Connaissez-vous les sables bitumineux ? Non il ne s’agit pas de sable blanc et fin sur lequel on allonge nos serviettes pour bronzer en bord de mer mais tout simplement une source de pétrole de synthèse des plus polluantes et pourtant devenue la nouvelle star des industries pétrolières.
Les sables bitumineux, nouvel eldorado pétrolier
Avec la hausse du prix du pétrole, leur exploitation a en effet explosé ces dernières années, avec aujourd’hui plus d’un million de barils de pétrole produit par jour à partir des sables bitumineux.
Et les conséquences sont désastreuses : outre le dégagement d’importantes quantités de gaz à émissions de serre, cette production de « pétrole sale » entraîne une pollution et une déforestation massives qui semblent inexorables.
Le Canada, nouvel émirat pétrolier
Les deux plus importants gisements de sable bitumineux au monde se trouvent dans le bassin du fleuve d’Orénoque au Venezuela mais surtout en Alberta (Canada) au sud du bassin du Mc Kenzie
En effet cette province canadienne comprendrait le 2 ou 3ème gisement pétrolier au monde après l’Arabie Saoudite permettant au Canada de devenir le premier fournisseur de pétrole brut des États-Unis et sur lequel se ruent tous les plus grands pétroliers depuis quelques années : Exxon, Total, Chevron, Shell, BP, ou encore les industriels chinois CNOC et Sinopec… Personne ne manque à l’appel !
Ainsi la production de pétrole issue des sables bitumineux devrait doubler, voire même quadrupler au cours des prochaines décennies : aujourd’hui 1,3 million de barils par jour sont produits à partir de sables bitumineux, et pour 2030, l’industrie espère pouvoir augmenter la production de 3 à 5 millions de barils. Un véritable désastre pour la planète…
Les sables bitumineux, la ruée au pétrole sale
Un nouveau rapport de Greenpeace sur l’exploitation de sables bitumineux de l’Alberta parle ainsi de déséquilibre du climat à venir dû à l’expansion de ce pétrole sale. Il souligne également que les exportations d’énergie vers les États-Unis et l’exploitation des sables bitumineux ont fait du Canada l’un des pays industrialisés les plus énergivores et les plus carbo-intensifs du monde, rappelle l’auteur du rapport.
En effet la production de sables bitumineux engendrait 5 fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole ordinaire mais est aussi à l’origine de la pollution de rivières et d’une déforestation à grande échelle :
- Les installations d’exploitation des sables bitumineux consomment une énorme quantité d’eau qui devient contaminée et qui doit être stockée dans d’immenses réservoirs de résidus.
- Les sables bitumineux de l’Alberta se trouvent à une profondeur de plus de 50 m sous une grande forêt boréale (faune et flore). Il faut donc abattre les arbres, puis enlever une épaisseur de sol de plus de 50 m pour arriver aux sables bitumineux. La destruction de la forêt boréale et de son sous-sol entraîne la libération de méthane (CH4) et de CO2 enfouis dans les tourbières.
- L’extraction du pétrole des sables bitumineux engendre la pollution de l’eau et de l’air également par le dioxyde de soufre (SO2), responsable des pluies acides et de l’acidification des cours d’eau, des lacs et des forêts.
Les sables bitumineux en quelques mots
- Les sables bitumineux (ou bitumeux) sont un mélange de bitume brut, c’est-à-dire une forme semi-solide de pétrole brut, de sable, d’argile minérale et de l’eau.
- Les sables bitumineux sont sous la forme de sable enrobé d’une couche d’eau sur laquelle se dépose la pellicule de bitume.
- Or le bitume est un mélange très toxique, composé de soufre, métaux lourds, paraffine, carbone résiduel, …
Greenpeace en première ligne, Total en première cible
Pour dénoncer ce qu’elle appelle un « crime climatique », l’ONG Greenpeace s’est lancée dans une campagne contre ce pétrole non conventionnel, multipliant les actions sur le terrain (occupation de raffineries) et sur internet.
Ainsi Greenpeace appelle à diffuser une vidéo intitulée « Total invente la destruction durable« , nous rappelant que le groupe Total a déjà investi plus de 12 milliards de dollars en Alberta et prévoit d’investir 16 milliards de dollars dans les dix années à venir, avec pour objectif que 10 % de sa production de pétrole provienne de l’exploitation des sables bitumineux..
les sables bitumineux sont sales