noire peut passer totalement inaperçue, pourtant c’est un allié de taille dans la lutte anti-pucerons. En effet, la femelle pond ses oeufs – plusieurs centaines – dans le corps des pucerons, à raison d’un oeuf par puceron. La larve consomme alors l’intérieur du puceron qui meurt au moment de la transformation de la larve en aphidius adulte.
Certaines espèces peuvent aussi parasiter les chenilles de la piéride du chou, les noctuelles, les pyrales du maïs, les chenilles mineuses des feuilles ou encore les aleurodes…
Pour les favoriser, laissez le maximum de pucerons et de chenilles sur des plantes qui ne craignent rien, et conservez des plantes sauvages.
17. Carabe et lutte biologique
Prédateur – Le carabe se reconnaît à son corps allongé et des reflets métalliques bleus, dorés ou de couleur pourpre. Cet auxiliaire court aussi bien sur le sol que dans les herbes, généralement la nuit, et se nourrit de limaces, d’escargots, ainsi que de vers et d’insectes variés.
Comme les syrphes, les carabes tuent un grand nombre de proies sans forcément les manger.
Les carabes aiment hiberner sous de vieilles souches : pour favoriser leur présence chez vous, vous pouvez en placer une un peu pourrie, partiellement enterrée, dans un coin du jardin.
18. Staphylin et lutte biologique
Prédateur et décomposeur – Le staphylin est carnivore adulte et à l’état de larve, se nourrissant de reste de matière organique et également d’acariens, d’asticots, de mouches, d’escargots, de limaces et de leurs oeufs, ou encore de cochenilles.
On peut l’attirer en lui ménageant des abris permanents, en évitant de trop nettoyer le jardin, et en couvrant la terre de paillis.
Article mis à jour et republié
Bonjour Alan
Au sujet du meilleur ami du jardinier, je recommande la lecture de :
Éloge du ver de terre, notre futur dépend de son avenir, de Christophe Gatineau, chez Flammarion.
Il ne faut pas oublier les travaux de Claude et Lydia Bourguignon qui ont révélé le rôle discret mais crucial du ver de terre dans leurs études des sols.
Cordialement